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ISLAM (Histoire) Le monde musulman contemporain

Indonésie

Bien que n'entrant guère encore dans le champ d'étude des islamologues occidentaux, l'Indonésie arrive nettement en tête de tous les pays du monde par l'importance de sa population musulmane (plus de 87 % sur un total d'environ 205 millions d'habitants en 2000). Ce n'est pourtant pas un « État islamique », et l'idéologie officielle, le Pančasíla, adoptée au lendemain de l'indépendance, en 1945, se contente de poser comme premier principe « la croyance en un Dieu unique ». À Jakarta, le ministère des Cultes comprend en conséquence cinq sections : islam, protestantisme, catholicisme bouddhisme et hindouisme (principalement balinais). L'esprit de tolérance qui permettait la bonne entente entre les confessions différentes et, en particulier, rendait possible la coexistence de divers droits privés (coutumier, européen et musulman) a été remis en cause par l'émergence de conflits dont certains ont pris une tournure religieuse dans les années 1990.

L'histoire

Des raisons historiques font de l'islam indonésien un islam assez particulier. Comme en Iran, comme en Inde, il ne s'agit pas ici d'un islam « arabe » ; si l'arabe reste, bien sûr, la langue religieuse par excellence, la langue de l'islamisation a été le malais, noté certes en caractères arabes du xve au xixe siècle et enrichi de nombreux néologismes arabo-persans, mais linguistiquement bien distinct. C'est le malais qui, porté d'un bout à l'autre de l'Archipel par les marchands musulmans, a contribué à l'unité culturelle et est devenu au xxe siècle langue nationale sous le nom d'« indonésien » ; les individus effectivement venus d'Arabie ont toujours été peu nombreux, de même que les Indonésiens assez instruits pour pouvoir s'exprimer couramment en arabe. Il s'agit, en outre, d'un islam relativement tardif ; des voyageurs arabes ont fait escale dans l'Archipel, sur la route qui les menait en Chine, dès les premiers siècles de l'hégire, mais l'islamisation proprement dite n'a pas commencé avant la fin du xiiie siècle (Marco Polo est le premier à en signaler les effets dans le nord de Sumatra), et se poursuit encore au xxe siècle. Cela explique que, dans certaines régions, sous un « vernis » islamique subsistent bien souvent les traces plus ou moins apparentes de cultures antérieures. Ce fait est particulièrement net à Java qui, avant que ne commence l'islamisation (à partir du xve s.), avait connu une riche culture indianisée durant un millénaire. Le maintien d'une « religion » ou d'une « philosophie javanaise » (kejawén), empreinte d'islam, mais conservant un bon nombre de croyances plus anciennes et faisant une large place à la méditation et à la science de l'« intériorité » (kebatinan), est sans aucun doute l'un des traits majeurs de la situation confessionnelle à Java.

Si l'on envisage le problème sous l'angle du « modernisme », il faut d'abord insister sur ce que l'islam pouvait avoir de « moderne », aux xve-xvie siècles, par rapport aux systèmes religieux préexistants, et tout particulièrement par rapport au système indo-javanais. Tout comme le fera le christianisme après lui, l'islam apportait en effet l'idée d'un temps orienté, sous-tendu entre une création et une fin du monde, celle d'un espace géographique, et non plus cosmologique, organisé autour du grand centre de La Mecque où les nouveaux convertis prirent peu à peu l'habitude de se rendre en pèlerinage, celle enfin d'une société en théorie égalitaire faite de la juxtaposition d'individus et non plus de la seule imbrication de relations hiérarchiques. Ce stimulus, qui anima pendant longtemps les sociétés portuaires constituées en sultanats, finit par s'émousser au contact des anciennes hiérarchies[...]

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Écrit par

  • : directeur de recherche au C.N.R.S. et à la Fondation nationale des sciences politiques (C.E.R.I)
  • : docteur ès lettres et sciences sociales, directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques
  • : chargée de recherche au C.N.R.S.
  • : chercheur au C.N.R.S.
  • : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
  • : chargé de recherche de première classe au C.N.R.S., responsable de l'équipe cultures populaires, Islam périphérique, migrations au laboratoire d'ethnologie de l'université de Paris-X-Nanterre, expert consultant auprès de la C.E.E. D.G.V.-Bruxelles
  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
  • : directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
  • : docteur en histoire orientale, maître de conférences à l'Institut national des langues et civilisations orientales
  • : professeur à l'université de Provence
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Nasser et la R.A.U. - crédits : Keystone/ Getty Images

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