ITALIE, économie
Capitale | Rome |
Population |
58 993 475 habitants
(2023) |
Produit intérieur brut par habitant (PIB par hab.) |
39 003 $
(2023) |
Article modifié le
La croissance « spontanée » et ses conséquences
Le processus de transformation et de développement qui a caractérisé l'économie italienne jusqu'aux années 1980 peut être subdivisé en cinq phases : la reconstruction, qui se termine au début des années 1950 ; le renforcement du système industriel et de son intégration dans l'économie mondiale, qui couvre les cinq années suivantes ; l'explosion de la société de consommation, qui s'enraye en 1963-1964 ; le développement précaire, dans plusieurs directions, à laquelle l'« automne chaud » de 1970 vient mettre un terme ; la crise structurelle, qui s'accentue après la crise pétrolière.
Une croissance relativement stable
Reconstruction
C'est durant la première phase que se créent les conditions préalables pour les deux phases ultérieures. La politique Einaudi-De Gasperi parvient à freiner l'inflation, et donc à préserver le pouvoir d'achat des classes moyennes (agriculteurs, employés, travailleurs indépendants) dont l'importance socio-économique se renforce au cours des phases suivantes : de fait, ces classes contribueront fortement au miracle économique, non pas, comme le préconisait Einaudi, en augmentant l'épargne, et donc les investissements, mais en rendant possible le succès rapide du nouveau modèle de développement dérivant de l'implantation en Italie du capitalisme de consommation.
Durant cette phase de reconstruction, la politique monétaire déflationniste ne parvient pas à endiguer la dépense publique. Mais celle-ci permet une reconstruction rapide tendant à encourager un développement reposant sur les exportations, puis amplifié par l'explosion de la consommation. Les perspectives de développement des exportations qui existaient alors (conséquences des destructions qui avaient affecté l'industrie d'autres pays), favorisant quelques-uns des secteurs de l'industrie italienne (le textile en particulier), facilitèrent le processus de reconstruction, évitant qu'il n'aggrave le déficit avec l'étranger, déjà très préoccupant pour des motifs structurels.
Restructuration industrielle
Les politiques suivies durant la phase de reconstruction rendirent possible le démarrage de la deuxième phase. Le bond en avant des investissements (qui, à eux seuls, assurèrent environ un tiers de la croissance du produit intérieur brut qui dépassa 5 p. 100) permit un développement rapide et une importante restructuration de l'industrie italienne. Les secteurs favorisés par les possibilités de l'augmentation des exportations ne furent pas les seuls à en profiter : les industries de base (métallurgie et industrie chimique) enregistrèrent aussi des taux d'accroissement élevés. Les entreprises contrôlées par l'État (par l'IRI et par l'ENI) contribuèrent à renforcer ce processus en stimulant certains marchés oligopolistiques (sidérurgie, matières plastiques et engrais chimiques). La libéralisation du commerce mondial améliora encore les perspectives d'accroissement des exportations, qui augmentèrent à des taux de plus de 10 p. 100 (11,5 p. 100), alors que les importations enregistraient des taux plus modérés (au-dessous de 9 p. 100). C'est ainsi que furent créées les conditions nécessaires au rééquilibrage des comptes avec l'étranger. De fait, le processus de développement qui caractérise cette phase diffère de celui qui, selon le plan de développement élaboré en 1954 par E. Vanoni, devait être réalisé par une action consciente de l'État : au lieu d'un développement extensif, qui visait directement la mise en valeur de la force de travail disponible pour aboutir à un rééquilibrage Nord-Sud, ce développement fut intensif et avait pour but d'accroître l'efficacité du système de production, de le restructurer en fonction des nouvelles orientations de la demande et des progrès de la technologie pour lui permettre notamment de tirer parti des perspectives qui pouvaient être envisagées à la suite de l'évolution de l'économie mondiale. Le développement extensif fut un effet indirect, tant de l'accroissement rapide des exportations que de l'expansion de la consommation interne que l'on commençait déjà à enregistrer. L'exode des paysans des campagnes – qui atteignait déjà des proportions importantes – et l'expansion de l'emploi dans le secteur tertiaire et dans l'administration publique (le nombre des fonctionnaires enregistrait un taux d'accroissement annuel de près de 2 p. 100) rendirent possible un gonflement de la consommation privée, sous la poussée aussi de nouveaux