IODE
Isotopes
L' iode, élément lourd, ne compte pas moins de 37 isotopes, dont un seul, 127I, est stable. Certains, comme 131I, servent de traceurs en médecine. Pénétrant dans les cellules thyroïdiennes, ce dernier effectue une radiothérapie endogène, ou seulement une exploration d'éventuelles tumeurs par scintigraphie. Autre isotope important pour ses applications, 129I ressemble à 36Cl. Halogène soluble, rencontré le plus souvent sous forme d'anion iodure I–, il est produit par cosmogenèse ou par des réactions thermonucléaires. De même que pour 36Cl/Cl, les rapports 129I/I sont normalement très faibles dans la nature, entre 10–10 et 10–14. Mais les essais nucléaires des années 1960 et 1970 ont augmenté ce taux jusqu'à 10–7. La détection de cet isotope sert ainsi de signature des explosions thermonucléaires. De plus, 129I est un produit des fissions nucléaires de l'uranium et du plutonium, qu'il s'agisse de roches dans le sous-sol ou de réacteurs nucléaires. L'industrie et les armes nucléaires ont augmenté la quantité de 129I bien au-delà de son ancienne existence naturelle. Lors de l'accident de Tchernobyl, un suivi de ce même isotope dans les eaux de pluie servit à évaluer l'ampleur des retombées radioactives. Or il diffère de 36Cl par une demi-vie plus longue, 15,7 millions d'années au lieu de 0,301 million d'années. De plus, il est fortement biophile, pénétrant dans la biosphère où on le retrouve incorporé à la végétation, aux sols, aux tissus animaux, dans le lait, etc. Ce même isotope 129I revêt un grand intérêt géochimique. Lorsque le système solaire se forma à partir d'une nébuleuse primitive, la désintégration radioactive de 129I fournit 129Xe, un isotope stable. Sa présence en excès dans les météorites est la trace des supernovae à l'origine du nuage de gaz et de poussières à partir duquel naquit le système solaire. 129I fut le premier radionucléide à présence attestée dans le système solaire primitif. Son déclin radioactif est à la base d'une méthode de datation iode-xénon, applicable aux premiers 50 millions d'années d'existence du système solaire.
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Écrit par
- Pierre LASZLO : professeur honoraire à l'École polytechnique et à l'université de Liège (Belgique)
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