- 1. Géographie
- 2. La monarchie soutenue par l'Europe
- 3. L'instauration de la République (1958-1968)
- 4. Le Baas au pouvoir (1968-1979)
- 5. Saddam Hussein s'impose (1979-1988)
- 6. Tempêtes sur l'Irak (1989-1993)
- 7. L'impasse des sanctions internationales : une décennie perdue ? (1993-2003)
- 8. La guerre et l'occupation américaine
- 9. La dégénérescence du communautarisme
- 10. Chronologie contemporaine
- 11. Bibliographie
IRAK
Nom officiel | République d'Irak (IQ) |
Chef de l'État | Abdel Latif Rachid (depuis le 13 octobre 2022) |
Chef du gouvernement | Mohamed Chia al-Soudani (depuis le 27 octobre 2022) |
Capitale | Bagdad |
Langues officielles | Arabe, kurde |
Unité monétaire | Dinar irakien (IQD) |
Population (estim.) |
44 528 000 (2024) |
Superficie |
435 052 km²
|
La monarchie soutenue par l'Europe
L'Europe évince les Turcs
La chute de l'empire turc et son éviction de l'Orient arabe après la Première Guerre mondiale ne fait que conclure une évolution inaugurée à partir du xviiie siècle par l'essor industriel qui avait naturellement amené l'Europe à imposer ses droits sur les routes stratégiques et économiques conduisant à l'Asie, c'est-à-dire d'abord sur l'Égypte et les approches du golfe Persique. Guidée par les intérêts de la Compagnie des Indes, la Grande-Bretagne, qui avait installé dès 1764 un consul à Basrah, avait fait accréditer en 1798 son premier résident permanent à Bagdad. Coïncidence notable, à Paris, la même année, le Directoire organisait l'expédition d'Égypte. Avant même que ne s'ouvrît la Première Guerre mondiale, la diplomatie britannique avait pratiquement acquis le golfe Persique, établi son influence sur l'ensemble de l'Irak, de Mossoul à Basrah, délimité les gisements pétroliers de la Mésopotamie septentrionale dès l'année 1913. Le pétrole, en effet, allait devenir l'aliment essentiel d'un Occident industriel jusqu'alors utilisateur de la houille. Dès 1900, année de l'apparition des voitures automobiles et de l'avion, s'était dessiné pour l'Irak un nouveau destin. La fondation, en 1911, de la Turkish Petroleum Company n'était que le prélude au plan soumis à Londres en février 1913 par le résident britannique à Bagdad et déterminant déjà dans ses grandes lignes les frontières et les structures politiques de l'Irak moderne.
Le 11 mars 1917, le général anglais sir Stanley Maud s'empara de Bagdad et, le 10 octobre 1918, son collègue le général Marshall pénétra à Mossoul. En avril 1920, le protocole de San Remo plaça la Palestine et la Mésopotamie sous le mandat de la Grande-Bretagne. Ce mandat dura dix ans, jusqu'au 30 juin 1930. Cette période fut mise à profit par Londres pour tenter d'établir en Irak un pouvoir fort et indépendant des fluctuations populaires, de tracer des frontières précises et de négocier des accords pétroliers stables.
Mais le mandat britannique eut à faire face à l'insurrection de 1920 qui débuta le 3 mai pour ne s'achever qu'au mois d'avril 1921, et qui mobilisa l'ensemble du pays, de Kirkūk à Basrah, sous la conduite de chefs populaires. Cette grave crise fit 10 000 morts environ et exacerba des ressentiments déjà anciens. C'est seulement en 1925 que les campagnes furent à peu près pacifiées.
Accords difficiles
Les projets britanniques furent exécutés au milieu des troubles. Le 13 août 1921 était intronisé comme roi d'Irak Fayçal Ibn Hussein ( Fayṣāl ibn Ḥusayn), prince de Hedjaz (Arabie Saoudite), fils du chérif de La Mecque. À ses côtés, il avait comme conseiller un homme qui allait lier son sort au régime monarchique et à la collaboration anglo-irakienne, Nouri Saïd (Nūrī al-Sa‘īd), compagnon de lutte de Lawrence. Le 10 octobre 1922, un premier traité anglo-irakien faisait du haut-commissaire britannique le gardien de la souveraineté irakienne. Le 21 mars 1925 fut promulgué un statut organique (rédigé par les experts de Foreign Office) qui devait servir de constitution à l'Irak jusqu'à la chute de la monarchie. Parlementaire et héréditaire, cette monarchie était assistée d'un Sénat désigné par les autorités et d'une Chambre, qui était élue par la population mâle au scrutin à deux degrés.
Les négociations frontalières furent menées de pair avec celles qui intéressaient l'indépendance nationale, les unes comme les autres étant tributaires des négociations pétrolières qui apparurent alors comme déterminantes. C'est seulement après l'acceptation par l'Irak d'un accord pétrolier avec la Turkish Oil Company, le 14 mars 1925,[...]
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Écrit par
- Loulouwa AL RACHID : docteur en science politique, chercheur à la chaire Histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France, consultante Irak
- Brigitte DUMORTIER : ancienne élève de l'École normale supérieure, agrégée de géographie, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Philippe RONDOT : docteur en sociologie politique des relations internationales
- Pierre ROSSI : professeur de lettres
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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