modèles de consommation importés des pays plus développés (notamment des États-Unis). Ce fut au cours de cette deuxième phase que commença à se manifester une interaction fructueuse entre l'accroissement des exportations et le développement de la consommation interne. Ces deux mouvements permirent la mise sur pied, dans bon nombre d'industries, de nouvelles structures d'organisation et de nouvelles technologies (à la suite aussi du réveil de certains marchés oligopolistiques) où dans le passé la politique corporative avait favorisé les ententes). Plus généralement, les salaires augmentèrent moins rapidement que la productivité : l'accroissement des profits s'accéléra, ce qui encouragea et permit les investissements nécessaires à la création des nouvelles structures de production. Il en résulta un développement accru des exportations : la croissance du revenu disponible entraîna celle de la consommation interne. Ce phénomène fut intensifié par la politique salariale, suivie par les syndicats et par la politique fiscale qui engendra la formation de couches privilégiées, au sein de la classe ouvrière, à même de s'adapter aux nouveaux modèles de consommation : un nombre toujours plus grand de couches sociales s'intégra au nouveau système. Ce qui, d'une part, tourna à l'avantage des politiques de restructuration destinées à renforcer le système de production en fonction de l'évolution des relations économiques internationales et de la mise en marche de la révolution de la consommation, et, d'autre part, concourut à la stabilisation du système politique. De fait, on ne demandait aux gouvernements que de laisser faire l'élan moteur résultant des processus spontanés qui étaient enregistrés sur les marchés internes et internationaux.
Explosion de la consommation
La troisième phase recueillit les fruits de ce renforcement du système industriel. La consommation privée se développa à des taux annuels voisins de 6 p. 100. L'interaction entre la dynamique de la consommation privée et les exportations s'intensifia (le taux de croissance des exportations atteignit 12,4 p. 100). Les investissements restèrent importants, sans atteindre toutefois le niveau exceptionnel de la phase précédente. Cependant, l'explosion de la société de consommation entraîna également une augmentation rapide des importations, encore accrues par la politique inadéquate de développement de l'agriculture.
Le rôle de l'État, défini essentiellement en fonction du type de développement requis par le marché, ne fut pas sans conséquences sur la dynamique de l'économie. La réalisation du grand réseau de voies de communication, nécessaire au nouveau modèle de développement, et le gonflement de la dépense publique (qui, durant la période 1957-1964, augmenta de 118 p. 100 alors que l'on enregistrait une augmentation du revenu national de 94 p. 100) contribuèrent à maintenir élevé le pouvoir d'achat et surtout à renforcer les couches de la population qui étaient le mieux à même de réaliser les nouveaux modèles de consommation.
Le ralentissement de la croissance et la crise des années 1970
Le passage de la troisième à la quatrième phase fut déterminé non seulement par les changements sur le marché du travail, mais aussi par le fait que la révolution de la consommation avait été sous-évaluée et que l'on n'avait pas, ou presque pas, pris conscience des problèmes de restructuration qui se posaient à l'économie italienne, compte tenu des modifications qui s'annonçaient déjà dans la division internationale du travail. Le marché du travail se révéla bien différent des modèles théoriques qui présupposaient une certaine homogénéité de l'offre : les goulets d'étranglement qui apparurent dans certains secteurs – en même temps que d'autres connaissaient des formes de travail précaire, d'emploi improductif ou d'excès d'offre – encouragèrent une augmentation sensible des salaires surtout dans les petites entreprises qui rencontraient de plus en plus de difficultés à recruter une main-d'œuvre qualifiée. En 1963, le taux de croissance des salaires dépassa pour la première fois le taux de croissance de la productivité. À cause aussi de la proximité des élections, le gouvernement réagit en permettant un gonflement du crédit qui, en raison du manque d'efficacité de la politique économique et des stratégies inadéquates de certaines grandes entreprises, provoqua une détérioration préoccupante des comptes avec l'étranger. La quatrième phase débuta donc par une politique déflationniste qui mettait un terme à la phase prolongée de croissance relativement stable qui avait marqué la période dorée du miracle économique.
