ISOZAKI ARATA (1931-2022)
L'architecte japonais Isozaki Arata est né le 23 juillet 1931 à Ōita dans l'île de Kyūshū. En 1956, il est diplômé de l'université de Tōkyō. Son expérience professionnelle avait débuté dès 1954 chez le plus célèbre et le plus influent des architectes japonais de la seconde moitié du xxe siècle, Tange Kenzō, dont il a suivi les cours de 1950 à 1954. Cet apprentissage lui permet de participer très tôt à des projets importants : le bâtiment de la préfecture de Kanagawa (1958), l'hôtel de ville d'Imabari (1957-1958), le plan d'aménagement de la baie de Tōkyō (1960).
À partir de 1960, Isozaki s'installe à son compte. Son nom ne figure pas sur la liste des membres du groupe Métaboliste qui ébranle alors la scène architecturale locale. Pourtant, certains de ses projets théoriques, City in the Air (1961) et Cluster in the Air (1962), ne sont pas très éloignés des thèses alors défendues par les Métabolistes. D'un autre côté, le bâtiment de la bibliothèque préfectorale d'Ōita (1966) est encore très marqué par ce qu'il a appris chez Tange (l'expression formelle forte qu'autorise l'utilisation du béton armé), même s'il tente d'y développer de nouvelles idées conceptuelles autour du thème d'une « architecture croissante ». Tange Kenzō continue à faire appel à lui pour des projets comme celui de la reconstruction de Skopje (Yougoslavie) après le tremblement de terre de 1965 ou pour la place des Fêtes de l'exposition universelle d'Ōsaka en 1970.
Avec cette dernière réalisation, Isozaki aborde une nouvelle phase de son œuvre, dans laquelle les influences extérieures (locales ou étrangères) sont mieux assimilées et donc moins présentes. Il s'intéresse à l'utilisation de volumes primaires (le cube, le cylindre) qu'il combine dans des compositions fondées sur l'addition brutale. Il réalise alors toute une série de bâtiments emblématiques de ce changement d'attitude. On retrouve les compositions cubiques dans le musée préfectoral d'Art moderne de Gunma, à Takasaki (1974) ou dans le musée d'Art moderne de la ville de Kitakyūshū (1974), dans les voûtes cylindriques de la bibliothèque municipale de Kitakyūshū (1975) ou dans le Fujimi Country Club à Ōita (1978). Ce qui n'était dans un premier temps qu'une recherche sur des assemblages hétérogènes va progressivement devenir plus maniéré et aboutir à des projets comme le Centre civique de Tsukuba (1982). Pour donner une forme au centre de cette ville nouvelle au nord-est de Tōkyō, il n'hésite pas à faire des emprunts à Michel-Ange, à Claude-Nicolas Ledoux et à Borromini. Une nouvelle rupture apparaît alors dans une œuvre déjà bien mouvementée. À peine qualifie-t-on Isozaki de postmoderne qu'il défraye à nouveau la chronique dans les revues d'architecture du monde entier en proposant un retour à l'utilisation de formes géométriques simples pour le Musée d'art moderne de Los Angeles en Californie (1986).
Entre-temps, le projet du petit théâtre de Toga (1980) a séduit par sa simplicité et par l'utilisation d'un matériau que l'on ne voyait guère dans les œuvres d'Isozaki : le bois. Il réserve ce matériau à ses œuvres en milieu rural, comme en témoigne le projet de club-house Musashi Kyuryo (1987) dans la préfecture de Saitama, au centre duquel trône une tour d'accueil dont la structure est faite de quatre cèdres de vingt mètres de haut qui transforment la pièce en une sorte de monument.
En 1988, il réalise à Mito, près de Tōkyō, un complexe culturel organisé autour d'une tour tétraédrique en titane de 100 mètres de haut. Il achève, en 1991, le Team Disney Building à Orlando, en Floride, bâtiment aux formes curieuses, de verre et d'aluminium, et dans lequel il donne un rôle très étonnant[...]
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Écrit par
- Marc BOURDIER : architecte DPLG, docteur de l'université de Tokyo, professeur à l'École nationale d'architecture de Paris-La Villette
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias
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