ISLAM (Histoire) De Mahomet à la fin de l'Empire ottoman
L'Islam contemporain
Le xixe siècle est considéré comme la période du triomphe de l'impérialisme européen ; déjà, avant même la fin du xviiie siècle, les Anglais avaient conquis l'Inde et réduit à néant l'Empire du Grand Moghol ; par la suite, ils ont tout mis en œuvre pour tenir et protéger « la route des Indes », ce qui explique l'établissement de leur domination sur un certain nombre de territoires musulmans intermédiaires et leur intérêt pour les positions stratégiques détenues par l'Égypte, Aden, les pays du golfe Persique, l'Iran, l'Afghanistan. Plus à l'est, ils se trouvent face aux Hollandais qui occupent l'Indonésie, tandis qu'à l'ouest les Français cherchent à étendre leur influence sur le Levant et qu'au sud de la mer Rouge les Italiens ont des visées sur la Somalie. L'Afrique du Nord et une partie de l'Afrique noire sont l'objet d'une conquête française progressive, cependant que l'Afrique orientale passe sous le contrôle britannique : un continent entier, où l'islam est largement présent, est partagé entre les deux grandes puissances européennes.
Celles-ci font des territoires conquis ou dominés, selon le cas, des colonies ou des protectorats, mais quel que soit le régime mis en place, ce sont elles qui imposent leurs vues et leurs conceptions. Dans cette période de déclin politique que connaît alors l'Islam, seul surnage l' Empire ottoman, mais combien affaibli et attaqué, « homme malade » auquel des médecins attentifs, Anglais, Français, Russes, Allemands et autres, ne cherchent surtout pas à redonner la santé. À l'intérieur même de l'Empire, des sécessions se produisent, appuyées sur ces nationalités que les grands sultans avaient soigneusement protégées et qui, soutenues par certaines grandes puissances, obtiennent leur autonomie, puis leur indépendance.
Pourtant, dès la fin du xviiie siècle, sous le sultan Sélim III et dans la première moitié du xixe siècle sous les sultans Mahmoud II et Abdülmedjit (‘Abd al-Madjīd), des réformes ont été tentées, sans succès d'abord car elles se heurtaient à la résistance conservatrice, opiniâtre, des milieux religieux et des janissaires. Cependant, après la destruction de ceux-ci en 1826, après les leçons tirées de la sécession grecque et de la quasi-sécession égyptienne, commence la période véritable des réformes (les Tanzimat) qui visent à faire de l'Empire ottoman un État moderne, administré selon des principes libéraux, comparables en de nombreux points à ceux des pays occidentaux. Toutefois les obstacles ne manquent pas, et toute modernisation dans l'enseignement, l'armée, l'administration, la justice, l'impôt, dans le costume suscite des oppositions violentes de la part des conservateurs qui crient à l'abandon de l'islam et craignent de voir les minoritaires de l'Empire l'emporter sur les majoritaires musulmans. À cela s'ajoute un élément capital : la domination économique européenne qui s'exerce par l'exploitation des ressources et le contrôle des revenus de l'Empire. Cependant ces réformes, même incomplètes, n'ont pas été inutiles, car elles ont éveillé le désir du renouveau, le souci de s'instruire, de construire un nouvel empire débarrassé des séquelles du passé.
Des intellectuels ottomans – turcs et arabes, musulmans et chrétiens – s'ouvrent aux doctrines, aux idées de l'Occident et s'efforcent de les adapter et de les propager en Orient. En Égypte après la campagne de Bonaparte, sous le règne de Méhémet-Ali, en Syrie, au Liban, à Istanbul des réformateurs apparaissent, qui cherchent à penser l'islam en termes modernes et à envisager la conduite de l'Empire d'une façon plus conforme aux nécessités du temps. Ces réformateurs[...]
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Écrit par
- Robert MANTRAN : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
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Médias
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