STERN ISAAC (1920-2001)
Un insatiable défricheur
En 1961, Isaac Stern forme, avec le pianiste Eugene Istomin et le violoncelliste Leonard Rose, un trio qui va marquer profondément ce genre en plus d'une vingtaine d'années d'activité. Plus tard, il réunira un nouveau trio avec de plus jeunes partenaires, le pianiste Emanuel Ax et le violoncelliste Yo-Yo Ma ; ils seront parfois rejoints par l'altiste James Laredo. Rien n'arrête Isaac Stern, qui commande des œuvres à des compositeurs de tous pays : en 1950, il avait créé le concerto de William Schuman, en 1954 la Sérénade pour violon, cordes, harpe et percussion de Leonard Bernstein ; viennent ensuite le concerto de George Rochberg (1975), le Premier Concerto de Penderecki (1977), le concerto pour violon « L'Arbre des songes » de Dutilleux (1985), le concerto de Peter Maxwell Davies (1986). Entre-temps (1979), cet infatigable voyageur ouvre les portes de la Chine à la musique occidentale, après la révolution culturelle, lors d'un voyage au cours duquel est tourné le film From Mao to Mozart : Isaac Stern in China (« De Mao à Mozart : Isaac Stern en Chine »), de Murray Lerner.
Isaac Stern participe aux débuts de Pinchas Zukerman, Itzhak Perlman, Yo-Yo Ma, Shlomo Mintz, Cho-Liang Lin et bien d'autres en leur facilitant l'accès aux meilleurs écoles américaines puis en jouant avec eux pour les présenter au public et les imposer. Mais cet amoureux de la vie ne sait pas s'arrêter. Un triple pontage coronarien en 1987 semble le laisser indifférent. Une nouvelle alerte en 2000 aura raison de lui : un an plus tard, il meurt à New York, le 22 septembre 2001.
« Être un musicien n'est pas un métier ; c'est un mode de vie. », écrit-il en introduction à son livre de souvenirs Mes 79 premières années. Jamais il ne s'est écarté de la ligne de conduite qu'il s'était fixée, jouer pour tout le monde, toutes les musiques et partout, à l'exception de l'Allemagne, où il s'était juré de ne jamais se produire. Seule la mort de ses partenaires a dissocié les équipes qu'il avait formées. Même fidélité à l'égard de ses instruments, deux Guarnerius del Gesù, le Vicomte de Panette (1737), acquis en 1946, et l'ex-Ysäye (1740), sur lequel il a joué à partir de 1965. Sa curiosité n'avait pas de limites : rares sont les violonistes qui ont exploré aussi profondément le répertoire, de Bach et Vivaldi aux plus modernes. D'autres violonistes possédaient certainement une technique plus performante que la sienne, mais il savait envoûter par le charme de son style, la chaleur de sa sonorité et l'enthousiasme de son jeu.
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
Classification
Média