ISLAM (La religion musulmane) Les fondements
La loi de l'islam
Les sources
La législation de l'islam s'est élaborée peu à peu à partir du Coran considéré comme le texte de base intangible, bien qu'en fait la jurisprudence ait empêché momentanément l'application de mesures difficilement exécutables. Ainsi l'ordre de couper la main du voleur a-t-il été suspendu par le calife Omar lors d'une famine ; et des juristes tardifs ont argué du fait que des masses entières étaient sous-alimentées pour proroger une telle tolérance. Depuis les années 1970, on constate un retour à l'application de cette loi sous la pression des associations musulmanes, comme en Libye et en Iran, sans parler des pays qui ont toujours appliqué une telle loi (l'Arabie Saoudite, par exemple).
Comme le Coran ne pouvait préciser tout, les musulmans des premiers siècles ont cherché dans l'exemple de Muḥammad et de ses compagnons des compléments de législation. Ainsi est née la science des traditions (ou ḥadīth), extrêmement développée dans l'Islam. Des érudits ont recueilli dans tout le monde musulman des masses de traditions comprenant chacune un texte et la liste de ceux qui l'avaient transmis, sorte de généalogie de transmetteurs, remontant en général jusqu'à Muḥammad. Mais comme beaucoup de gens avaient eu intérêt à forger des textes pour y trouver appui lors des conflits d'idées ou de tendances, une masse de traditions apocryphes a également submergé l'islam. Aussi les docteurs de la Loi ont-ils élaboré toute une science de la critique des traditions pour dégager celles qui avaient de la valeur, puis ils ont rassemblé celles dont la solidité leur semblait prouvée. Il en est résulté un ensemble de corpus dont les plus autorisés sont les Authentiques de Bokhārī (m. en 869) et de Muslim (m. en 875).
En outre, des juristes ont introduit d'autres principes pour compléter le Coran et les traditions. Le consensus des savants d'une période donnée sur une question donnée (idjmā‘), l'intérêt commun (istiṣlāḥ), l'interprétation personnelle (ra'y), le raisonnement par analogie (qiyās) ont été largement utilisés par les uns aussi bien que discutés ou même refusés par les autres. Une activité débordante, rappelant celle des rabbins, s'est alors déployée en vue de traiter de nombreuses questions, les unes vitales, les autres assez spécieuses.
Les principales écoles juridiques
Les musulmans se sont répartis en diverses écoles juridiques, appelées parfois « rites », car leurs prescriptions s'étendaient au domaine de la liturgie, et dont les quatre principales écoles sont les suivantes :
– l' école ḥanafite, fondée par l'imām Abou Ḥanīfa (m. en 767), en Mésopotamie, qui fut surtout répandue par les Turcs et se rencontre en Turquie, en Inde, en Chine ; cette école, d'esprit assez large, est celle qui fait le plus appel à la raison ;
– l' école mālikite de l'imām Mālik (m. en 795), implantée en Arabie, en Afrique du Nord, en Afrique occidentale, en haute Égypte, au Soudan ;
– l' école shāfi‘ite de l'imām al-Shāfi‘i (m. en 820) enterré au Caire, qui se rencontre en basse Égypte, en Syrie, en Arabie du Sud, en Malaisie, en Indonésie, en Afrique orientale et qui met en avant la notion de consensus ;
– l' école ḥanbalite de l'imām Ibn Ḥanbal (m. en 855), qui « marque nettement une réaction vers un traditionalisme strict » et ne se trouve guère qu'en Arabie.
Les sciences juridiques ont continué par la suite à être l'objet d'une grande activité. La recherche personnelle libre (ou idjtihād) en cette matière a été très vite limitée. Mais à l'heure actuelle, de nombreuses voix réclament que l'on rouvre « les portes de l'idjtihād ». Le rôle du muftī est de donner officiellement[...]
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Écrit par
- Jacques JOMIER : docteur ès lettres, membre de l'Institut dominicain d'études orientales du Caire, membre de l'Institut d'Égypte.
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Média
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