- 1. Histoire de l'histoire de l'art islamique
- 2. Les principaux domaines de la créativité artistique
- 3. Les grands chapitres de l'art islamique
- 4. Les forces nouvelles venant d'Asie centrale (du XIe à la fin du XVe s.)
- 5. L'évolution de l'art hispano-maghrébin (XIe-XVIIIe s.)
- 6. L'art des empires des XVIe-XVIIe siècles
- 7. Bibliographie
ISLAM (La civilisation islamique) L'art et l'architecture
L'art des empires des XVIe-XVIIe siècles
Au début de l'« ère moderne » (mais cette notion n'a guère de sens dans le contexte islamique), trois empires dominent la scène islamique. Les Ottomans, depuis leurs capitales successives, exportent leur art – un art de cour – jusque dans les provinces les plus lointaines ; les Séfévides érigent un premier État national iranien dont l'art est largement tributaire de celui des Timourides et des Il-Khanides ; les Moghols, descendants des Timourides, trouvent des expressions artistiques propres dans lesquelles le génie turc, rigoureux et organisateur, s'allie au raffinement de l'art persan et à l'imagination déployée dans les traditions artistiques du Penjab.
L'intrusion brutale de l'Occident à partir des xvie-xviie siècles, la décadence progressive de la création artistique, l'aspiration, à l'époque actuelle, à retrouver des formes d'expression propres sont des traits communs aux trois aires culturelles, et l'analyse de ces phénomènes dépasserait le cadre de cet article.
Les Ottomans virent l'apogée de leur règne au xvie siècle. La stature du grand Sinan, architecte contemporain de Soliman le Magnifique, a relégué dans l'ombre les mérites des autres maîtres d'œuvre ottomans. S'il est certain que Sinan porta à son aboutissement des recherches spectaculaires autour de la salle couverte d'une coupole, il est également certain que celles-ci avaient commencé bien plus tôt et même bien avant la prise de Constantinople. La grande mosquée ottomane classique se compose d'un vaste espace unifié sous une coupole, précédé d'une cour à portiques abritant une fontaine monumentale, et de minarets élancés. Les grandes fondations princières sont accompagnées de complexes architecturaux qui regroupent médersas, cuisines des pauvres, hôpitaux, etc., selon une ordonnance rigoureuse. L'opposition entre les demi-sphères pesantes des dômes et les flèches des minarets anime le paysage d' Istanbul comme de toute autre ville ottomane. Sinan a incontestablement assimilé les leçons de l'architecture byzantine, mais ce sont aussi les traditions proprement ottomanes des édifices d'Iznik, de Bursa et d'Edirne qui nourrissaient ses projets, auxquels son expérience d'ingénieur donna des bases solides. Devant les salles d'apparat et les pavillons plus intimes, devant leur savante intégration dans des jardins ombragés, on a tendance à oublier le côté éminemment pragmatique de l'architecture ottomane : les travaux de terrassement, les ponts et les aqueducs multiples, les casernes et cuisines des ensembles palatiaux (dont le Topkapi Sarayi est l'exemple le plus célèbre parmi bien d'autres) contribuent autant à l'originalité du génie créateur ottoman qu'à ses manifestations de luxe, de beauté et de richesses. Les manufactures de céramiques – vaisselles ou revêtements muraux – (à Iznik), de soieries (à Bursa) et de tapis (Ušak en est le centre le plus célèbre), les albums et les manuscrits illustrés (les plus beaux sortant du kitāb-khāna – scriptorium – du Topkapi Sarayi) témoignent du mécénat des souverains ottomans, comme les institutions charitables attestent leurs préoccupations de patronat.
L'art ottoman a puisé à des sources multiples et variées ; son sens de l'organisation méthodique, son attention à la perfection matérielle, son organisation administrative, centralisée à l'extrême, permirent à cette dynastie de fondre ces apports multiples en un langage artistique spécifique, qui a transformé un art de cour en art d'un empire ; imposé à des provinces aussi lointaines que différentes, qui repensèrent les formules importées de la capitale, l'art de cette dynastie eut une influence et une vitalité formidables.
Dans[...]
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Écrit par
- Marianne BARRUCAND : professeure d'histoire de l'art et d'archéologie islamiques à l'université de Paris-IV-Sorbonne
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Médias
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