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IRAK

Nom officiel

République d'Irak (IQ)

    Chef de l'État

    Abdel Latif Rachid (depuis le 13 octobre 2022)

      Chef du gouvernement

      Mohamed Chia al-Soudani (depuis le 27 octobre 2022)

        Capitale

        Bagdad

          Langues officielles

          Arabe, kurde

            Unité monétaire

            Dinar irakien (IQD)

              Population (estim.) 44 528 000 (2024)
                Superficie 435 052 km²

                  La dégénérescence du communautarisme

                  Le paradoxe de l’homme fort

                  Au cours de son second mandat (décembre 2010-août 2014), Nouri Al-Maliki dirige un cabinet qui se veut d’union nationale, mais dont aucune composante n’est solidaire de son action. Cette formule d’inclusion des Kurdes et des Arabes sunnites dans un gouvernement dominé par les partis religieux chiites a été encouragée par les États-Unis de peur de voir le pays majoritairement chiite basculer sous l’emprise de l’Iran. Or elle ne fonctionne pas et finit par produire graduellement une paralysie politique et administrative générale quand elle n’engendre pas des crises à répétition. En effet, il apparaît clairement que le système politique érigé depuis 2003 assigne à chaque Irakien une identité ethnique et/ou confessionnelle impossible à transcender en s’adressant aux électeurs sur une base citoyenne. La majorité démocratique se confond avec la majorité démographique : chaque composante exige une portion politique et économique équivalente à son supposé poids démographique et vote pour des candidats exclusivement issus de ses rangs et sans autre programme que de vouloir la défendre contre les autres. Pourtant, hormis la reconnaissance explicite de l’identité kurde et du principe fédéral, aucune disposition de la Constitution de 2005 ne consacre cette implacable logique des quotas communautaires à la libanaise. Il est désormais impossible de changer le principe ouvertement assumé d’un président de la République kurde et de deux vice-présidents sunnite et chiite ; d’un chef de gouvernement chiite et de deux vice-chefs de gouvernement sunnite et kurde ; d’un président du Parlement sunnite et de deux vice-présidents chiite et kurde, et de même pour toutes les administrations centrales. Par conséquent, l’avantage obtenu par l’une de ces trois composantes de la société irakienne, en termes de financement ou de réalisation d’infrastructures par exemple, équivaut automatiquement à une discrimination inacceptable aux yeux des deux autres. La classe politique prospère de la faiblesse même des institutions étatiques qui en résulte, se forge des appuis extérieurs lorsque le rapport de forces intérieur lui est défavorable et déploie un art consommé de la guerre de tous contre tous.

                  Nouri Al-Maliki avait promis à ses électeurs de mettre un terme à cette situation au moyen d’un « État de droit » capable de restaurer l’autorité du pouvoir central et de commander la loyauté et le respect de tous. Enhardi par les six cent mille voix qu’il a personnellement remportées aux élections législatives, il clame haut et fort que la logique paralysante des quotas mène le pays au bord du précipice : elle aggrave, selon lui, les divisions et entraîne inéluctablement une partition du territoire, empêche de lutter efficacement contre le terrorisme d’Al-Qaida et le chaos provoqué par les milices armées chiites et, enfin, freine la relance d’une économie fortement gangrénée par la corruption. Pour redresser la situation, Al-Maliki estime qu’il n’a d’autre choix que de concentrer davantage tous les pouvoirs entre ses mains. Outre le poste de Premier ministre, commandant en chef des forces armées, il cumule les portefeuilles de ministre de l’Intérieur et de la Défense, marginalise le Parlement, met au pas l’institution judiciaire et s’assure un contrôle total et opaque sur les finances du pays. Lorsque, à la faveur du « printemps arabe » qui voit le jour en Tunisie en décembre 2010, des manifestations éclatent dans plusieurs grandes villes, dont Bagdad, Mossoul et Bassorah, il réprime brutalement ces timides « journées de la colère » contre le chômage, la pauvreté et l’état lamentable des services publics. Dans le même temps, il joue habilement sur le registre du sauveur dans une société profondément meurtrie par les guerres et l’instabilité et balaie les accusations de vouloir se transformer en « dictateur pire[...]

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                  Écrit par

                  • : docteur en science politique, chercheur à la chaire Histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France, consultante Irak
                  • : ancienne élève de l'École normale supérieure, agrégée de géographie, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne
                  • : docteur en sociologie politique des relations internationales
                  • : professeur de lettres
                  • Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis

                  Classification

                  Médias

                  Irak : carte physique - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Irak : carte physique

                  Irak : drapeau - crédits : Encyclopædia Universalis France

                  Irak : drapeau

                  Palmeraie sur les bords de l'Euphrate - crédits : N. Wheeler

                  Palmeraie sur les bords de l'Euphrate

                  Autres références

                  • IRAK, chronologie contemporaine

                    • Écrit par Universalis
                  • ‘ABBĀSIDES

                    • Écrit par
                    • 2 088 mots
                    • 4 médias
                    Le pouvoir central ‘abbāside se déplaça de Syrie en Irak et y prit pour capitale Bagdad, ville neuve, fondée en 762.
                  • ABBASSIDES - (repères chronologiques)

                    • Écrit par
                    • 420 mots

                    750 Une révolution soutenue par les clients persans de l'empire et par les Alides renverse la dynastie omeyyade de Damas et donne le pouvoir à al-Saffāh, descendant d'al-‘Abbās, oncle de Mahomet : début de la dynastie abbasside.

                    762 Création d'une nouvelle capitale, la ville Ronde...

                  • ARABIE SAOUDITE

                    • Écrit par , et
                    • 25 169 mots
                    • 10 médias
                    ...Gaza. Adopté par un sommet arabe réuni dans la foulée de l'invasion israélienne du Liban en 1982, le plan sera gelé par le refus israélien et le manque d'enthousiasme américain. Cet échec relatif poussera le royaume à adopter une position de retrait, d'autant que la guerre irako-iranienne aura éclaté.
                  • AREF ABDEL RAHMAN (1916-2007)

                    • Écrit par
                    • 408 mots

                    Sorti de l'école militaire de Bagdad en 1937, Abdel Rahman Aref suit une carrière militaire normale, sans ambition politique. S'il se rallie au complot de 1958, qui instaure la république, c'est que son frère cadet, le colonel Abdel Salam Aref en est une des têtes. Il reste ensuite...

                  • Afficher les 74 références