IRLANDE DU NORD ou ULSTER
La chute du régime ulstérien
La dégradation de la situation à Londonderry fait capoter cette tentative de conciliation : le S.D.L.P. abandonne le parlement de Stormont et décrète le boycott des autorités nord-irlandaises. Faulkner change alors son fusil d'épaule : il obtient de Londres le rétablissement de l'internement administratif sans procès. Le 9 août 1971, trois cent quarante-deux personnes sont arrêtées et parquées dans des camps d'internement ; ils seront plus de mille cinq cents internés à la fin de l'année. Mais les bévues inévitables et l'acharnement qui vise uniquement la minorité s'avèrent psychologiquement désastreux. L'I.R.A., nullement décapitée, redouble d'ardeur : plus de cent attentats à la bombe pour le seul mois d'août 1971 et cent quatorze personnes tuées, dont soixante-treize civils, au cours des quatre mois suivant le rétablissement de l'internement. Attaqué par le gouvernement de Dublin, boudé par les catholiques modérés, pris à partie par les extrémistes de son propre bord, Faulkner a de plus en plus de mal à se faire entendre en Angleterre, où l'on commence à regretter de s'être laissé prendre au piège. Lorsque Harold Wilson, de son banc de l'opposition, proclame, le 25 novembre 1971, que la réunification de l'Irlande dans le cadre du Commonwealth est la seule solution efficace à long terme à l'imbroglio ulstérien, le porte-parole du gouvernement conservateur, loin de s'offusquer, déclare même que « le peuple britannique accueillerait chaleureusement » une telle réunification, pour autant qu'elle soit obtenue par consentement mutuel. Ce ne sont malheureusement que des mots. Le 30 janvier 1972, les parachutistes anglais ouvrent le feu, à Londonderry, sur une foule de manifestants désarmés. On relève treize morts et quatorze blessés parmi les manifestants. Une vague d'anglophobie submerge l'île tout entière : l'ambassade anglaise à Dublin est incendiée par une foule déchaînée, tandis qu'au mess des officiers parachutistes d'Aldershot en Angleterre l'I.R.A. officielle fait exploser une voiture piégée qui tue cinq jeunes femmes et un aumônier catholique. Atterré par ce déferlement de violence aveugle et passablement excédé par les prétentions des dirigeants unionistes, Edward Heath suspend le gouvernement nord-irlandais le 24 mars 1972 et prend en main l'administration directe de la province.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Pierre JOANNON : historien, docteur en droit, docteur honoris causa de la National University of Ireland et de l'université d'Ulster (Royaume-Uni)
Classification
Médias
Autres références
-
ACCORD DU VENDREDI SAINT
- Écrit par Christophe PÉRY
- 302 mots
Entre la partition de l'Irlande, en 1921, qui maintient six comtés du nord de l'Ulster au sein du Royaume-Uni, et la conclusion de l'accord de paix du 10 avril 1998, la province autonome d'Irlande du Nord a été le théâtre d'un des plus longs conflits qu'aura connus l'Europe...
-
ADAMS GERRY (1948- )
- Écrit par Pierre JOANNON
- 1 107 mots
Ancien barman, accusé d'avoir été un des principaux dirigeants de l'Armée républicaine irlandaise (IRA), président d'une organisation politique, le Sinn Fein, ayant longtemps prôné le terrorisme, diplomate hors pair et protagoniste indispensable du processus de paix nord-irlandais,...
-
BELFAST
- Écrit par Claude MOINDROT
- 318 mots
- 2 médias
Deuxième ville irlandaise après Dublin et capitale de l'Irlande du Nord, ou Ulster, qui fait partie du Royaume-Uni depuis 1921. Belfast comptait 268 000 habitants en 2005, auxquels il faut ajouter ceux de sa banlieue (Bangor, Hollywood, Newtownards, Lisburn, Carrickfergus, Larne, etc.). Belfast...
-
BLAIR TONY (1953- )
- Écrit par Jacques LERUEZ
- 2 382 mots
- 1 média
Contrairement aux chefs de gouvernement du passé, John Major excepté, Tony Blair a consacré beaucoup de son temps à l'Irlande du Nord, finissant par obtenir un accord de paix (l'accord du vendredi saint), le 10 avril 1998, non sans l'appui du président américain Bill Clinton. D'autres... - Afficher les 23 références