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STERN ISAAC (1920-2001)

Un des plus illustres représentants de la première génération de musiciens américains formés entièrement outre-Atlantique, Isaac Stern considérait que sa notoriété de violoniste devait servir les causes les plus diverses, tant musicales qu'humanitaires.

Un musicien engagé

Isaac Stern est originaire d'Ukraine, région que la Pologne et l'U.R.S.S. se disputaient au moment de sa naissance, le 21 juillet 1920, à Kremenets, alors polonaise. Un an plus tard, sa famille se fixe à San Francisco, où le jeune Isaac va étudier le violon... parce que son meilleur ami en fait autant. Il travaille avec Louis Persinger, un disciple d'Eugène Ysäye qui fut aussi l'un des maîtres de Yehudi Menuhin, puis avec Naoum Blinder – premier violon solo de l'Orchestre symphonique de San Francisco. Ainsi formé dans la grande tradition de l'école franco-belge, il situe ses véritables débuts professionnels en 1937, lorsqu'il joue, à San Francisco, le concerto de Brahms sous la baguette de Pierre Monteux. Son premier concert à New York est un échec. Il perfectionne sa technique, élargit son répertoire et s'impose vraiment à partir de 1939. Sa carrière prend un essor international à la fin des années 1940. C'est à cette époque qu'il commence à jouer avec le pianiste Alexander Zakin, qui sera son partenaire jusqu'à sa mort, en 1990.

Stern se produit dans le monde entier dans un répertoire très large, qu'il ne cesse d'enrichir. En 1950, il est à Prades au côté de Pablo Casals lorsque celui-ci consent à réapparaître en public. Il découvre avec lui l'univers de la musique de chambre, qu'il pratique avec les invités du grand musicien catalan (Alexander Schneider, Paul Tortelier, Milton Katims), d'abord à Prades (1950-1952), puis à Porto Rico (1953-1961). Il incarne Eugène Ysäye dans le film Tonight We Sing (1953), de Mitchell Leisen. En 1956, en pleine guerre froide, il est le premier musicien américain à effectuer une tournée dans l'ensemble de l'U.R.S.S. (auparavant, Menuhin n'avait joué qu'à Moscou). C'est la découverte de ses racines, et le début d'une amitié profonde avec David Oïstrakh. L'année suivante, il s'envole pour Israël, où un autre élément de ses racines s'impose à lui. Jusqu'alors, il ne s'était jamais senti réellement concerné par la question juive, malgré ses origines ; à partir de cette date, il n'aura de cesse d'aider la communauté musicale israélienne à s'imposer à l'échelon international. Son engagement demeure placé sous le signe de la modération, lorsque les tendances extrémistes s'affirment avec trop de violence. En 1960, il épouse une nouvelle cause : la défense de Carnegie Hall, la fameuse salle de concert new-yorkaise, sacrifiée sur l'autel de la spéculation immobilière. Il prend la tête d'un comité de soutien et, six mois plus tard, la ville de New York accepte de racheter la salle, qui est sauvée. Stern est alors nommé à la tête du comité artistique chargé de la gestion de Carnegie Hall.

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Écrit par

  • : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France

Classification

Média

Isaac Stern, Eugene Istomin et Leonard Rose - crédits : Erich Auerbach/ Hulton Archive/ Getty Images

Isaac Stern, Eugene Istomin et Leonard Rose