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ISLAM (Histoire) L'émergence des radicalismes

Les mouvements islamistes

Manifestation en faveur de Khomeyni à Téhéran, 1980 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Manifestation en faveur de Khomeyni à Téhéran, 1980

Il faut en fait distinguer deux types de mouvements : les islamistes, qui insistent avant tout sur la mise en place d'un État islamique, et les fondamentalistes, préoccupés avant tout par l'instauration de la charia. Pour les islamistes, dont le mouvement est apparu dans les années 1920, l'islam est tout autant une idéologie politique qu'une religion ; ils empruntent d'ailleurs ce concept d'idéologie à la philosophie politique occidentale du xxe siècle (et en particulier au marxisme). À la suite du fondateur des Frères musulmans égyptiens, Hassan al-Banna (mort en 1949), du Pakistanais Maududi (mort en 1979) ou de l'imam Khomeyni (mort en 1989), ils considèrent que l'islam doit prendre en compte toutes les dimensions d'une société moderne ; ils s'intéressent donc à l'économie, à l'éducation, à la technologie et aux institutions politiques, sans éluder la question de la femme : pour eux la femme peut participer à la vie professionnelle et politique à condition d'être voilée. En ce sens, les islamistes sont modernes : ils recrutent d'ailleurs surtout parmi la jeunesse éduquée et sont en concurrence avec les oulémas. Leurs mouvements sont un produit du xxe siècle. Ils ont repris une rhétorique anti-impérialiste propre jusqu'ici aux mouvements d'extrême gauche du Tiers Monde (cet islamo-gauchisme a été particulièrement virulent dans les premières années de la révolution islamique d'Iran).

Recep Tayyip Erdogan et José Manuel Durão Barroso à Bruxelles, 2004 - crédits : Commission européenne

Recep Tayyip Erdogan et José Manuel Durão Barroso à Bruxelles, 2004

Tout en proclamant leur volonté de restaurer politiquement la communauté de tous les musulmans (umma), les islamistes ont une stratégie politique de prise du pouvoir d'État, mais d'un État qui est aussi une nation précise (Turquie, Iran, Égypte). Soucieux de gérer ce pouvoir d'État, ils moulent dans le cadre des réalités politiques et stratégiques de leur époque. Ils doivent d'ailleurs souvent leur popularité à leur action sociale, voire à leur gestion municipale (comme en Turquie, où la mairie d'Istanbul est dirigée par Recep Erdogan, alors membre du Refah, de 1994 à 1998). Mais, après la décennie révolutionnaire des années 1980, les grands mouvements islamistes sont partout devenus avant tout nationalistes : comme le régime iranien, qui défend aujourd'hui uniquement les intérêts nationaux du pays, mais aussi le Hamas palestinien (lequel n'a jamais attaqué Arafat sur l'islam, mais toujours sur ses compromis avec Israël), l'A.K.P. turc, le Hezbollah libanais, le F.I.S. algérien, ainsi que les différentes branches des Frères musulmans. Du coup, les grands mouvements islamistes se sont modérés en politique : ils se présentent aux élections quand on les y autorise (Koweït, Jordanie, Algérie), passent des alliances électorales (Turquie), acceptent la légalité constitutionnelle (Iran). Il n'y a plus de mouvements terroristes qui leur soient liés, même si, localement, certains d'entre eux sont impliqués dans la violence armée (Hamas palestinien). La contrepartie de leur assagissement est qu'ils poussent, quand ils participent au pouvoir, à une politique conservatrice en termes de mœurs et de statut de la femme. En un mot, l'idée de révolution islamique ne fonctionne plus. Beaucoup d'anciens radicaux oscillent désormais entre l'adoption d'une ligne libérale, de type démocratie chrétienne (Khatami en Iran, Erdogan en Turquie, Ghannuschi en Tunisie), ou le retour à un fondamentalisme traditionnel (les conservateurs iraniens). Mais, tout comme pour les mouvements marxistes, cette normalisation des grands mouvements islamistes laisse un espace de contestation ouvert à des mouvements, souvent des groupuscules, beaucoup plus radicaux, qui prônent, comme Al-Qaida, l'action directe par l'exemple (attentats spectaculaires, assassinats de dirigeants), au détriment d'une action politique[...]

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Révolution islamique en Iran, 1979 - crédits : Pathé

Révolution islamique en Iran, 1979

Manifestation en faveur de Khomeyni à Téhéran, 1980 - crédits : Keystone/ Hulton Archive/ Getty Images

Manifestation en faveur de Khomeyni à Téhéran, 1980

Recep Tayyip Erdogan et José Manuel Durão Barroso à Bruxelles, 2004 - crédits : Commission européenne

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