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ISLAM (Histoire) Le monde musulman contemporain

Europe balkanique

Dans les Balkans, les musulmans – pratiquants ou non – représentent, dans les années 2000, environ six millions de personnes, réparties en huit États, anciens ou nouvellement créés : Grèce (environ 165 000, soit 1,5 % de la population totale) ; Albanie (environ 2 100 000, soit 70 % de la population totale) ; Macédoine (environ 600 000, soit 30 %) ; Bulgarie (1 000 000, soit 12,5 %) ; Bosnie-Herzégovine (1 800 000, soit 43 %) ; Serbie, avec le Kosovo (300 000 soit 3 %) ; Monténégro (109 000, soit 16 %) ; Roumanie (66 000, soit 0,3 %). Il existe également une population musulmane issue de l'émigration économique intra-yougoslave en Croatie (60 000 ressortissants environ) et en Slovénie (50 000). Ces chiffres ne représentent cependant que des estimations, car, d'une part, les recensements officiels effectués dans les dernières décennies ne tiennent qu'exceptionnellement compte de l'appartenance confessionnelle, d'autre part, des évolutions démographiques rapides et souvent brutales se sont produites dans la période récente, à la suite des bouleversements politiques et sociaux : exode des Turcs de Bulgarie, déplacement et fuite des musulmans de Bosnie-Herzégovine, exil politique et économique des Albanais du Kosovo, émigration massive des Albanais d'Albanie vers la Grèce et l'Italie surtout.

Les communautés musulmanes, qui ne constituent donc globalement qu'une minorité de la population balkanique – majoritairement orthodoxe –, peuvent être considérées comme la part la plus visible de l'héritage de la longue domination ottomane sur ces régions. Leur formation résulte à la fois de l'installation de populations musulmanes turcophones et de la conversion à l'islam de populations locales. Mais leur profil a été modifié par la suite, au fil des développements sociopolitiques qui se sont produits dans le cadre des États-nations fondés aux xixe et xxe siècles, ainsi que des processus migratoires et identitaires qu'ils ont entraînés.

Hétérogénéité des communautés

Les populations musulmanes balkaniques sont loin de former un tout homogène, tant sur les plans géographique et démographique qu'ethnico-linguistique, politique et religieux. Elles appartiennent à quatre grands groupes linguistiques : les albanophones forment le groupe le plus important ; viennent ensuite les slavophones (qui se subdivisent en locuteurs du « bosniaque », du serbo-croate, du macédonien et du bulgare), les turcophones (surtout dans la partie orientale de la péninsule) et enfin les Tsiganes (parlant le rom et d'autres langues vernaculaires). Les cas de multilinguisme, cependant, sont encore très fréquents. Pour cette raison, mais aussi pour des raisons politiques et sociales, l'identification ethnico-nationale reste fluide et changeante, surtout dans les zones de contacts entre différents groupes.

Au-delà du degré de religiosité qui peut être extrêmement variable, il existe aussi des différences notables entre une majorité sunnite (de rite hanéfite) et des groupes alevīs-kizilbaş (en Thrace grecque et en Bulgarie) ou bektachis (en Albanie méridionale et centrale, dans quelques régions de Macédoine occidentale et à Djakovica au Kosovo), qui ont en commun certains rites, ainsi qu'une dévotion particulière pour Ali, le gendre de Mahomet, et sa famille, ce qui les éloigne de l'orthodoxie islamique. Situées entre ces deux pôles, d'autres confréries mystiques ont de tout temps tissé des réseaux dans les Balkans et encadré la vie religieuse et sociale de nombreux musulmans.

Tendances laïcistes et réislamisations

Politiquement, les populations qui professaient l'islam furent contrôlées et intégrées de différentes manières, selon leur configuration propre et les États dans lesquels elles furent englobées. Séparées politiquement, les[...]

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  • : directeur de recherche au C.N.R.S. et à la Fondation nationale des sciences politiques (C.E.R.I)
  • : docteur ès lettres et sciences sociales, directeur de recherche à la Fondation nationale des sciences politiques
  • : chargée de recherche au C.N.R.S.
  • : chercheur au C.N.R.S.
  • : directeur de recherche au C.N.R.S., directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
  • : chargé de recherche de première classe au C.N.R.S., responsable de l'équipe cultures populaires, Islam périphérique, migrations au laboratoire d'ethnologie de l'université de Paris-X-Nanterre, expert consultant auprès de la C.E.E. D.G.V.-Bruxelles
  • : directeur d'études à l'École des hautes études en sciences sociales
  • : membre de l'Institut, professeur émérite à l'université de Provence-Aix-Marseille-I
  • : directeur de recherche émérite au C.N.R.S.
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  • : professeur à l'université de Provence
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Nasser et la R.A.U. - crédits : Keystone/ Getty Images

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