- 1. Géographie
- 2. La monarchie soutenue par l'Europe
- 3. L'instauration de la République (1958-1968)
- 4. Le Baas au pouvoir (1968-1979)
- 5. Saddam Hussein s'impose (1979-1988)
- 6. Tempêtes sur l'Irak (1989-1993)
- 7. L'impasse des sanctions internationales : une décennie perdue ? (1993-2003)
- 8. La guerre et l'occupation américaine
- 9. La dégénérescence du communautarisme
- 10. Chronologie contemporaine
- 11. Bibliographie
IRAK
Nom officiel | République d'Irak (IQ) |
Chef de l'État | Abdel Latif Rachid (depuis le 13 octobre 2022) |
Chef du gouvernement | Mohamed Chia al-Soudani (depuis le 27 octobre 2022) |
Capitale | Bagdad |
Langues officielles | Arabe, kurde |
Unité monétaire | Dinar irakien (IQD) |
Population (estim.) |
44 528 000 (2024) |
Superficie |
435 052 km²
|
L'impasse des sanctions internationales : une décennie perdue ? (1993-2003)
La mise sous tutelle étrangère
Dans les années 1990, l'Irak cesse d'exister en tant qu'État souverain et indépendant. Son assise territoriale est de facto amputée des trois provinces kurdes, au nord du pays, placées sous la protection des Alliés ; une interdiction de survol couvre 60 % de son espace aérien et enfin, la libre disposition de sa principale ressource nationale, le pétrole, lui est retirée. Agissant dans le cadre discrétionnaire et coercitif du chapitre VII de la Charte relatif au maintien et au rétablissement de la paix et de la sécurité internationales, le Conseil de sécurité des Nations unies lui impose un régime juridique draconien. Il comprend un embargo commercial et pétrolier, un blocus aérien et maritime, le désarmement forcé doublé d'une surveillance à long terme de son industrie militaire, le paiement de réparations de guerre ; en cas de violation, ces injonctions peuvent être appuyées par des frappes de missiles et des bombardements punitifs.
Ces différentes facettes du régime des sanctions prennent vite une tournure institutionnelle ; elles sont administrées par une multitude de commissions spéciales et d'agences émanant de l'O.N.U., notamment le tout-puissant Comité des sanctions (« Comité 661 ») sans l'autorisation duquel aucune dérogation à l'interdiction d'exporter vers l'Irak ne peut avoir lieu. En outre, elles ne peuvent être révisées ou démantelées qu'à l'unanimité des cinq membres permanents du Conseil. En réalité, jusqu'en 2003, elles seront renouvelées quasi automatiquement tous les soixante jours et resteront tributaires de la libre appréciation d'un seul membre, les États-Unis. Pourtant, au fil des années, leur objectif s'obscurcit pour ne rien dire de leur légitimité qui finit par diviser et embarrasser la communauté internationale. Dans le même temps, leur étau se resserre autour de la population irakienne, victime à la fois de l'intransigeance américaine et de l'insensibilité d'un régime dont la priorité est de se maintenir au pouvoir envers et contre tous, même au prix d'une mise sous tutelle internationale du pays.
Conçues au départ pour dénier à un État agresseur et proliférant les moyens, en particulier militaires, d'une récidive, et le contraindre à réparer les dommages causés par ses agissements illicites, les sanctions glissent sur le terrain du changement politique. Implicitement, les États-Unis et leur allié britannique utilisent la survie de Saddam Hussein à la tête du pouvoir comme une justification de leur maintien indéfini. En revanche, la France, la Russie et la Chine s'en tiennent à une interprétation strictement juridique des résolutions de l'O.N.U. et estiment que des mesures d'encouragement doivent être consenties à Bagdad en cas de progrès et de coopération. Pour eux comme pour la plupart des anciens partenaires commerciaux de Bagdad, sanctions riment avec manque à gagner et perte de contrats lucratifs avec l'Irak.
Le processus de désarmement
L'affrontement se cristallise autour de la question du désarmement. Cette mission est confiée à une commission spéciale de l'O.N.U., l'Unscom, dont les inspecteurs ont toute latitude pour explorer, sans préavis, tout le territoire irakien, détruire les matériels prohibés, interroger les officiels et saisir tous les documents utiles. Suspicieux des intentions des dirigeants irakiens qu'ils accusent d'entretenir un programme de réarmement clandestin, notamment chimique, les États-Unis sont convaincus qu'il est impossible de s'assurer que tout a été fouillé et détruit. Quant au régime irakien, il croit pouvoir monnayer sa survie en refusant d'obtempérer clairement et en entretenant le doute sur ses réelles capacités de nuisance. Aussi, il déploie[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Loulouwa AL RACHID : docteur en science politique, chercheur à la chaire Histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France, consultante Irak
- Brigitte DUMORTIER : ancienne élève de l'École normale supérieure, agrégée de géographie, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Philippe RONDOT : docteur en sociologie politique des relations internationales
- Pierre ROSSI : professeur de lettres
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
IRAK, chronologie contemporaine
- Écrit par Universalis
-
‘ABBĀSIDES
- Écrit par Maxime RODINSON
- 2 088 mots
- 4 médias
-
ABBASSIDES - (repères chronologiques)
- Écrit par Pascal BURESI
- 420 mots
750 Une révolution soutenue par les clients persans de l'empire et par les Alides renverse la dynastie omeyyade de Damas et donne le pouvoir à al-Saffāh, descendant d'al-‘Abbās, oncle de Mahomet : début de la dynastie abbasside.
762 Création d'une nouvelle capitale, la ville Ronde...
-
ARABIE SAOUDITE
- Écrit par Philippe DROZ-VINCENT , Encyclopædia Universalis et Ghassan SALAMÉ
- 25 169 mots
- 10 médias
...Gaza. Adopté par un sommet arabe réuni dans la foulée de l'invasion israélienne du Liban en 1982, le plan sera gelé par le refus israélien et le manque d'enthousiasme américain. Cet échec relatif poussera le royaume à adopter une position de retrait, d'autant que la guerre irako-iranienne aura éclaté. -
AREF ABDEL RAHMAN (1916-2007)
- Écrit par Martine MEUSY
- 408 mots
Sorti de l'école militaire de Bagdad en 1937, Abdel Rahman Aref suit une carrière militaire normale, sans ambition politique. S'il se rallie au complot de 1958, qui instaure la république, c'est que son frère cadet, le colonel Abdel Salam Aref en est une des têtes. Il reste ensuite...
- Afficher les 74 références