L'échec de la programmation
Durant la quatrième phase, on assista à la chute des investissements et au ralentissement de la croissance de la production industrielle. Les restrictions du crédit, la modération des syndicats, les restructurations qui purent être réalisées surtout dans les secteurs caractérisés par la présence de petites entreprises ainsi que les différentes tentatives (raccourcissement des délais, par exemple) faites pour augmenter le rendement permirent à l'économie italienne de tirer grandement parti de l'expansion du commerce international. Les exportations purent s'accroître plus vite que les importations, compenser l'affaiblissement de la demande interne, limité, il est vrai, par la politique fiscale. Le ralentissement du prélèvement fiscal et certaines formes d'élargissement de la dépense courante purent maintenir une croissance constante du pouvoir d'achat. Dans l'agriculture, l'emploi continua à reculer face à une industrie qui parvint à augmenter très faiblement, il est vrai, le niveau de la main-d'œuvre employée : le plus grand apport à la croissance de l'emploi provint de l'administration. Au cours de cette phase, le rôle des entreprises à participations de l'État changea. Alors que durant les phases précédentes elles s'étaient pratiquement comportées comme des entreprises indépendantes qui comptaient sur les profits réalisés et sur les ressources qu'elles étaient capables d'accumuler pour réaliser leurs programmes – certaines se montrant plus agressives, d'autres acceptant plus ou moins sciemment les stratégies des grandes entreprises privées –, durant cette quatrième phase, les entreprises à participation d'État furent de plus en plus assujetties au pouvoir politique pour leurs financements. Les intérêts du pouvoir politique et ceux des différents partenaires sociaux convergèrent pour encourager une croissance de ce secteur dont la fonction essentielle était de soutenir la demande plutôt que de servir de moteur à l'ensemble de l'industrie. Avec le passage de la troisième à la quatrième phase, les conditions étaient réunies pour une politique efficace de programmation. À cause de la possibilité qui s'offrait au gouvernement d'utiliser le système des entreprises à participation d'État pour mettre sur pied une politique industrielle active visant à moderniser le système de production ; à cause de la nécessité de lancer une politique sérieuse de réformes pour favoriser le plein-emploi ; à cause de l'incapacité toujours plus évidente du système à résoudre spontanément le problème des régions arriérées et sous-développées (surtout le Sud) et des secteurs caractérisés par une stagnation de la technologie (l'agriculture et certains secteurs du tertiaire). La programmation était devenue la bannière sous laquelle se rangeait la nouvelle coalition de centre gauche ; elle ne dépassa pas le stade du désir utopique des hommes politiques et des économistes, et finit par ne fournir qu'un alibi aux politiques d'expansion de la dépense publique. Les raisons de cet échec sont nombreuses. On peut citer, d'une part, le comportement des partenaires sociaux : alors que les syndicats étaient méfiants (surtout la CGIL qui souffrait des conséquences du comportement du Parti communiste italien laissé de côté dans l'opposition), les industriels, toujours plus désireux de tirer parti des possibilités offertes par l'expansion de l'économie mondiale, considéraient la programmation comme le contexte où il devenait possible de concevoir et de mettre en œuvre une politique des revenus. On peut mentionner, d'autre part, les contrastes au sein du monde de la production caractérisé par une répartition inégale du pouvoir politique et économique : après le « boom » du début des années 1960, le secteur de la construction enregistra un ralentissement sensible. L'augmentation des coûts et le blocage des loyers contribuèrent, avec les lacunes et le manque d'efficacité des programmes d'urbanisme, à ralentir la construction de logements : ce ralentissement fut retardé et atténué par la spéculation immobilière, et compensé par ailleurs par un développement accéléré de la construction des résidences secondaires. Le blocage des loyers avait, en réalité, joué en faveur du type de développement qui caractérisa la troisième phase et que l'on tenta de relancer durant la quatrième phase : le pouvoir d'achat accru, qui était ainsi garanti aux familles, entraînait une demande plus soutenue des nouveaux biens de consommation. Le secteur de la construction, qui était potentiellement intéressé par une politique de programmation propre à résoudre le problème du logement, avait un pouvoir inférieur à celui d'autres secteurs (l'automobile, par exemple) qui n'étaient intéressés que par la croissance, quelle qu'elle fût, du pouvoir d'achat et par la création des conditions nécessaires à un développement ultérieur des exportations ; pour remédier au risque d'une perte de compétitivité, le gouvernement Andreotti-Malagodi dévalua la monnaie.
