SZÉCHENYI ISTVÁN comte (1791-1860)

Homme d'État hongrois, István Széchenyi est né à Vienne. Entré dans l'armée autrichienne à dix-sept ans, il se distingue à Leipzig, en 1813, ainsi qu'à Tolentino contre Murat en 1815. De 1815 à 1821, il voyage, étudiant les institutions des différents pays européens. Un second voyage en Angleterre, avec son ami Nicolas Wesselényi, attire son attention sur l'importance du commerce et de l'industrie. En 1825, en France, il remarque l'intérêt du canal du Midi et songe à régulariser les fleuves de son pays (Tisza et Danube). À la diète de 1825 il offre 60 000 florins pour aider à la fondation d'une académie hongroise. Il entreprend une politique de réformes à caractères économique et culturel, pour tirer sa patrie de l'état arriéré où, selon lui, elle se trouve. Il veut, en particulier, moderniser l'agriculture en abolissant la corvée, développer l'élevage des chevaux et créer un réseau de communications. La naissance de la Compagnie de navigation sur le Danube (D.D.S.G.), en 1833, est le fruit de ses efforts : désormais, des vapeurs relieront Vienne à Buda et, ultérieurement, à la mer Noire. Il encourage la navigation de vapeurs sur la Tisza et fait construire le premier pont suspendu (Lanchid) reliant Buda à Pest. Mais son programme de réformes et son libéralisme modéré sont d'ores et déjà menacés par Lajós Kossuth et les libéraux extrémistes : Széchenyi craint que le radicalisme ne replonge sa patrie dans le chaos d'où il tente de la tirer. Il ne manque pas une occasion, à la diète, d'attaquer les extrémistes, car il juge que la Hongrie n'est pas mûre pour l'indépendance. Il se brouille avec Kossuth mais, en 1848, fait partie du premier cabinet hongrois formé par le prince Batthyany. Il tombe malade, doit être interné le 5 septembre 1848, et finira ses jours dans une maison de santé. Chef des aristocrates éclairés, figure de proue du parti des réformes, Széchenyi a joué un rôle essentiel dans le renouveau de la Hongrie, et, en fait, le compromis austro-hongrois de 1867 consacrera le triomphe de ses conceptions.

— Jean BÉRENGER