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ISLAM (La religion musulmane) Les sciences religieuses traditionnelles

La civilisation islamique, développée sous l'influx de la religion musulmane, s'est donné tout un ensemble d'expressions culturelles. Certaines d'entre elles portent sur l'islam en tant précisément que religion. Nous les appelons ici « sciences religieuses traditionnelles ». Pourquoi traditionnelles ? Pour deux raisons, c'est-à-dire en deux sens. Ces sciences religieuses sont traditionnelles, d'abord, parce qu'elles sont religieuses. Qui dit religion, dit communauté. Transmettant dans la communauté ce qui lui donne sa vie spécifique, la tradition est inséparable de la religion. Dans le cas de l'islam lui-même, la religion est tout entière fondée sur un livre (le Coran) et un modèle (le Prophète) qui requièrent une tradition pour être maintenus en mémoire, justement et pleinement interprétés, valablement actualisés. Mais, d'un autre côté, ce courant vital s'est souvent fixé et figé, dans l'islam, en traditions d'écoles ou en formules rapportées aux autorités majeures (ḥadīth, khabar) : de ce point de vue aussi, les sciences religieuses sont traditionnelles.

Une classification générale des sciences a souvent été faite, dans l'islam, par des institutions d'enseignement ou par des auteurs isolés, mais le vocabulaire technique n'y est pas constant. On distingue deux grands groupes, dont l'un est celui des sciences fondées sur les lois et l'activité de la raison, ‘aql, d'où divers mots de même racine pour les désigner : ‘aqliyyāt, ma‘qūl... L'autre grand groupe, le premier en vérité, celui qui nous occupe, rassemble les sciences « fondées sur l'audition des autorités » (sam‘iyyāt), ou « transmises » (manqūl), ou « fondées sur la Révélation » (shar‘iyya). Les nommer « sciences religieuses traditionnelles » n'est donc pas une traduction de l'arabe, mais un équivalent.

Il faut noter avec soin que ces sciences « traditionnelles », c'est-à-dire acceptées par la tradition musulmane, ne le sont pas toutes au même degré. Il y a entre elles une hiérarchie. Les sciences du Coran et celles des traditions prophétiques (ḥadīth) occupent fermement les deux premières places, suivies par le droit (ou jurisprudence : fiqh) avec la science de ses principes (uṣūl al-fiqh). Ensuite vient la systématisation dogmatique : « les principes de la religion » (uṣūl al-dīn, encore appelés ‘aqīda : « doctrine de foi ») ; la théologie dialectique (‘ilm al-kalām) en est une forme rationalisée qui ne fait pas l'unanimité. Quant au soufisme (taṣawwuf) ou à la gnose spirituelle (‘irfān), en dépit de leur grande ancienneté et de leur énorme influence passée et présente, ils restent en butte au rejet ou à la suspicion de nombreux musulmans, parfois très représentatifs.

Nos sciences religieuses traditionnelles sont quelquefois dites « arabes ». Elles englobent de fait les sciences du langage arabe, à commencer par sa grammaire et sa lexicologie. C'est que l'arabe est la langue du Coran, parole de Dieu, et la langue du Prophète, dont les paroles personnelles appartiennent aussi à la Révélation. Il s'ensuit une véritable sacralisation de l'arabe, étroitement lié à l'islam.

La religion musulmane est ainsi entourée de sciences qui l'éclairent, la déploient, l'affermissent, mais aussi la limitent et l'entravent. La plupart des courants musulmans contemporains s'accordent à vouloir les rénover, mais s'opposent sur les moyens à prendre pour y parvenir.

Les sciences du Coran

La religion musulmane est née du Coran. L'impact du Coran sur la civilisation islamique est extraordinaire. Aussi le Livre par excellence a-t-il été très tôt la source et l'objet de questionnements, de réflexions, d'enquêtes où les musulmans n'ont cessé d'étendre, de ramifier,[...]

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Écrit par

  • : professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Paris
  • : professeur honoraire à l'université de Lyon-III, ancien directeur de recherche pour les études arabes et islamiques
  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)
  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)
  • : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)

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