ARKHIPOVA IRINA (1925-2010)
La carrière de la mezzo-soprano russe Irina Arkhipova s'étend sur plus de quarante ans, et l'évolution de sa voix lui permit d'interpréter des rôles de contralto. S'inscrivant dans la grande tradition illustrée par Evgeniya Zbruyeva ou Tatiana Tougarinova, elle saura cependant éviter les écueils d'un certain vibrato, traditionnel à l'école russe.
Irina Konstantinovna Arkhipova naît le 2 décembre 1925, à Moscou. À partir de 1948, elle suit des cours d'architecture à l'Institut d'architecture de la capitale soviétique, dont elle sort diplômée en 1953. Parallèlement, elle prend des cours de chant, et elle décide d'opter pour une carrière lyrique ; elle entre à l'âge de vingt-huit ans au Conservatoire Tchaïkovski de Moscou, où elle étudie l'art lyrique dans la classe de Leonid Savranski. En 1954, elle rejoint la troupe de l'opéra de Sverdlovsk (auj. Ekaterinbourg) ; elle remporte en 1955 un concours international de chant à Varsovie, ce qui lui vaut d'être engagée par le prestigieux Bolchoï de Moscou, où elle débute triomphalement en 1956, dans le rôle-titre de Carmen de Bizet ; elle y accomplira l'essentiel de sa carrière, se révélant irremplaçable dans le grand répertoire national – Lioubacha (La Fiancée du tsar de Rimski-Korsakov), Marina (Boris Godounov de Moussorgski), Marfa (La Khovanchtchina de Moussorgski), Pauline (La Dame de Pique de Tchaïkovski), Lioubov (Mazeppa de Tchaïkovski)... –, mais somptueuse aussi dans Verdi (Azucena du Trouvère ; Eboli de Don Carlo ; Amneris d'Aïda) ou Massenet (Charlotte de Werther), ainsi que dans des ouvrages russes de son temps, au premier rang desquels Guerre et Paix de Prokofiev, dont elle participe (dans le rôle d'Hélène) à la création de la version la plus complète, le 15 décembre 1959, au Bolchoï, au côté de Galina Vichnievskaia (Natacha). Elle crée également des ouvrages lyriques de Tikhon Khrennikov (Nilovna, La Mère, 1957) et de Rodion Chtchedrine (Varvara, Pas seulement l'amour, 1961). En 1966, Irina Arkhipova est nommée Artiste du peuple ; ne contestant pas le régime soviétique (contrairement à Galina Vichnievskaia, épouse de Mstislav Rostropovitch, qui le lui reprochera dans ses Mémoires), Irina Arkhipova peut facilement se produire en dehors de l'U.R.S.S. Elle apparaît pour la première fois sur scène dans le monde occidental en 1960, au Teatro San Carlo de Naples (Carmen). Invitée dans le monde entier, elle triomphe à la Scala de Milan en 1967 (Marfa et Marina), en 1971 (Marfa) et en 1973 (Marina). Une tournée de la troupe du Bolchoï lui permet d'apparaître pour la première fois à Paris, sur la scène du Palais-Garnier, lors de la saison 1969-1970 (Marina, Marfa, Pauline) ; elle retrouvera ce même théâtre en 1976 (la Nourrice, Ariane et Barbe-Bleue de Dukas, au côté de Grace Bumbry). Elle débute aux États-Unis en 1972, à l'Opéra de San Francisco (Amneris). La même année, on l'entend aux Chorégies d'Orange (Azucena, au côté de Montserrat Caballé – Leonora). Elle triomphe au Covent Garden de Londres en 1975 (Azucena), mais n'y reviendra pas avant 1988, alors qu'elle n'est plus au meilleur de sa voix (Mlle Arvidson, Un bal masqué de Verdi). Elle continue de se produire très tard, en Russie et à l'étranger : on l'entend au festival de Savonlinna, en Finlande, en 1989 (Marfa), au Metropolitan Opera de New York en 1992 (ce sont ses débuts sur cette scène), au sein de la troupe du Kirov, dans le rôle de la Comtesse (La Dame de Pique) ; elle y fera, en 1997, une apparition remarquée en Filipievna (Eugène Onéguine de Tchaïkovski). En 1993, elle crée avec son époux, le ténor Vladislav Piavko, la fondation Irina Arkhipova, destinée à promouvoir de jeunes chanteurs. Elle meurt le 11 février 2010, à Moscou. « Une voix franche et puissante,[...]
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- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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