- 1. Géographie
- 2. La monarchie soutenue par l'Europe
- 3. L'instauration de la République (1958-1968)
- 4. Le Baas au pouvoir (1968-1979)
- 5. Saddam Hussein s'impose (1979-1988)
- 6. Tempêtes sur l'Irak (1989-1993)
- 7. L'impasse des sanctions internationales : une décennie perdue ? (1993-2003)
- 8. La guerre et l'occupation américaine
- 9. La dégénérescence du communautarisme
- 10. Chronologie contemporaine
- 11. Bibliographie
IRAK
Nom officiel | République d'Irak (IQ) |
Chef de l'État | Abdel Latif Rachid (depuis le 13 octobre 2022) |
Chef du gouvernement | Mohamed Chia al-Soudani (depuis le 27 octobre 2022) |
Capitale | Bagdad |
Langues officielles | Arabe, kurde |
Unité monétaire | Dinar irakien (IQD) |
Population (estim.) |
44 528 000 (2024) |
Superficie |
435 052 km²
|
La dégénérescence du communautarisme
Le paradoxe de l’homme fort
Au cours de son second mandat (décembre 2010-août 2014), Nouri Al-Maliki dirige un cabinet qui se veut d’union nationale, mais dont aucune composante n’est solidaire de son action. Cette formule d’inclusion des Kurdes et des Arabes sunnites dans un gouvernement dominé par les partis religieux chiites a été encouragée par les États-Unis de peur de voir le pays majoritairement chiite basculer sous l’emprise de l’Iran. Or elle ne fonctionne pas et finit par produire graduellement une paralysie politique et administrative générale quand elle n’engendre pas des crises à répétition. En effet, il apparaît clairement que le système politique érigé depuis 2003 assigne à chaque Irakien une identité ethnique et/ou confessionnelle impossible à transcender en s’adressant aux électeurs sur une base citoyenne. La majorité démocratique se confond avec la majorité démographique : chaque composante exige une portion politique et économique équivalente à son supposé poids démographique et vote pour des candidats exclusivement issus de ses rangs et sans autre programme que de vouloir la défendre contre les autres. Pourtant, hormis la reconnaissance explicite de l’identité kurde et du principe fédéral, aucune disposition de la Constitution de 2005 ne consacre cette implacable logique des quotas communautaires à la libanaise. Il est désormais impossible de changer le principe ouvertement assumé d’un président de la République kurde et de deux vice-présidents sunnite et chiite ; d’un chef de gouvernement chiite et de deux vice-chefs de gouvernement sunnite et kurde ; d’un président du Parlement sunnite et de deux vice-présidents chiite et kurde, et de même pour toutes les administrations centrales. Par conséquent, l’avantage obtenu par l’une de ces trois composantes de la société irakienne, en termes de financement ou de réalisation d’infrastructures par exemple, équivaut automatiquement à une discrimination inacceptable aux yeux des deux autres. La classe politique prospère de la faiblesse même des institutions étatiques qui en résulte, se forge des appuis extérieurs lorsque le rapport de forces intérieur lui est défavorable et déploie un art consommé de la guerre de tous contre tous.
Nouri Al-Maliki avait promis à ses électeurs de mettre un terme à cette situation au moyen d’un « État de droit » capable de restaurer l’autorité du pouvoir central et de commander la loyauté et le respect de tous. Enhardi par les six cent mille voix qu’il a personnellement remportées aux élections législatives, il clame haut et fort que la logique paralysante des quotas mène le pays au bord du précipice : elle aggrave, selon lui, les divisions et entraîne inéluctablement une partition du territoire, empêche de lutter efficacement contre le terrorisme d’Al-Qaida et le chaos provoqué par les milices armées chiites et, enfin, freine la relance d’une économie fortement gangrénée par la corruption. Pour redresser la situation, Al-Maliki estime qu’il n’a d’autre choix que de concentrer davantage tous les pouvoirs entre ses mains. Outre le poste de Premier ministre, commandant en chef des forces armées, il cumule les portefeuilles de ministre de l’Intérieur et de la Défense, marginalise le Parlement, met au pas l’institution judiciaire et s’assure un contrôle total et opaque sur les finances du pays. Lorsque, à la faveur du « printemps arabe » qui voit le jour en Tunisie en décembre 2010, des manifestations éclatent dans plusieurs grandes villes, dont Bagdad, Mossoul et Bassorah, il réprime brutalement ces timides « journées de la colère » contre le chômage, la pauvreté et l’état lamentable des services publics. Dans le même temps, il joue habilement sur le registre du sauveur dans une société profondément meurtrie par les guerres et l’instabilité et balaie les accusations de vouloir se transformer en « dictateur pire[...]
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Écrit par
- Loulouwa AL RACHID : docteur en science politique, chercheur à la chaire Histoire contemporaine du monde arabe au Collège de France, consultante Irak
- Brigitte DUMORTIER : ancienne élève de l'École normale supérieure, agrégée de géographie, maître de conférences à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Philippe RONDOT : docteur en sociologie politique des relations internationales
- Pierre ROSSI : professeur de lettres
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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