Crise pétrolière, crise structurelle
L'échec de la programmation s'accompagna alors de la crise de la coalition gouvernementale de centre gauche. L'explosion de la lutte syndicale mit un terme à la quatrième phase. Les raisons du changement de position des syndicats et du succès de leur nouvelle politique furent nombreuses. La contestation étudiante vint étayer les nouvelles orientations syndicales et s'en trouva à son tour renforcée. Il reste toutefois à expliquer le comportement indécis et équivoque des forces politiques face à la contestation étudiante.
L'explosion syndicale fut certainement due en grande partie au sentiment de frustration engendré par la façon dont les entreprises, livrées à elles-mêmes, tentèrent d'améliorer le rendement et au fait que les problèmes du logement et d'autres services sociaux d'importance fondamentale n'étaient toujours pas résolus. La déception du Parti socialiste italien – au sein duquel certains courants libertaires se renforcèrent – face à l'échec de l'expérience de centre gauche, ainsi que le durcissement de l'opposition du PCI facilitèrent le grand tournant syndical. Celui-ci fut favorisé par le comportement dépourvu d'hostilité excessive des secteurs industriels (et notamment de l'industrie automobile) qui visaient surtout au développement des nouvelles consommations et qui pouvaient donc tirer profit de l'augmentation des salaires, même si une telle augmentation aboutissait à la réduction du taux moyen de profit avec des conséquences négatives pour les perspectives de croissance à moyen terme de l'économie dans son ensemble. En outre, les dévaluations répétées de la lire permettaient à ces secteurs de maintenir leur compétitivité sur les marchés mondiaux.
La cinquième phase fut caractérisée par un processus de déqualification du système. La lutte oligopolistique dégénéra. On enregistra ainsi, à cause aussi du pouvoir politique de certains groupes et de la complaisance de certains établissements de crédit, une expansion des capacités de production dans certains secteurs de la chimie de base et de la pétrochimie – expansion qui se poursuivit même après la crise pétrolière. L'industrie de l'automobile s'endormit sur ses lauriers, quelque peu fanés, et recula devant la concurrence étrangère : l'emploi s'hypertrophia et la productivité s'effondra, en raison notamment de l'absentéisme et du climat particulier qui, avec le grand tournant syndical, avait envahi les usines. Certaines industries parvinrent à se restructurer (comme l'industrie textile et l'industrie alimentaire) en introduisant toutefois dans quelques grosses entreprises le système de participation d'État et en encourageant l'économie submergée.
Les effets de ce processus furent en partie compensés par le développement de l'économie submergée et par la vitalité croissante de nombreux secteurs de la petite entreprise. Paradoxalement, les difficultés de recrutement de la main-d'œuvre et le fait qu'après l'approbation du Statut des travailleurs il n'était plus avantageux, abstraction faite des niveaux atteints par le coût du travail, d'engager de nouveaux travailleurs, servirent d'aiguillon au progrès technologique dans le secteur des petites entreprises.
C'est ainsi que furent particulièrement encouragés les secteurs des machines-outils, notamment ceux des machines à contrôle numérique et de l'automatisation, qui s'affirmèrent même à l'étranger. Dans le secteur de l'économie souterraine, la vigueur de l'initiative industrielle se trouva renforcée par des avantages particuliers (faible coût de la main-d'œuvre recrutée au marché noir, rendue abondante par la mise en chômage technique de très nombreux travailleurs ; travail fourni par les ouvriers à domicile ; possibilités de limiter les charges fiscales...).
Alors que le développement de l'économie souterraine, qui maintenait les exportations à des niveaux élevés, permettait de compenser certains effets du processus de déqualification du système économique, le système social conservait un minimum de stabilité grâce à une sorte de « compromis souterrain » entre syndicats, certains secteurs de l'industrie et l'économie submergée. C'est ainsi que furent sollicitées de l'État des interventions qui permirent aux entreprises de garantir aux travailleurs un salaire croissant et la stabilité de l'emploi (fiscalisation des charges sociales, dévaluation, sauvetage des entreprises menacées, financement des pertes). La Cassa Integrazione Guadagni, qui assurait une rémunération aux travailleurs non utilisés par les entreprises, mais toujours inscrits sur la liste de leurs salariés, permettait de disposer ainsi d'une masse de main-d'œuvre au marché noir.
