ISLAM (La religion musulmane) Les sciences religieuses traditionnelles
Le droit
Existe-t-il un »droit » musulman ? Le droit dit »musulman » est-il un droit canonique, c'est-à-dire religieux ? Par quoi se distingue-t-il des prescriptions morales imposées aux fidèles de l'islam ? Après en avoir déterminé la nature, les structures et les caractères fondamentaux, il faudra en retracer les grandes lignes dans les divers domaines que le droit embrasse d'une manière générale. Le tableau d'ensemble des normes musulmanes sera suivi d'une vue sur les perspectives d'avenir d'un système multiséculaire, dont l'aire d'application se trouve à l'heure actuelle très réduite. Mais, tout d'abord, un bref aperçu historique renseignera sur les diverses phases de développement du droit musulman.
Aperçu historique
L'ensemble du message de Mahomet constitue le livre sacré de l'islam appelé Coran (Qur'ān). Mais le Coran ne contient qu'un nombre dérisoire de textes ayant un caractère proprement juridique. En l'an 660, la dynastie des Omeyyades créa un royaume arabe ayant pour capitale Damas, mais le centre de gravité de l'État musulman passa ensuite à Bagdad où les Abbassides fondèrent l'empire qui devait donner à la civilisation musulmane son plein essor. C'est alors seulement que l'on constate l'existence d'un droit musulman entièrement élaboré. La première compilation exhaustive qui nous soit parvenue remonte au xie siècle. En fait, tout au cours du ier siècle de l'Islam, la communauté musulmane a vécu sous l'empire du droit coutumier qui était alors en vigueur soit au Ḥidjāz soit en ‘Irāq. Sous les Omeyyades, les qāḍīs ( qāḍī) nommés par les califes (khalīfa) ont dû faire face à une société plus développée. Ils ont rendu la justice en faisant état du droit en vigueur, mais aussi en prenant en considération qu'ils détenaient leur pouvoir du calife musulman et que le droit applicable devait être un droit adapté à la nouvelle foi. Mais, jusqu'ici, la « science » du droit musulman n'était pas née. La doctrine musulmane n'apparaît dans l'histoire qu'après l'avènement des Abbassides. Elle a alors pris corps sous une forme achevée, dans la compilation de Šaybānī (mort en 189 de l'hégire). Cet auteur se réclame d' Abū Ḥanīfa (m. en 150 hég.) qui a été considéré comme le fondateur du droit appelé, de son nom, hanéfite. Il mentionne également un autre disciple de ce fondateur : Abū Yūsuf Ya‘qūb (m. en 182 hég.). Tous ces noms que la tradition a conservés n'ont pu, malgré tout, fonder d'un coup tout le système juridique qu'incarne le droit hanéfite. En fait, le système dit hanéfite n'est que la cristallisation d'un droit de source irakienne qui a été accommodé aux besoins de la société musulmane. Mais, au même moment ou à peu près, un autre droit appelé malékite prend consistance. Il est rattaché à Mālik ibn Anas (m. en 179 hég.). En fait, Mālik et ses prédécesseurs (les sept jurisconsultes de Médine) ont modelé la coutume médinoise, et le droit dit malékite n'est qu'une nouvelle dénomination du système juridique appelé médinois et qui était toujours opposé, dès avant la fondation des écoles, au système irakien.
L'histoire du droit musulman a, depuis, traversé trois phases. La première que nous appellerons « préclassique » est celle où les compilations fondamentales ont vu le jour. Le fait prédominant de cette période est celui de la prolifération des écoles. Déjà en Syrie, tout au début de l'époque préclassique, al-Awzā‘ī (m. en 157 hég.) avait essayé de poser les bases d'une école autonome. Mais après la fondation des écoles hanéfite et malékite, à l'intérieur de l'orthodoxie musulmane (sunnites), al- Shāfi‘ī (m. en 204 hég.) fondera l'[...]
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Écrit par
- Chafik CHEHATA : professeur à la faculté de droit et des sciences économiques de Paris
- Roger DELADRIÈRE : professeur honoraire à l'université de Lyon-III, ancien directeur de recherche pour les études arabes et islamiques
- Daniel GIMARET : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)
- Guy MONNOT : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (Ve section, sciences religieuses)
- Gérard TROUPEAU : directeur d'études à l'École pratique des hautes études (IVe section)
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