ISLAM (Histoire) De Mahomet à la fin de l'Empire ottoman
Le phénomène de l'expansion de la religion musulmane est l'un des faits marquants et constants de l'histoire du monde depuis le premier tiers du viie siècle ; l'aspect religieux s'est généralement doublé d'un aspect politique, offensif et impérialiste jusqu'au début des Temps modernes, défensif et anti-impérialiste face aux Occidentaux depuis la fin du xixe siècle.
L'expansion musulmane n'a pas été uniquement religieuse, militaire et politique : elle s'est également manifestée sur le plan intellectuel et artistique à diverses périodes, et les Arabes ont constitué un relais précieux entre la science antique et la Renaissance européenne.
Enfin, l'expansion ne s'est pas limitée au peuple arabe : elle a touché d'autres peuples et, des rives de la Méditerranée et de la mer Rouge, elle a gagné les rivages puis l'intérieur de l'Afrique noire, le monde du Sud-Est asiatique ; actuellement, elle ne paraît connaître ni arrêt ni même ralentissement.
L'expansion arabo-islamique
Les raisons initiales du succès de l'islam en Arabie
L' expansion de l'islam aux diverses époques de l'histoire est inséparable de l'adhésion aux principes énoncés par le prophète Muḥammad et, comme telle, elle a souvent pris l'aspect d'une conquête destinée à affirmer la suprématie de la religion musulmane ; mais, en même temps, elle a pu apparaître comme la manifestation triomphante d'un peuple jusqu'alors tenu en marge des grands empires : c'est donc une réaction politique, sociale, et même économique, qui aboutit à des bouleversements considérables de l'ordre anciennement établi.
Ces différents traits de l'expansion musulmane se trouvent déjà du vivant du Prophète, et notamment durant les dernières années de sa vie. Jusqu'en 628, il a mené, à côté de la prédication, un combat de caractère défensif, dirigé aussi bien contre les Qoraychites de La Mekke que contre les Juifs de Médine, combat dont le résultat essentiel a été la création de la communauté de ses partisans, la cohésion des premiers adeptes et des ralliés plus tardifs. Après 628 et jusqu'à sa mort, en 632, il a conduit contre les Qoraychites la lutte qui aboutit à leur soumission et à la conquête de La Mekke ; en même temps, il obtenait le ralliement d'un grand nombre de tribus bédouines païennes et de communautés chrétiennes d'Arabie, sans que celles-ci fussent contraintes à la conversion : on a déjà une préfiguration de la coexistence de populations d'origines ou de religions diverses au sein du futur empire musulman ; le rôle dominant est tenu par ceux qui ont adhéré à la vraie foi et qui constituent la communauté des fidèles, l' umma. Du temps de Muḥammad, celle-ci conserve des éléments empruntés à l'ancienne organisation tribale préislamique, mais désormais le facteur primordial de l'union est constitué par la religion et non plus par la parenté ; les dispositions d'ordre social ou politique contenues dans le Coran favorisent l'adhésion à la religion prêchée par le Prophète ; de plus, le fait que cette religion ait été révélée en arabe est pour ses adeptes une confirmation qu'elle a été révélée pour eux, les Arabes ; rapidement naît ce désir non pas de prosélytisme, mais d'affirmation, face aux adeptes d'autres religions, que les musulmans sont les détenteurs de l'orthodoxie et qu'ils doivent la faire triompher : c'est ainsi que vont se mêler, très tôt après la mort du Prophète, le religieux et le politique, caractéristique majeure de l'expansion musulmane.
L'expansion hors d'Arabie
Si, au lendemain même de la mort de Muḥammad, des sécessions se produisirent parmi les tribus bédouines, mal assimilées à la communauté, rapidement, Abou[...]
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Écrit par
- Robert MANTRAN : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
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Médias
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