ISIS
La déesse égyptienne Isis, dont le nom signifie peut-être « le siège », est sans doute la divinité la plus populaire du panthéon égyptien. Isis est une déesse anthropomorphe portant le hiéroglyphe de son nom en forme de trône sur la tête. Sous la forme d’Hathor-Isis, elle porte la coiffure de la déesse bovine. Elle est souvent représentée assise, allaitant Horus enfant. En liaison avec Osiris, elle peut être ailée pour dispenser protection et souffle. L’origine de cette déesse est obscure ; sans doute vient-elle du delta. Les Textes des pyramides mentionnent un temple dédié à Isis en Basse-Égypte. Au Moyen Empire, son principal lieu de culte est situé dans le Delta (Behbet el-Hagar). Sa renommée tient au rôle essentiel qu'elle joua dans la légende d'Osiris, dont la version la plus complète se trouve chez Plutarque.
D’après la théologie héliopolitaine, Isis est née de Geb et de Nout. Une fois devenu roi à la place de son père Geb, Osiris (dont Isis est la sœur et parèdre) enseigna aux hommes la culture, aidé par Thot et Isis ; mais il s'attira l'hostilité de son frère Seth, qui l'invita à un festin, où se trouvait un coffre taillé aux mesures exactes d'Osiris. Seth ayant proclamé qu'il en ferait don à celui qui le remplirait et Osiris s'y étant installé, Seth referma le coffre et cloua le couvercle et fit disparaître ainsi son frère. Isis se mit alors à la recherche du corps d'Osiris. Elle réussit à retrouver le coffre à Byblos, où il avait été pris dans un arbre. Elle revint en Égypte et se cacha dans le delta oriental. Mais Seth découvrit sa retraite et s'empara du cadavre d'Osiris, le dépeça en quatorze morceaux qu'il dispersa. Isis parvint à en rassembler treize et réussit à faire renaître Osiris. (Les différentes parties du corps de celui-ci sont gardées dans treize villes d'Égypte comme des reliques.) Ainsi, non seulement Isis est à l'origine de la résurrection du dieu Osiris, mais encore elle conçut de lui son fils Horus, qu'elle éleva en secret dans les marais de Chemnis dans le Delta. Après bien des péripéties, Horus réussit à venger son père.
Isis était regardée comme une « femme rusée » qui réssit grâce à ses connaissances magiques à s'emparer du nom caché du dieu Amon-Rê, ce qui lui donnait un pouvoir considérable. Avec Horus l'enfant, elle est tenue pour une magicienne. Elle réussit, grâce à ses formules, à guérir son fils mordu par un serpent. Sa puissance en ce domaine est avant tout au service de la protection des enfants. Elle est l'épouse fidèle et dévouée même après la mort de son mari ; elle est aussi la mère, ce qui explique sa grande popularité.
Le culte de la déesse est très répandu à la Basse Époque (Isaeum du Delta, de Coptos en Haute-Égypte ou dans l’île de Philae). À l'époque gréco-romaine, son culte se propagea au-delà de l’Égypte dans tout le bassin méditerranéen. Il connut les faveurs des empereurs romains à partir du règne de Caligula (37-41), lequel fit construire un temple d'Isis à Rome même et consacra une salle de son palais aux dieux égyptiens. En 71, la mention du culte d'Isis et des cultes alexandrins apparaît officiellement sur les monnaies impériales. Très populaire à la basse époque et à la période gréco-romaine, Isis est de plus en plus considérée comme une grande déesse universelle.
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Yvan KOENIG : docteur de troisième cycle, chargé de recherche au C.N.R.S, professeur à l'École pratique des hautes études (IVe section)
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
-
CULTE DE SÉRAPIS
- Écrit par Renaud DE SPENS
- 189 mots
Probablement instauré en Égypte par Ptolémée Ier Sôter, le culte d'un nouveau dieu syncrétique, Sérapis, se greffe sur un terreau égyptien plus ancien : il existait déjà, à Memphis, un culte pour Osiris-Apis. Mais la nouvelle divinité prend le plus souvent une apparence grecque : un...
-
ÉGYPTE ANTIQUE (Civilisation) - La religion
- Écrit par Jean VERCOUTTER
- 11 389 mots
- 24 médias
...par son frère Seth ; l'épouse d'Osiris, habile magicienne, obtient un fils posthume de son mari, Horus, que l'on appelle souvent Horus fils d' Isis, pour le distinguer de l'Horus céleste, ou Horus l'Ancien. Devenu adulte, le fils d'Isis entreprend la lutte contre son oncle Seth et, après de multiples... -
GNOSTICISME
- Écrit par Pierre HADOT et Michel TARDIEU
- 10 625 mots
...et des signes. Voix et pensée de l'ineffable, elle porte tous les noms et remplit toutes les fonctions (Brontē, Trois Stèles de Seth, Prōtennoia). Les hymnes énumérant les vertus d'Isis, dont se nourrissait la piété égyptienne, fourniront la substance de nouvelles arétalogies : « Mon époux... -
GRÈCE ANTIQUE (Civilisation) - La religion grecque
- Écrit par André-Jean FESTUGIÈRE et Pierre LÉVÊQUE
- 20 084 mots
- 8 médias
- Afficher les 14 références