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INTÉRIEUR (M. Maeterlinck)

Après avoir fait connaître de nombreux auteurs contemporains, de Marguerite Duras à Edward Bond, Harold Pinter ou Peter Handke, Claude Régy trouve en 1985, à travers sa rencontre avec Maurice Maeterlinck (1862-1949), matière à nourrir et développer sa recherche théâtrale. Elle se nourrit surtout d’un rejet du naturalisme, dans une forme de radicalité qui se libère des poncifs dramatiques et psychologiques du théâtre. Pour lui, l’essentiel ne tient pas tant à la représentation plus ou moins signifiante d’un texte, mais constitue une plongée au plus profond des zones d’ombre et des tensions de l’écriture dramatique. « Ce qui m’importe, déclare-t-il, c’est de retrouver la nappe souterraine qui a, en fait, suscité l’écriture. Et que cette nappe puisse se répandre dans l’imaginaire des spectateurs ». Pour y parvenir, Claude Régy met en place une esthétique théâtrale minimaliste et un étirement temporel qui conditionnent le jeu des comédiens. Au fil de ses créations, de telles options se sont affirmées comme en témoignent ses mises en scène de textes de Grégory Motton, Jon Fosse, et de l’écrivain norvégien Tarjei Vesaas (1897-1970) pour deux « adaptations » de ses romans, Brume de Dieu (2010) et La Barque le soir (2012). Dans cette dernière, qui évoque la dérive d’un homme à demi noyé, Claude Régy fait du lent cheminement vers la mort une navigation poétique. « C’est une aventure du corps et de l’esprit, une expérience à l’extrême du vivant, dans le moment infiniment dilaté de sa rupture. La dilatation permet l’observation au-delà même du savoir. Et Vesaas laisse de grands espaces de liberté où peuvent jouer les clés secrètes de notre conscience ».

Retour à Maeterlinck

<em>Intérieur</em>, de Maurice Maeterlinck. - crédits : K. Miura/ Festival d'Automne à Paris, 2014

Intérieur, de Maurice Maeterlinck.

En 2014, dans le cadre de la 68e édition du festival d’Avignon, puis dans celui du festival d’Automne, à la Maison du Japon, Claude Régy renoue avec Maeterlinck dans des conditions particulières. Invité par le directeur et metteur en scène Satoshi Miyagi au Shizuoka Performing Arts Center de Toga, pour une mise en scène avec des comédiens japonais, il choisit de reprendre Intérieur, de Maeterlinck. Il procède alors à une recréation très différente de la version de 1985, mais avec la même sensibilité et toujours à l’écoute d’un auteur qu’il vénère, dont il a aussi montéLa Mortde Tintagiles en 1996. Deux pièces inscrites dans la trilogie de ses « petits drames pour marionnettes », auxquelles Maeterlinck envisageait de substituer les acteurs pour mieux traduire le symbolisme de ses œuvres. Datée de 1894, Intérieur se construit autour d’une histoire simple. À l’extérieur d’une maison, un vieil homme et un étranger sont chargés d’informer la famille qui l’occupe de la mort de l’une de ses filles retrouvée noyée dans un fleuve. Le temps semble suspendu. Comment révéler cette tragique nouvelle, alors que déjà s’avance le cortège funèbre des villageois portant le corps de la jeune fille ? Quels effets va engendrer ce drame qui constitue un cheminement entre la perte et le deuil ?

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<em>Intérieur</em>, de Maurice Maeterlinck. - crédits : K. Miura/ Festival d'Automne à Paris, 2014

Intérieur, de Maurice Maeterlinck.