NEWTON ISAAC (1642-1727)
Les « années merveilleuses »
Newton s'est souvenu de l'année 1666 comme de la période la plus créative de sa vie, son annus mirabilis. C'est, en réalité, au cours des deux années 1665 et 1666, dans sa retraite forcée à la campagne entrecoupée de rares et brefs séjours au Trinity College, que lui vinrent les idées si fécondes, encore en partie intuitives, qu'il devait mûrir progressivement et développer par la suite dans son œuvre, en mathématique, en optique, en astronomie théorique : ses carnets de notes conservent des traces précises de tout ce travail lentement élaboré, objet de constants remaniements, dont il ne publia les résultats que tardivement et avec parcimonie.
Il découvrit le développement en série du binôme, puis développa la méthode des séries infinies pour la quadrature de fonctions. L'étude des séries infinies et la construction de figures par le mouvement de points ou de lignes le conduisirent à formuler la règle de différentiation d'une fonction d'une variable sujette à un accroissement infinitésimal, inventant ainsi le calcul des fluxions, qui est la version newtonienne du calcul différentiel. Il l'appliqua aussitôt à l'étude des tangentes et des courbures ainsi qu'aux problèmes inverses de quadratures et de rectification des courbes (c'est-à-dire à l'intégration).
Travaillant, dans la suite de Kepler et de Descartes, à la recherche des dioptres parfaits par la taille et le polissage de lentilles non sphériques, il se rendit compte de la persistance d'une aberration chromatique importante, même lorsque l'aberration sphérique était diminuée. Il effectua alors ses observations sur la lumière du Soleil à l'aide de prismes, par lesquelles il conclut au caractère composite de la lumière blanche, et à l'inégale réfrangibilité des rayons de couleurs différentes. Il conçut ensuite l'idée du télescope à réflexion pour éviter les limitations de la lunette dues à la dispersion chromatique.
Il eut, selon son propre récit, l'idée de la gravitation universelle en voyant tomber une pomme et en pensant que, de même, la Lune tombe sur la Terre mais en est empêchée en même temps par son mouvement propre (d'inertie). Rapprochant la troisième loi de Kepler et la loi de la force centrifuge, il formula la loi de l'inverse carré des distances pour la force centripète qui agit sur les planètes ; mais la valeur du rayon terrestre alors disponible ne lui permit pas de démontrer la validité de sa théorie par l'accord entre la chute libre d'un objet sur Terre et le mouvement de la Lune. On ignore si ce fut là l'unique raison du délai de vingt ans qui sépare la conception de son idée fondamentale et sa publication dans les Principia. Sans doute lui fallait-il aussi l'étayer sur de plus amples développements mathématiques et physiques requis par l'étude précise des lois du mouvement.
Toute l'œuvre scientifique de Newton se présente comme l'explicitation et la continuation directe de ces idées, qui allaient renouveler les mathématiques et créer la mécanique rationnelle, l'optique physique et l'astronomie mathématique.
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Écrit par
- Michel PATY : directeur de recherche émérite au CNRS
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