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INTRODUCTION À L'ÉTUDE DE LA MÉDECINE EXPÉRIMENTALE (C. Bernard)

L’Introduction à l’étude de la médecine expérimentale est une œuvre importante de méthodologie scientifique publiée en 1865 par Claude Bernard, professeur au Collège de France, considéré comme le fondateur de l’école de physiologie française. De manière assez paradoxale, l’Introduction a d’abord été commentée et critiquée par le monde littéraire et philosophique – ce qui a permis d’ouvrir à son auteur les portes de l’Académie française –, pour son style entièrement subordonné à la clarté d’exposition des idées, bien que celles-ci soient complexes et parfois, en apparence, contradictoires.

En raison de différends entre Claude Bernard et certains médecins au sujet de l’expérimentation en médecine, l’Introduction ne fut que tardivement considérée comme un manifeste de la méthode expérimentale en biologie. Elle fut longtemps mal comprise, peu lue en réalité, et souvent simplement associée à la figure devenue mythique de son auteur dans les cercles scientifiques. Pour l’historien des sciences, cet ouvrage est représentatif d’un moment de la méthodologie des sciences du vivant au xixe siècle, rapidement dépassée sur certains points, mais dont l’analyse historique révèle des aspects tout autres que ceux habituellement évoqués.

Genèse et publication de l’Introduction

Musée Claude-Bernard, Saint-Julien-en-Beaujolais, Rhône - crédits : Musée Claude Bernard

Musée Claude-Bernard, Saint-Julien-en-Beaujolais, Rhône

La légende veut que l’Introduction ait été d’abord rédigée secrètement dans le calme d’une retraite forcée de Claude Bernard dans son village natal de Saint-Julien-en-Beaujolais, pendant sa maladie. À l’automne de sa carrière scientifique, le sage expérimentateur aurait consigné le fruit de ses méditations, donnant ainsi naissance à un nouveau Discours de la méthode qui lui aurait ouvert les salons parisiens, la cour impériale, l’Institut de France, le Sénat et accordé la gloire éternelle. Toutefois, les analyses critiques de l’œuvre bernardienne par Schiller, Canguilhem, Grmek, Holmes et Dagognet ont donné une représentation de Claude Bernard plus réaliste et plus digne de reconnaissance.

Dès le début des années 1860, Claude Bernard est atteint de la maladie qui finira par le terrasser en 1878 ; il n’assure plus ses cours et ne publie plus. Même si sa nomination à l’Académie de médecine est retardée par des différends avec le milieu hospitalier, il est au sommet de sa gloire scientifique, ses plus grandes découvertes sont réalisées et publiées. Il est membre de l’Académie des sciences, détenteur de la Légion d’honneur et son école de physiologie prospère.

Claude Bernard a construit son œuvre à partir de la méthode de son maître François Magendie, mais en en modifiant la rationalité scientifique par l’importance grandissante, et paradoxalement considérée comme éphémère, accordée à l’hypothèse et à sa vérification expérimentale. Il a commencé à formuler ces idées dès ses premiers cours comme suppléant de son maître au Collège de France, en introduisant des notions de méthode étayées par des exemples scientifiques. L’Introduction récapitule cette expérience de recherche et d’enseignement dans sa troisième partie, explicite des conseils plus généraux dans la deuxième partie, pour rassembler les éléments d’une rationalité scientifique dans une première partie, ce qui justifie le conseil de Canguilhem de lire l’Introduction en commençant par la fin.

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Musée Claude-Bernard, Saint-Julien-en-Beaujolais, Rhône - crédits : Musée Claude Bernard

Musée Claude-Bernard, Saint-Julien-en-Beaujolais, Rhône