Abonnez-vous à Universalis pour 1 euro

PLATEAU DE BURE INTERFÉROMÈTRE DU

Le projet Noema

Le fonctionnement en réseau d’antennes (radiotélescopes) est un des modes les plus performants pour la radioastronomie. Il permet d’augmenter facilement la surface collectrice totale et surtout d’atteindre une résolution angulaire (capacité à distinguer des détails dans l’image) équivalente à celle d’un télescope géant qui aurait pour diamètre celui de la région où sont distribuées les antennes (1 600 m pour Noema). Toutes les antennes sont dirigées vers le même point du ciel et leurs signaux sont transmis à un superordinateur central, appelé corrélateur, qui combine leurs interférences pour reconstituer une image à haute résolution de la région observée.

Noema s’appuie sur l’expérience de l’Institut de radioastronomie millimétrique (Iram), organisme international de recherche (au sein duquel collaborent trois pays : la France, l’Allemagne et l’Espagne) qui a construit et gère l’interféromètre de l’observatoire du plateau de Bure. Ce site de haute montagne, perché à 2 552 mètres d’altitude, reste difficile d’accès et d’exploitation en conditions hivernales. Il a été le lieu de deux terribles accidents en 1999 (chute de la cabinedu téléphérique permettant d’accéder à ce site ; crash d’un hélicoptère assurant ensuite le transport vers l’observatoire) qui ont fait vingt-cinq victimes.

Observatoire de Bure : évolution de la sensibilité de l’interféromètre  - crédits : Encyclopædia Universalis France

Observatoire de Bure : évolution de la sensibilité de l’interféromètre 

La première version de l’interféromètre du plateau de Bure a été progressivement mise en service à partir de 1988, devenant totalement opérationnelle (avec ses six antennes de 15 m de diamètre) en 2002. Grâce à cet instrument, l’Iram est resté leader de la radioastronomie millimétrique mondiale, jusqu’au démarrage d’ALMA en 2011. Les résultats obtenus par l’interféromètre de Bure ont joué un rôle clé dans la décision de construire ALMA. Noema s’inscrit dans la ligne de progression des performances de l’interféromètre de Bure dont la sensibilité a pratiquement doublé tous les quatre ans entre 1990 et 2010 avec la mise en service successive d’antennes supplémentaires et l’amélioration substantielle de ses récepteurs. Noema connaîtra ce rythme de croissance jusqu’en 2020, en gagnant un nouveau facteur 5 en sensibilité (25 en vitesse d’observation) grâce à la combinaison de divers développements : doublement du nombre d’antennes, passant de six à douze (la première des six nouvelles ayant été inaugurée en septembre 2014) ; quadruplement de la largeur de la bande de fréquences observables, portée à 32 gigahertz (le double d’ALMA) ; nouveaux corrélateurs capables de tirer parti de toute l’information recueillie par le nouveau système. En outre, la ligne de base où peuvent se déplacer les antennes sur des rails va être doublée et étendue à 1 600 mètres, ce qui portera la résolution angulaire à 0,15 seconde d’arc pour une longueur d’onde de 1,2 millimètre (résolution correspondant à un petit pois à 10 km). Avec un tel saut en performances (dont une bonne partie en 2017), on peut parler d’un nouvel instrument, ce qui justifie le changement de nom de cet interféromètre du plateau de Bure, désormais appelé Noema.

La suite de cet article est accessible aux abonnés

  • Des contenus variés, complets et fiables
  • Accessible sur tous les écrans
  • Pas de publicité

Découvrez nos offres

Déjà abonné ? Se connecter

Écrit par

  • : directeur de recherche émérite au CNRS

Classification

Médias

Observatoire du plateau de Bure : Noema - crédits : IRAM

Observatoire du plateau de Bure : Noema

Galaxie des Chiens de chasse (M51) - crédits : Jérôme Pety/ IRAM

Galaxie des Chiens de chasse (M51)

Observatoire de Bure : évolution de la sensibilité de l’interféromètre  - crédits : Encyclopædia Universalis France

Observatoire de Bure : évolution de la sensibilité de l’interféromètre 

Autres références

  • ALMA (Atacama Large Millimeter/submillimeter Array)

    • Écrit par
    • 2 129 mots
    • 5 médias
    ...d'instruments permit de découvrir les propriétés des nuages de gaz et de poussière formant le milieu interstellaire. Les interféromètres du plateau de Bure dans les Alpes françaises (I.R.A.M.), de Nobeyama au Japon, d'Owens Valley en Californie révélèrent la chimie complexe de ces nuages et la diversité...