La réalisation du compromis fut rendue possible par l'expansion, à des rythmes croissants, des dépenses publiques qui devait non seulement faciliter ce compromis (fiscalisation des charges sociales et financement des pertes), mais aussi atténuer les contrastes qu'il finissait par engendrer en détériorant les perspectives de ceux qui se trouvaient en marge du système (notamment les jeunes) et en aggravant la situation d'abandon et de pauvreté des couches non protégées de la classe ouvrière.
Les résultats insuffisants de l'expérience de solidarité nationale
Durant la septième législature (1976-1979), les conditions semblaient favorables à la solution des problèmes structurels du système économique et social italien. En effet, certaines lois qui auraient dû permettre de résoudre des problèmes structurels furent approuvées, notamment la loi sur la restructuration industrielle, la loi sur la restructuration financière et la loi pour les jeunes. La loi sur la restructuration industrielle, péniblement élaborée, avait dû concilier un grand nombre de positions dont certaines étaient issues non pas de nécessités sociales ou économiques, mais des exigences traditionnelles de mouvements politiques et syndicaux : il en résulta des institutions à la définition vague, comme celles qui devaient résoudre le problème de la mobilité du travail, et des procédures trop complexes qui, d'une part, rendaient impossible l'intervention de l'État et, d'autre part, bloquaient encore davantage les efforts déployés par le management pour restructurer les entreprises en crise. Le problème des entreprises à participation d'État, au lieu d'être examiné séparément sous ses deux aspects (processus d'assainissement et création d'institutions et de procédures destinées à assurer le fonctionnement normal du système toujours plus fragile, surtout en matière d'allocation de fonds, allocation exposée aux aléas des événements politiques), fut traité dans la question plus générale de la restructuration industrielle. Le Parlement élimina du projet de loi présenté par le gouvernement la référence aux opérations de restructuration financière qui, pourtant, auraient dû être associées aux opérations de restructuration et de reconversion de la production. Dans un second temps, une loi pour la restructuration financière fut adoptée, mais en des termes tels qu'elle ne pouvait plus s'appliquer à la situation de grave crise structurelle qui caractérisait certains complexes importants du secteur chimique (Sir, Liquigas et groupe Monti notamment). La vérité est que, pendant que certains partis politiques jugeaient scandaleux d'octroyer des fonds publics à des entreprises privées en crise sans proposer pour autant le passage de ces entreprises au secteur public (ce qui se fera plus tard, avec le second gouvernement Cossiga, plus ou moins subrepticement, et aggravera encore plus le processus de déqualification du système des entreprises à participation de l'État), d'autres courants et hommes politiques, que d'aucuns soupçonnent d'avoir favorisé les groupes en crise et d'en avoir retiré des avantages, fondaient leurs espoirs sur des expédients susceptibles de ramener ces entreprises, à la faveur de la conjoncture internationale, à des conditions normales. Un outil destiné à assurer un meilleur emploi des moyens publics pour l'assainissement des entreprises en crise avait été élaboré par le ministre R. Prodi, avec la loi qui prévoyait pour certaines entreprises de remplacer la faillite par des procédures particulières après désignation par le gouvernement d'un commissaire ad hoc. Cependant, aucune action cohérente ne fut entreprise pour résoudre le problème de la restructuration industrielle qui fut abandonné de fait à la loi du marché et qui put être partiellement résolu grâce au développement de l'économie submergée et à la possibilité pour certaines entreprises de modifier le niveau de l'emploi.
La loi sur les jeunes finit par être intégrée à la politique d'assistance sociale. Les réformes (réforme sanitaire et réforme universitaire, mise en œuvre seulement en partie et avec du retard) furent conçues sans prendre dûment en compte les problèmes de restructuration et de réorganisation (et de responsabilisation) qui restaient à résoudre et, dans certains cas (réforme universitaire), essentiellement en vue d'élargir et de renforcer les privilèges corporatifs.
