ISLANDE
Nom officiel | République d'Islande (IS) |
Chef de l'État | Gudni Th. Jóhannesson (depuis le 1er août 2016) |
Chef du gouvernement | Bjarni Benediktsson (depuis le 11 janvier 2017) |
Capitale | Reykjavik |
Langue officielle | Islandais |
Unité monétaire | Couronne islandaise (ISK) |
Population (estim.) |
403 000 (2024) |
Superficie |
103 000 km²
|
La littérature
Même s'il est encore trop mal connu en France, le phénomène islandais – littéraire, notamment – est tellement extraordinaire que les spécialistes parlent volontiers de « miracle ». Ce pays à la population minuscule a su donner aux lettres européennes, dès le xiie siècle et presque sans discontinuer, l'une des plus remarquables littératures de l'Occident.
L'ère de la grandeur
Les Islandais n'ayant appris à écrire, aux divers sens du mot, qu'après la christianisation de leur île (999) et selon les enseignements de l'Église, il n'existe pas d'œuvre de leur main antérieure à 1100 approximativement. Et leurs premiers écrits accusent fortement l'influence de la littérature hagiographique, du style clérical dit style savant (lœrᵭumstil), et d'une conception du monde orientée par l'augustinisme.
Pourtant, dès le commencement, la littérature islandaise présente trois caractères originaux : elle bénéficie, presque d'emblée, d'écrivains de génie qui mènent immédiatement certains genres, histoire et récit en prose en particulier, à un point de perfection ; elle est le fait d'auteurs qui, presque tous, ou bien descendent directement de Vikings célèbres (on se rappellera que, vers 1050, le phénomène viking a disparu) et, à ce titre, gardent quelque chose d'un esprit d'aventure, d'entreprise et d'ouverture, ou bien restent comme imprégnés d'une conception active, énergique, de la vie et du destin ; surtout, elle possède, selon toute probabilité, une tradition orale prodigieusement riche où se mêlent non seulement les souvenirs récents des actes prestigieux des ancêtres célèbres – Norvégiens, Danois et Irlandais en majorité –, mais encore les évocations de textes anciens, religieux ou profanes, nés dans toute la Scandinavie antérieurement au ixe siècle et, de plus, partiellement, les grandes traditions sacrées ou épiques du monde germanique.
Pendant deux siècles, toute l'Islande s'est mise à écrire sur tous les sujets en usage à l'époque et, en ce qui concerne les textes eddiques et scaldiques en particulier, il est presque impossible, dans la plupart des cas, de décider s'ils ont été fidèlement retranscrits selon une tradition orale bien vivante, ou s'ils ne l'ont que partiellement été, ou même s'ils ont purement été inventés à partir de réminiscences plus ou moins vagues. Néanmoins, pour la commodité de la présentation, on a l'habitude, après avoir fait droit au rôle éminent des deux initiateurs, Ari Þorgilsson inn fróᵭi et Saemundr Sigfússon inn fróᵭi, de distinguer dans la production de l'Islande médiévale quatre courants, probablement successifs, mais en fait souvent parallèles : l'eddique, le scaldique, le clérical et le (para-)historique.
De Saemundr inn fróᵭi (le Savant, le Sage ; 1056-1133), dont toute l'œuvre est perdue, on ne sait rien sinon qu'il écrivit en latin une chronique des rois de Norvège, qui a dû donner le ton et servir de modèle à l'historiographie islandaise. En revanche, on est mieux renseigné sur Ari inn fróᵭi (1067 ou 1068-1148), prêtre-chef (goᵭi), qui composa, entre autres ouvrages, l'Íslendingabók (Livre des Islandais) dans lequel il raconte l'histoire de l'île, de la colonisation à ses jours, en passant par la christianisation. Par sa volonté de rigueur scientifique, étonnante pour l'époque, par sa façon d'utiliser ses sources et d'en faire la critique, surtout par son style, rapide sans sécheresse, il met au point le type d'écriture d'une littérature qui saura maintenir ses trois grandes qualités : l'objectivité, la précision, le dynamisme. Il se pourrait qu'Ari ait été aussi l'inventeur d'une œuvre unique en son genre dans la littérature mondiale, et qui connaîtra de nombreuses versions ou remaniements[...]
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Écrit par
- Régis BOYER : professeur émérite (langues, littératures et civilisation scandinaves) à l'université de Paris-IV-Sorbonne
- Maurice CARREZ : ancien élève de l'École normale supérieure de la rue d'Ulm et de l'Institut national des langues et civilisations orientales, professeur d'histoire contemporaine à l'institut des hautes études européennes de l'université de Strasbourg
- Édouard KAMINSKI : professeur des Universités, Institut de physique du globe de Paris, volcanologue
- Lucien MUSSET : maître de conférences à l'université de Caen
- Claude NORDMANN : professeur à l'université de Lille-III
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
Classification
Médias
Autres références
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