IRLANDE DU NORD ou ULSTER
Le processus de pacification
Le nouveau secrétaire d'État pour l'Irlande du Nord, William Whitelaw, s'efforce d'amadouer les extrémistes républicains : les deux ailes de l'I.R.A. ordonnent un cessez-le-feu en mai et juin 1972. Les milices protestantes de l'Ulster Defence Association (U.D.A.) hérissent aussitôt les quartiers loyalistes de barricades, tandis qu'une banale échauffourée met fin à la trêve républicaine. Les attentats reprennent de plus belle : le « vendredi sanglant », 21 juillet 1972, les provos font exploser vingt-deux bombes à Belfast. Bilan : onze morts, cent trente blessés. En représailles, William Whitelaw déclenche l'opération « Motorman » : les bastions catholiques sont pris d'assaut par l'infanterie anglaise. L'ouverture du dialogue avec les modérés se révèle aussi difficile, comme le démontre l'échec de la conférence de Darlington à la fin de septembre. Malgré ce fiasco et les attentats qui n'épargnent point la capitale anglaise, le gouvernement britannique ébauche une politique ulstérienne qui s'efforce de donner satisfaction aux représentants des deux communautés : reconnaissance de la « dimension irlandaise » du conflit, qui comble d'aise Dublin et les catholiques (« livre vert » du 30 octobre 1972) ; organisation d'un référendum sur la frontière, qui rassure les protestants en éloignant le spectre de la réunification (8 mars 1973) ; publication d'un « livre blanc » qui prévoit l'élection d'une assemblée à la proportionnelle et la formation d'un exécutif interconfessionnel (20 mars 1973). Élue au début de l'été, l'Assemblée commence à siéger dans le plus grand désordre. Un exécutif interconfessionnel est formé sous la présidence de Brian Faulkner. Une conférence tripartite historique réunit à Sunningdale, le 6 décembre 1973, les chefs de gouvernement anglais, irlandais et ulstérien. Un accord est signé qui prévoit notamment la mise en place d'un conseil de l'Irlande destiné à favoriser la coopération économique entre l'Ulster et la République. C'était sous-estimer la violence de la réaction protestante. Les élections générales du 28 février 1974, favorables aux loyalistes, qui emportent onze des douze sièges nord-irlandais à Westminster, minent un peu plus la position de Brian Faulkner, évincé depuis peu de la présidence du Parti unioniste. La grève générale insurrectionnelle déclenchée par l'Ulster Worker's Council au mois de mai 1974 et la pusillanimité du gouvernement travailliste d'Harold Wilson, qui recule devant l'épreuve de force, portent le coup de grâce à l'exécutif interconfessionnel de Faulkner et aux accords de Sunningdale. La violence redouble d'intensité : violence loyaliste, caractérisée par les crimes sectaires perpétrés avec un raffinement de cruauté inouï sur des catholiques sélectionnés au petit bonheur ; violence républicaine culminant avec la boucherie de Birmingham, qui fait dix-sept morts et plus de cent blessés. La situation est militairement et politiquement bloquée. Merlyn Rees, le secrétaire d'État pour l'Irlande du Nord ne parvient pas à consolider le cessez-le-feu de fin d'année. Quant à la Convention constitutionnelle élue le 1er mai 1975, elle est dominée par les loyalistes qui repoussent obstinément toute idée de partage du pouvoir entre catholiques et protestants. Faute d'en pouvoir obtenir le compromis escompté, le gouvernement dissout la Convention en mars 1976. Et la violence continue de plus belle : violence des autorités stigmatisée par Amnesty International et la Commission européenne des droits de l'homme ; violence sectaire des tueurs loyalistes de l'U.V.F. ; violence des terroristes de l'I.R.A. responsables du meurtre de Christopher Ewart-Biggs,[...]
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Écrit par
- Pierre JOANNON : historien, docteur en droit, docteur honoris causa de la National University of Ireland et de l'université d'Ulster (Royaume-Uni)
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Médias
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