IRAK EL-ARABI
Expression arabe médiévale, l'Irak el-Arabi désigne la basse Mésopotamie et s'oppose à l'Irak el-Adjami (l'Irak persan), qui correspond à l'Iran occidental (l'ancienne Médie). La basse Mésopotamie constitue la partie méridionale de l'Irak actuel. Elle est entièrement dominée par la dynamique du Tigre et de l'Euphrate : à partir de la latitude de Bagdad, les deux grands fleuves coulent rapprochés l'un de l'autre, suivent un tracé indécis, changent parfois de lit, se déversent dans d'immenses lacs ou marécages avant de se rejoindre pour former le Shaṭṭ al-‘Arab ; celui-ci reçoit le Karoun descendu des montagnes d'Iran, avant de se jeter dans le golfe Persique. L'ensemble est resté longtemps sous la menace d'inondations catastrophiques provoquées par les crues ou les divagations de ces deux fleuves. Tout au long de l'histoire, il apparaît clairement que la prospérité économique et le peuplement de la région ont subi des fluctuations marquées, selon que les fleuves étaient maîtrisés et l'irrigation développée ou que les digues et les canaux étaient dans un mauvais état. Ainsi, la maîtrise progressive des eaux permit l'épanouissement des civilisations sumériennes et babyloniennes et renforça la puissance des États persans établis à la fois sur l'Irak el-Arabi et l'Irak el-Adjami. La grande inondation de 629, provoquant l'extension formidable des grands marais et affaiblissant l'occupation humaine, favorisa la conquête arabo-musulmane. Cependant, la maîtrise des eaux restait suffisante pour permettre l'épanouissement de l'Empire abbasside. Le déclin irrémédiable date de l'invasion mongole du xiiie siècle, qui désorganisa le système d'irrigation. Les nomades devinrent prépondérants et l'agriculture fut réduite à une zone discontinue de palmeraies le long des cours d'eau. Ainsi, l'occupation humaine de l'Irak el-Arabi ne porte pas la marque d'un enracinement séculaire comme dans l'Égypte nilotique : l'antagonisme entre le désert et la zone cultivée est resté longtemps peu apparent, l'impression dominante étant celle d'une très grande précarité des liens entre l'homme et le sol qu'il cultive. Cet état de chose a commencé à être modifié à partir de 1880 : de grands travaux (barrages, canaux, digues) ont réduit le danger des inondations et permis une extension de la zone irriguée, la diversification et l'intensification des cultures. Depuis 1993, l'assèchement des marais est en cours. La population de la basse Mésopotamie, atteinte par l'exode rural, est en majorité musulmane shī‘ite. Entre Bagdad et Bassora se sont développés des centres administratifs et des marchés agricoles (Kout, Amara, Hilla, Diwaniya, Koufa, Samawa, Nassiriya) ainsi que des centres de pèlerinage shī‘ites (Kerbela et Nadjaf).
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jean-Marc PROST-TOURNIER : agrégé de l'Université, professeur à l'Institut de géographie du Proche et Moyen-Orient, Beyrouth
Classification
Autres références
-
DJEBĀL
- Écrit par Jean CALMARD
- 252 mots
Le terme de Djebāl (ou Djibāl, pluriel de l'arabe djabal, montagne ou colline) est employé par les Arabes pour désigner deux régions différentes.
D'une part, ils dénomment ainsi l'ancienne Médie (Māda, Māh) qu'ils appelèrent aussi ‘Irāk ‘Adjamī, c'est-à-dire l'...