DOMBROVSKI IOURI OSSIPOVITCH (1909-1978)
Arrêté et déporté à cinq reprises à partir de 1932, Iouri Dombrovski totalise, à sa libération définitive en 1957, presque un quart de siècle de bagne ou de relégation. Réhabilité, il vient s'installer à Moscou, où il publie, en 1959, son premier roman, Le Singe à la recherche de son crâne, puis, en 1964, Le Conservateur des antiquités. Livre d'apparence insolite, parce que chiffré comme un message, où, dans une ambiance parfois presque onirique, l'autobiographie dérape sans cesse sur la digression historique, Le Conservateur des antiquités, réquisitoire éloquent contre le despotisme, est un des romans les plus forts de la littérature soviétique. Dans La Faculté de l'inutile (1978), nous retrouvons le héros du Conservateur des antiquités, aux traits largement autobiographiques. Arrêté, il résiste à l'arbitraire (car le droit est, dans cette société, devenu cet « inutile » dont parle le titre) dans une sorte de duel dont il sortira, malgré tout, vainqueur. Jean Cathala a su résumer la portée de ce roman : « Dombrovski a bâti une œuvre monumentale : un panorama de l'univers carcéral et concentrationnaire qui montre aussi l'appareil de répression policière dans son fonctionnement quotidien ; la fresque d'une société schizophrénique, pourrie par l'idolâtrie et par la délation ; une analyse du stalinisme en tant que destruction des valeurs multimillénaires de la culture ; et une leçon de délivrance à partir d'une méditation poignante sur la Passion du Christ. Roman de l'horreur et du pardon, roman rigoureusement historique où Jésus a même réalité que Staline, ses victimes et leurs bourreaux, roman de la misère et de la grandeur du roseau pensant, La Faculté de l'inutile a une résonance universelle. »
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Écrit par
- Jean CATHALA : journaliste
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