INTERVENTION DE L'ÉTAT, économie
Économie publique
D'un point de vue normatif, d'abord, l'économie publique traite de la définition même du rôle de l'État : comment définir ses objectifs, quelles sont les justifications de son intervention dans l'économie ? D'un point de vue positif, ensuite, elle analyse les instruments de cette intervention et leurs effets sur l'économie. Dans cette perspective, elle utilise les avancées de la « théorie des incitations » et, plus généralement, de la théorie des jeux. Comme discipline, enfin, l'économie publique fait l'objet de nombreuses applications empiriques dans les secteurs des transports, de l'environnement, de la santé ou des télécommunications, où elle a permis des avancées importantes en matière de tarification, de concurrence ou de réglementation. En revanche, et conformément à la tradition, l'économie publique, qui relève de la microéconomie, ne traite pas des instruments spécifiquement macroéconomiques de l'État, qui restent du ressort de la politique économique.
Raisons d'être et modalités de l'intervention de l'État
Efficacité et redistribution
Dans une vision minimaliste, la seule fonction de l'État serait de protéger l'individu contre la violence. L'État n'est nécessaire que parce qu'il permet d'échapper à la loi de la nature où les droits des autres ne sont pas suffisamment reconnus. En garantissant juridiquement les contrats, l'État permet d'instaurer la confiance entre les individus, ce qui favorise la coopération.
L'économie publique va bien au-delà en associant à l'intervention de l'État deux grandes justifications : l'efficacité et la redistribution.
En proposant une modélisation rigoureuse du fonctionnement du marché, la théorie de l'équilibre général a constitué l'une des avancées les plus significatives dans l'histoire de la pensée économique. Un de ses résultats fondamentaux concerne l'efficacité au sens de Pareto : si le marché fonctionne parfaitement, il n'existe pas, une fois que le système des prix s'est ajusté de manière à égaliser offres et demandes, de possibilité d'échange volontaire mutuellement profitable. En ce sens, le marché débouche sur une utilisation efficace des ressources sans gaspillage.
Malgré son intérêt conceptuel de premier plan, il est vite apparu que cette théorie offrait une description assez pauvre de la réalité. Plusieurs des hypothèses qui la fondent et qui garantissent l'efficacité du marché peuvent être mises en cause. Ainsi, les agents sont supposés avoir un comportement naïf face au marché : ils réagissent au système de prix sans soupçonner que leur comportement influence les équilibres. Or, dans la réalité, certains agents – des entreprises par exemple – ont une taille suffisante pour peser sur les prix. De plus, on admet que les rendements sont décroissants, que tous les biens sont des biens privés et que tous les marchés sont ouverts. Enfin, l'information est supposée parfaite et partagée par tous les agents, alors qu'il est clair que le fait de disposer d'une information privilégiée donne un avantage stratégique que les agents essaient d'utiliser en leur faveur. Lorsque ces hypothèses ne sont plus vérifiées, la concurrence ne conduit plus nécessairement à l'efficacité. La première justification de l'intervention publique dans l'économie correspond alors au traitement de ces inefficacités.
La seconde justification concerne l'objectif de redistribution. En effet, même si le marché était efficace, rien ne garantirait qu'il permette de réaliser un état souhaitable du point de vue de l'équité, dans lequel, par exemple, chaque citoyen serait assuré d'un niveau de vie minimal. La concurrence est un mécanisme incitatif qui pousse[...]
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Écrit par
- Dominique HENRIET : professeur des Universités, université de la Méditerranée
- André PIETTRE : membre de l'Institut, professeur honoraire à l'université de Paris-II
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