En effet, durant la septième législature, il s'était créé seulement un petit nombre de conditions nécessaires pour aborder les problèmes structurels. Même les conditions qui purent être réalisées révélèrent rapidement leur caractère précaire, surtout à la suite de la disparition d'Aldo Moro. Il manquait, au sein des partis, une nette prise de conscience des problèmes réels du pays. Il est vrai que l'adoption de la part des syndicats de comportements plus modérés, ce qui représenta peut-être le moment le plus significatif de la politique de solidarité nationale, et l'adoption de politiques fiscales et monétaires permirent d'aborder et de résoudre les graves problèmes qu'avait fait surgir la crise de la lire en octobre 1976. Ces succès conjoncturels ne menèrent pas toutefois à la prise de conscience des problèmes structurels qui se posaient non seulement dans le système économique, mais aussi dans le système sociopolitique – autrement dit, il fallait créer les conditions pour que le compromis souterrain pût être remplacé par un nouveau système plus ample, plus stable et plus souple. Accentuant les divergences entre les partis, les événements politiques accrurent la précarité du gouvernement – et aboutirent à la fin prématurée de la législature.
Accédez à l'intégralité de nos articles
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Jacques LE CACHEUX : professeur des Universités à l'université de Pau et des pays de l'Adour
- Siro LOMBARDINI : professeur à l'université de Turin
- Janine MENET-GENTY : professeure d'Italien à l'université de Paris-X
Classification
Médias
Autres références
-
AGNELLI GIOVANNI (1921-2003)
- Écrit par Joseph CADEDDU
- 1 002 mots
Petit-fils du fondateur de Fiat (Fabbrica italiana automobili Torino), Giovanni Agnelli naît en 1921 à Villar Perosa, près de Turin. Il est issu, par son père, de la bourgeoisie industrielle, et par sa mère de l'aristocratie italienne. Il fait des études de droit dans la capitale piémontaise....
-
CHANGE - Les régimes de change
- Écrit par Patrick ARTUS
- 6 911 mots
- 5 médias
Rappelons d'abord les faits, à travers l'exemple significatif de l'Italie. -
CHEMINS DE FER
- Écrit par Jean-Philippe BERNARD , Daniel BRUN et Encyclopædia Universalis
- 12 423 mots
- 10 médias
...importants par rapport aux calendriers initiaux caractérisent la construction des lignes nouvelles italiennes, pour des raisons financières notamment. La première ligne interopérable électrifiée en courant 25 kV, équipée ERTMS, a été mise en service en 2006 entre Rome et Naples, suivie quelque... -
DRAGHI MARIO (1947- )
- Écrit par Jean-Marc DANIEL et Encyclopædia Universalis
- 1 218 mots
- 1 média
Mario Draghi est né le 3 septembre 1947 à Rome. Après une licence en économie à l’université La Sapienza de Rome, il achève ses études au Massachusetts Institute of Technology (MIT) qu’il quitte en 1977, un doctorat (Ph D) en poche. Il devient professeur d’économie et de politique monétaire, notamment... - Afficher les 17 références
Voir aussi
- AGRAIRES RÉFORMES
- SALAIRE
- AMATO GIULIANO (1938- )
- FINANCEMENT DES PARTIS POLITIQUES ET DES CAMPAGNES ÉLECTORALES
- LOGEMENT POLITIQUE DU
- VITICULTURE
- INTÉGRATION ÉCONOMIQUE
- CRITÈRES DE CONVERGENCE
- BALANCE COMMERCIALE
- ÉCONOMIE DE LA BANQUE
- CRISES BANCAIRES
- INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS (IDE)
- EUROPE, politique et économie
- AGRICOLES EXPLOITATIONS
- PRÉCARITÉ DE L'EMPLOI
- MARCHÉ DU TRAVAIL
- PRODUCTIVITÉ
- POLITIQUE ÉCONOMIQUE
- CROISSANCE ÉCONOMIQUE
- ENTREPRISES PUBLIQUES
- CONCENTRATION ÉCONOMIQUE
- EXPORTATIONS
- ADMINISTRATIVE ORGANISATION
- ÉNERGIE ÉCONOMIE DE L'
- MAIN-D'ŒUVRE
- POLITIQUE BUDGÉTAIRE
- POLITIQUE INDUSTRIELLE
- POLITIQUE SOCIALE
- PRIVATISATION
- SECTEUR INDUSTRIEL
- MAASTRICHT ou MAËSTRICHT TRAITÉ DE (1992)
- ÉLEVAGE INDUSTRIEL
- DÉSINDUSTRIALISATION
- INVESTISSEMENT PRODUCTIF