GALVÁN ISRAEL (1973- )
De la consécration à la libération
Depuis 2004, Israel Galván est un artiste hors du commun. Certains, comme le critique Laurent Goumarre, vont jusqu'à comparer sa posture gestuelle à celle d'un Nijinski pour sa « silhouette râblée présentée de profil, le cul bas, la tête volontairement portée en avant ». Il signe alors des pièces de plus grande envergure encore, alternant formes simplifiées et plus complexes. Après avoir créé le solo de La Francesa (2006) pour sa sœur, la danseuse flamenco Pastora Galván qui, plus jeune que lui, suit une voie plus traditionnelle que la sienne, il conçoit Tabula rasa (2006), une pièce où il remet en question ses acquis de danseur flamenco, et qui anticipe La Curva (2010), pièce écrite en hommage à Vicente Escudero, le célèbre danseur de flamenco du début du xxe siècle.
Obsédé par la mort, la danse et sa résurrection, Israel Galván s'appuie sur l'Apocalypse de Jean (dernier livre du Nouveau Testament) pour El Final de esteEstado de cosas, Redux (2008), où il va jusqu'à danser dans un cercueil. Avec ce spectacle hors norme, présenté au festival d'Avignon en 2009, il devient le premier artiste espagnol associé au Théâtre de la Ville à Paris. Plus tragique et plus engagé encore, Lo Real, créé à Madrid en 2012, commémore l'extermination des gitans durant le nazisme. En 2014, il signe Solo, une pièce qu'il recrée différemment dans chaque lieu et présente cette année-là au festival Montpellier Danse sur le sable de la cour de l'Agora, sans musicien, faisant de tout son corps un instrument de percussion au cœur du silence. Torobaka, la même année, lui assure un succès mondial. Dans cette pièce écrite et conçue fraternellement avec le danseur d'origine bangladaise Akram Khan, monstre sacré du kathak – danse traditionnelle du nord de l'Inde –, il retourne aux origines gitanes du flamenco. Coup sur coup, en 2014 et 2015, Israel Galván reçoit le Premios Max, prix de théâtre le plus prestigieux d'Espagne. Plus que jamais, il affiche dans Fla.co.men, pièce créée en 2014, le choix d'un flamenco nouveau bien qu'inspiré par la tradition et ce, dans le but d'affirmer une présence au monde, à la fois passionnée et teintée d'humour.
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Écrit par
- Lise OTT : professeure de lettres, critique d'art, membre de l'Association internationale des critiques d'art
Classification
Média