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ITALIE Histoire

 L'Italie fasciste

L'organisation de la dictature

Le socialiste Giacomo Matteotti, vers 1924 - crédits : Hulton Archive/ Getty Images

Le socialiste Giacomo Matteotti, vers 1924

Le fascisme, qui domine la vie italienne du ventennio 1925-1945, est une dictature antiparlementaire et antidémocratique. Ce n'est pas une idéologie originale, mais une doctrine qui mêle, dans une improvisation continue, l'exaltation de l'action, le culte de la force, la subordination de l'individu à l'État, dans un système où l'autorité vient d'en haut. La propagande et l'embrigadement des masses mettent le pays en condition. Pourtant, le triomphe de Mussolini ne fut pas immédiat. Il fut facilité par les déficiences de la monarchie unitaire, l'adhésion des milieux politiques et économiques italiens, et les sympathies rencontrées à l'extérieur. Le régime s'instaure dans les années 1922-1925. Mussolini dose habilement la modération rassurante et la rigueur. Il forme un ministère n'excluant que les socialistes et où les fascistes n'ont pas la majorité des portefeuilles. Mais il intimide les députés par le menaçant « discours du bivouac », et se fait donner les pleins pouvoirs pour un an. En janvier 1923 est créée la Milice fasciste, armée parallèle de défense du régime, qui en couvre les exactions contre les opposants, encore nombreux dans les milieux populaires. Le Parti fasciste fusionne avec les nationalistes, qui lui apportent des éléments de valeur. Une nouvelle loi attribue les deux tiers des sièges à la liste obtenant le quart des suffrages et, aux élections d'avril 1924, le bloc nationaliste-fasciste récolte 64,9 p. 100 des voix. Pourtant un sursaut du libéralisme est encore possible, comme en témoigne la vague d'indignation qui traverse le pays, en juin, après l'assassinat, par les squadristes (membres de la squadra) du leader socialiste Giacomo Matteotti. Mais l'opposition, divisée, au lieu d'exploiter cette circonstance, demeure inerte et commet l'erreur d'abandonner la lutte parlementaire ; le 27 juin 1924, cent vingt-sept députés se « retirent sur l'Aventin ». Le 3 janvier 1925, Mussolini annonce le passage à la « fascistisation » de l'État. Au terme de cette opération, le Statut constitutionnel de 1848 ne sera plus qu'une façade derrière laquelle le Duce, nommé chef du gouvernement, le 24 décembre 1924, aura tous les pouvoirs. Dans les mois qui suivent, la presse est mise au pas, l'administration épurée, les syndicats catholiques et socialistes, et tous les partis non fascistes, dissous. Un tribunal spécial envoie les opposants à la résidence forcée du confino. Beaucoup d'antifascistes s'exilent et mènent à l'étranger une vie précaire.

Le régime totalitaire, interprète unique de la volonté populaire exprimée par des plébiscites, concentre toute l'autorité dans la personne du Duce qui gouverne, aux côtés d'un souverain réduit à un rôle représentatif. Le parti national-fasciste fournit, à tous les degrés, les exécutants. Le pouvoir législatif, profondément dégradé, est réduit à l'organisme consultatif du Grand Conseil fasciste, créé en janvier 1923, au Sénat et à la Chambre des députés. Celle-ci, ramenée à quatre cents membres en 1929, est désignée par le Grand Conseil, sur une liste nationale unique, et, en 1939, elle est transformée en une Chambre des faisceaux et corporations. Le gouvernement édite des décrets-lois, ratifiés par une Chambre docile, et, dans les provinces et les communes, les anciens conseils et syndics élus cèdent la place à des représentants et des podestats nommés par le pouvoir. Le fascisme prétend résoudre les rapports entre capital et travail par la doctrine corporatiste, qui dépasse le marxisme. La charte du Travail (21 avr. 1927) groupe tous les salariés dans un réseau de corporations, élaborant les contrats collectifs de salaires et d'emploi. La législation et les codes furent refondus, dans un sens autoritaire.[...]

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Écrit par

  • : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
  • : professeur honoraire à l'université de Genève
  • : maître assistant à l'université de Paris-I
  • : professeur émérite d'histoire à l'université de Provence
  • : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble

Classification

Médias

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