IRLANDE
Langue et littérature
Aperçu sur la langue irlandaise
La langue celtique, parlée en Irlande depuis le début de la période historique, est souvent appelée gaélique ou goïdelique, du vieil irlandais goidel, terme d'origine brittonique dont l'équivalent moderne est le mot gallois gwyddel, « irlandais ». On ne sait pas exactement quand le goïdelique a été introduit en Irlande : il semble que ce soit aux environs du début de l'ère chrétienne.
De façon assez arbitraire, on divise l'évolution de la langue irlandaise en quatre périodes : celle des inscriptions en ogham (c'est-à-dire un alphabet indigène), que l'on situe entre 300 et 600 ; le vieil-irlandais entre 600 et 900 ; l'irlandais moyen de 900 à 1200 ; enfin, l'irlandais moderne. Après 1600, la langue littéraire cesse d'être en usage et les dialectes modernes, dont le gaélique écossais et le mannois, font leur apparition.
Les témoins les plus anciens sont des inscriptions funéraires en alphabet oghamique. Elles attestent une langue archaïque, phonologiquement très proche du brittonique ancien des inscriptions celtiques de Grande-Bretagne et de Gaule ; on pourrait comparer ses rapports avec l'irlandais trouvé dans les sources littéraires les plus anciennes à ceux qui existent entre le latin et le vieux français.
Le vieil-irlandais se présente comme une langue qui vient de se dégager du stade archaïque et qui est pourtant déjà dotée d'une structure remarquablement complexe de verbes composés et de pronoms infixes qui survivent pendant plusieurs siècles. Au cours de la période de l'irlandais moyen, elle se simplifie au point de ressembler aux premiers spécimens du gallois. Cette tendance s'est développée dans le gaélique écossais et le mannois où, tout comme dans le danois moderne, il n'y a qu'une forme verbale pour chaque temps de verbe. Aujourd'hui plus de cinq cent mille personnes parlent l'irlandais, surtout dans la région de Galway, à l'ouest du pays.
Le temps des filid
Depuis les temps les plus reculés, la littérature irlandaise fut une littérature aristocratique, l'apanage d'une classe professionnelle, les filid (au singulier fili, prophète, conteur). On a suggéré avec beaucoup de vraisemblance que fili, brithem (juge), senchaid (historien) et druí (druide) appartenaient à la même classe privilégiée. Le druide fut évincé par le clergé chrétien, mais il est resté un personnage important des sagas ; dans les lois anciennes, les autres classes professionnelles sont mises sur le même rang que l'aristocratie terrienne.
Poésie et pièces versifiées
Peu de chose demeure de la poésie la plus ancienne, sans doute à cause de son hermétisme. Le Fáeth Fiada (Le Cri du cerf) est une incantation rythmique que la tradition attribue à saint Patrick. Bien que l'ancienneté de ce poème soit certaine, il ne peut guère avoir été écrit auve siècle. L'Amra (Éloge) en l'honneur de saint Columba (521-597), de style rhétorique, aux phrases courtes liées par allitération, est attribué à Dallan Forgaill, qui était le chef des poètes (rigollam) d'Irlande. Cette forme de prose rythmée allitérative apparaît aussi dans les sagas et le terme technique qui la désigne est emprunté au latin, retoric.
La poésie officielle était faite en grande partie de panégyriques, d'élégies que les filid composaient pour leurs patrons. Le Tromdám Guaire (Les Convives tyranniques de Guaire) est une satire dans laquelle un roi, après avoir écouté un poète, dit « que c'est un bon poème pour qui peut le comprendre » ; les poètes usaient souvent en effet à dessein d'un style sibyllin, à la manière des trobar clus provençaux. Ce sont évidemment leurs œuvres officielles qui ont été le mieux conservées, mais on a retrouvé quelques fragments d'œuvres plus libres qui témoignent[...]
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Écrit par
- David GREENE : ancien directeur des études générales à l'université du Bénin, au Nigeria, auteur
- Pierre JOANNON : historien, docteur en droit, docteur honoris causa de la National University of Ireland et de l'université d'Ulster (Royaume-Uni)
Classification
Médias
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