VAN MECKENEM ISRAËL (av. 1450-apr. 1517)
Graveur né dans une famille originaire de Meckenheim près de Bonn, et non de Malines dans le Brabant comme on l'a longtemps cru à cause d'une mauvaise lecture des armoiries des Meckenem. Le père, Israël van Meckenem le Vieux, paraît avoir été surtout orfèvre. En 1464, il vend son bien situé près de Rheinbach et va très probablement s'établir à Clèves où il exécute en 1470 la grande monstrance destinée à l'église de Bocholt. L'érudition moderne tend à l'identifier avec le graveur anonyme baptisé Maître de la Passion de Berlin, et son importance en tant que l'un des premiers graveurs allemands d'ornement paraît certaine. Sa maîtrise technique suffirait à le distinguer de ses contemporains.
Mais son fils Israël van Meckenem le Jeune est bien plus connu, et son œuvre gravé (cinq cent soixante-dix pièces déjà recensées souvent reconnaissables aux initiales mêlées d'entrelacs I.M., I.v.M.) a une ampleur vraiment convaincante. Visiblement, Israël le Jeune a dû se former d'abord dans l'atelier paternel (seize de ses gravures sont des copies de planches du père), puis il fréquente le Maître E.S. vers 1466-1468, dans la région du lac de Constance, héritant sans doute de ses cuivres, car l'on connaît quarante et une gravures du Maître E.S. retouchées par Israël van Meckenem et cent quarante-cinq copies du même. Sa plus ancienne gravure datée (une planche d'ornement) remonte à 1465. En 1470, il séjourne à Bamberg. On ignore à quelle date il vient s'établir à Bocholt où il signe nombre de gravures, mais il apparaît plusieurs fois dans les archives de cette ville, notamment en 1480, en 1482, en 1488, en 1497, tant comme graveur que comme orfèvre (les deux professions sont alors très liées en Allemagne). Meckenem est un graveur actif et volontiers plagiaire, non seulement de son père et du Maître E.S. mais encore du jeune Dürer, de Holbein l'Ancien, du Maître du Livre de raison, de Schongauer, des monogrammistes P.W. et W.A., de Wenzel von Olmütz, entre autres, et ce trait est caractéristique d'habitudes artistiques très étrangères à nos modernes critères d'originalité et d'unicité. Meckenem est aussi un technicien scrupuleux et habile, un portraitiste avisé (dans la gravure où il se représente avec sa femme) et un heureux et assez original évocateur de scènes de la vie quotidienne (gravures de couples) qui lui assignent une place remarquable dans les débuts de la florissante gravure allemande des xve et xvie siècles. Aussi bien est-il déjà fort connu des anciens collectionneurs et spécialistes de gravures, et il n'est pas, en dépit des apparences, une découverte de l'érudition moderne : ainsi Van Mander le cite, en 1604, comme le Maître « von Mentz », Lomazzo, en 1585, comme « Israël Metro », l'inventaire de Rembrandt en 1655 comme Israël van Mens (et Rembrandt était un excellent collectionneur de gravures !), Sandrart comme Mechem ; Orlandi, Mechen, etc. Les corruptions de sa vraie dénomination suffiraient par leur nombre a attester la célébrité durable d'Israël van Meckenem.
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Écrit par
- Jacques FOUCART : conservateur des Musées nationaux, service d'études et de documentation, département des Peintures, musée du Louvre
Classification
Autres références
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CARTES À JOUER
- Écrit par René ALLEAU
- 2 534 mots
...Mantegna, gravés vers 1460, les séries des peintres-graveurs rhénans, (Le Maître du jeu de cartes vers 1464, le Maître E.S. vers 1466) et de leurs élèves, Israël Van Meckenen, le Maître du cabinet des Estampes d'Amsterdam et Martin Schongauer (vers 1480). Le jeu de Charles VI, conservé à Paris au cabinet...