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ISOCRATE (436-338 av. J.-C.)

Orateur grec, né dans le dème d'Erchia, dont le père, Théodoros, était un fabricant d'instruments de musique aisé. Isocrate reçoit l'enseignement des sophistes, en particulier de Prodicos, et il entendra aussi Socrate. Lorsque son père se trouve ruiné, après la guerre du Péloponnèse, Isocrate, se tourne vers l'éloquence : il suit en Thessalie les cours du vieux Gorgias, et, vers ~ 400, il se fait logographe à Athènes. Puis il renonce à l'éloquence judiciaire (sa voix était, paraît-il, faible, et son caractère timide), et vers ~ 393, il ouvre une école de rhétorique qui connaîtra un grand succès. Elle est fréquentée par de futurs hommes d'État et des orateurs, par Lycurgue, par Hypéride entre autres, par des hommes politiques, par des princes. Il est leur conseiller, et devient très riche et très honoré. Il garde longtemps une exceptionnelle vigueur puisqu'il compose son Panathénaïque à l'âge de quatre-vingt-dix-sept ans. On dit qu'il s'est laissé mourir de faim quelques jours après Chéronée (~ 338) devant l'écroulement de ses illusions politiques.

Soixante discours lui étaient attribués dans l'Antiquité, dont vingt-huit sont reconnus authentiques. Aujourd'hui, on en connaît vingt (douze discours politiques ou d'apparat, et huit discours judiciaires), ainsi que dix lettres sur des sujets politiques, des fragments d'un Traité de rhétorique et de discours perdus. Parmi les plus célèbres de ces discours, l'Éloge d'Hélène et Busiris sont des discours sophistiques ; le Trapézitique et l'Éginétique sont des discours judiciaires ; le Discours panégyrique (publié en ~ 380), l'Aréopagitique (~ 355 env.), le Panathénaïque, Sur la paix, le Plataïque et l'Archidamos sont des discours épidictiques et politiques ; Contre les sophistes et Sur l'échange traitent de l'éducation et de l'éloquence.

Pour Isocrate, l'éloquence est le plus noble exercice de la pensée, elle est une véritable formation esthétique et morale. Par la grandeur de ses sujets et par la beauté de la forme, il élève, en effet, la technique du discours au niveau d'un art véritable. Il méprise autant le divertissement frivole des sophistes marchands de recettes que l'éloquence judiciaire attachée à des débats mesquins : selon lui, l'éloquence doit se proposer de plus hautes fins que les simples jeux de l'esprit exercés en dépit de la vérité. Il s'agit, en effet, de former des citoyens vertueux grâce à une culture intellectuelle complète qu'il appelle d'ailleurs « philosophie ». (« Il y avait dans Isocrate de la philosophie », reconnaîtra Platon dans Phèdre.) Toutefois, Isocrate condamne aussi les études purement spéculatives (celles des physiciens à la manière d'Empédocle, celles des adeptes des sciences positives, géomètres et astronomes, celles des dialecticiens à la manière de Platon), car l'éloquence doit déboucher sur l'action. Ses vues politiques le portent à vouloir réaliser l'entente des Grecs contre les Barbares. Aussi plaide-t-il la réconciliation définitive de Sparte et d'Athènes dans le Discours panégyrique qu'il mit, dit-on, quinze ans à écrire (et qui ne fut pas prononcé) : il y fait valoir les droits d'Athènes à l'hégémonie pour une expédition panhellénique contre la Perse. Mais l'hégémonie d'Athènes n'étant acceptée ni par les Grecs ni par Athènes elle-même, Isocrate cherche à l'étranger un chef capable de réaliser l'entente hellénique : il sollicite successivement Jason, tyran de Phères en Thessalie, Archidamos, fils du roi de Sparte, Agésilas, puis Philippe de Macédoine. C'est Alexandre qui réalisera quelques années plus tard ce projet, mais les Grecs lui seront asservis, ce qu'Isocrate n'avait jamais voulu. Isocrate expose également ses vues sur la politique intérieure[...]

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