INTOXICATIONS
Traitement actuel des intoxications aiguës
Quelle que soit l'origine de l'intoxication, il faut, dans la mesure du possible, éviter que celle-ci ne s'installe ou ne s'aggrave. Quelques gestes simples, mais nullement anodins, méritent d'être connus. L'intoxication pouvant survenir par plusieurs voies, on envisagera chacune d'elles brièvement.
Traitement de décontamination
Lorsqu'il s'agit de projection sur les téguments, il faut laver à grande eau courante. En cas d'inhalation, il est nécessaire de soustraire le malade à l'atmosphère viciée, sans oublier toutefois de munir les sauveteurs de moyens de protection efficace. En cas d'absorption, on évacuera le contenu gastrique le plus rapidement possible par trois moyens : vomissements, lavage d'estomac, diarrhée provoquée. Or, c'est ici que les indications du traitement évacuateur doivent être judicieuses sous peine de conséquences graves. En effet, il existe des produits, en particulier ceux qui sont corrosifs, pour lesquels un deuxième passage dans les voies digestives supérieures, même dans un but évacuateur, peut aggraver les lésions initiales. Ils contre-indiquent donc formellement les vomissements provoqués et le lavage d'estomac. D'autres produits, tel le pétrole, risquent de passer de façon même minime dans l'arbre bronchique, et créer une infection parfois redoutable ; ils entraînent donc la même interdiction.
Lorsqu'il est permis, le lavage d'estomac doit être pratiqué avec un tube de gros diamètre, par un personnel entraîné. Il est formellement contre-indiqué pour soigner des victimes somnolentes, a fortiori comateuses, pour éviter les fausses routes et l'asphyxie ; il peut être cependant exécuté à l'hôpital, en présence d'un anesthésiste, lorsqu'un sonde endotrachéale à ballonnet étanche a été mise en place. Pour certains toxiques particulièrement dangereux, le liquide total de lavage (eau plus chlorure de sodium) peut atteindre vingt à quarante litres. Le lavage d'estomac est donc à proscrire en cas d'ingestion de produits caustiques, prise de produits moussants, absorption d'essence ou de pétrole, somnolence ou coma, agitation ou convulsions, et pour les enfants de moins de deux ans.
Traitement antidotique
Contrairement à l'opinion commune, il n'y a pas d'antidote universel, et il existe peu de toxiques à l'encontre desquels il y a un antidote utilisable (une dizaine tout au plus). Par suite, certains gestes sont à éviter, comme l'absorption de lait, certes utile en cas d'hypocalcémie, mais pouvant augmenter, contrairement à l'effet recherché, l'absorption digestive des toxiques liposolubles. Des antidotes spécifiques peuvent être élaborés sur le modèle des antitoxines, que développent les malades atteints de maladies infectieuses toximogènes, comme le tétanos. L'intoxication par la digitaline ou par la colchicine ont pu être traitées de cette manière. Une autre méthode spécifique consiste à insolubiliser le produit toxique (s'agissant d'un sel métallique) : on emploie des agents appelés chélateurs comme le BAL (dimercaprol) dans le cas du mercure ou du plomb ou la défériprone, dans le cas du fer, dont l'accumulation bloque les mitochondries de cellules cérébelleuses chez des malades atteints par une pathologie génétique appelée maladie de Friedreich.
Traitement symptomatique de réanimation
Dans tous les cas où un antidote n'existe pas, la thérapeutique des intoxications se limite à un traitement symptomatique dans le but de conserver l'équilibre des fonctions végétatives pendant l'action du ou des poisons.
Réanimation respiratoire
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Écrit par
- Jacques-Robert BOISSIER : professeur à la faculté de médecine de Paris
- Claude PIVA : docteur en pharmacie.
Classification
Médias
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