IPHIGÉNIE À AULIS, Euripide Fiche de lecture
Des grands tragiques grecs, Euripide (480 env.-406 av. J.-C.) est sans doute celui qui a le plus nettement contribué au renouvellement du genre. Iphigénie à Aulis est sa dernière pièce, l'ultime tragédie qu'il composait lorsqu'il mourut en 406 avant J.-C. Comme Antigone, Iphigénie est une de ces figures universelles qui incarnent le conflit entre la sensibilité individuelle et la raison d'État ou la décision divine. Comme Antigone, elle a inspiré d'autres écrivains, notamment Racine en 1674 ou Goethe en 1786, dont le drame se situe dans le sillage d'une autre pièce d'Euripide, très proche, Iphigénie en Tauride.
Le sacrifice d'Iphigénie
Sur les bords de l'Euripe, à Aulis en Béotie, les Grecs attendent qu'en échange du sacrifice d'Iphigénie promis par son père, le roi Agamemnon, selon les prédictions du devin Calchas, une brise salutaire se lève et gonfle les voiles de la flotte immobilisée qui doit se diriger vers Troie. Ainsi le veut l'oracle consulté par le devin Calchas. Le but de la guerre en cours est de rendre Hélène à Ménélas.
Dans le prologue qui précède le chant d'entrée du chœur, Agamemnon, plein de remords, s'entretient avec un vieillard, un esclave digne de sa confiance, qu'il charge de porter un message à Iphigénie afin de la dissuader de venir : il a convié en effet celle-ci à se rendre auprès de lui, mais sous prétexte de la marier au valeureux Achille, fils de la nymphe Thétis, roi de la peuplade des Myrmidons en Thessalie. Le premier chœur décrit cet épisode.
Or Ménélas vient d'intercepter le message destiné à Iphigénie et y voit une véritable trahison. D'abord sous l'emprise de la colère, il se laisse peu à peu apitoyer par la douleur d'Agamemnon. Mais Iphigénie arrive bientôt, accompagnée de sa mère, la reine Clytemnestre, toutes deux convaincues d'être venues pour la célébration du mariage de la jeune fille avec Achille. Celui-ci est indigné que l'on ait abusé de son nom, et le vieux serviteur révèle le sinistre projet d'Agamemnon : Iphigénie doit mourir. Elle n'a sur les lèvres que de filiales supplications. Prières inutiles, puisqu'il faut se soumettre à l'oracle et qu'Achille lui-même est impuissant à retenir l'armée mutinée. Alors qu'elle vient d'être emmenée pour le sacrifice, nous apprenons que, au moment où elle allait mourir sous le couteau du devin Calchas, Artémis lui a substitué une biche : « Quelle est alors la joie de Calchas qui s'écrie :/ „Chefs de l'armée des Grecs confédérés,/ voyez cette victime que la déesse a mise sur l'autel./ C'est une biche des montagnes,/ qu'elle veut recevoir de préférence à la jeune fille/ pour ne pas souiller son autel de ce sang généreux“. »
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Écrit par
- Florence BRAUNSTEIN : professeur en classes préparatoires économiques et scientifiques
Classification
Média
Autres références
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EURIPIDE (env. 480-406 av. J.-C.)
- Écrit par Édouard DELEBECQUE
- 4 634 mots
- 2 médias
...grandiose sur les cultes orgiastiques et la religion de Dionysos, ce dieu qui vient de l'Orient. Il chante sa délivrance dans le drame sacré des Bacchantes. Il exprime le même soulagement, renforcé par l'éloignement de la foule, dans la plus racinienne de ses pièces, Iphigénie en Aulis, où le penseur...