- 1. L'Italie primitive
- 2. L'Italie archaïque
- 3. La conquête romaine
- 4. De l'Italie antique aux Lombards
- 5. L'Italie sous le régime franc
- 6. Papes et empereurs
- 7. Le Midi, carrefour des civilisations
- 8. L'âge des communes
- 9. L'Italie, pôle de développement de l'économie occidentale
- 10. Tentatives d'unification et divisions
- 11. L'âge des condottieri et des princes
- 12. De la Renaissance à l'ère des Lumières
- 13. Le Risorgimento et l'unité
- 14. La monarchie libérale
- 15. L'Italie fasciste
- 16. Bibliographie
ITALIE Histoire
De l'Italie antique aux Lombards
La date de 476 (chute du dernier empereur romain d'Occident), limite théorique de l'Antiquité et du Moyen Âge, ne vaut que pour l'Italie, seule région où l'autorité impériale s'exerçât encore. Là même, la coexistence de l'empereur et du maître des milices (généralement barbare) et la supériorité de fait de celui-ci sont communes au ve siècle. Aussi le skire Odoacre, maître des milices et chef d'armées barbares au service de l'Empire, installées selon le régime de l'hospitalitas (considérés comme « hôtes », les soldats jouissent du revenu du tiers des terres de certaines régions), a-t-il continué de gouverner l'Italie à la manière romaine ; il s'appuie sur le sénat, après avoir détrôné l'empereur Romulus Augustule et envoyé à Constantinople les insignes impériaux ; les armées barbares n'ont pas part au gouvernement.
Théodoric
Cette autonomie déplaît à l'empereur d'Orient, qui cherche de plus à éloigner les Ostrogoths, qui ravagent les Balkans. Ce peuple, de religion arienne, est dirigé par Théodoric, qui a passé sa jeunesse comme otage à Byzance, et connaît donc bien l'administration romaine, mais dont les ambitions dépassent celles d'un délégué de l'empereur. Il entre en Italie, envoyé par celui-ci, en 489, et supprime Odoacre en 493. Sa politique, bien connue grâce à Procope et Cassiodore, ne diffère guère de celle de son prédécesseur ; les Goths, stationnés comme « hôtes » en Italie du Nord, sont relégués aux fonctions militaires, et gardent leur droit national. L'administration reste romaine : les cités conservent leurs curies, les provinces leurs gouverneurs, l'Italie son préfet du prétoire, qui aide le roi avec les anciens ministres du gouvernement impérial. L'administration tend seulement à se centraliser. Les deux populations sont rigoureusement séparées, le roi garantissant l'équilibre de cette construction originale, bien différente des monarchies vraiment barbares. À la fin du règne, cet équilibre se rompt : en 524, le sénateur philosophe Boèce est exécuté pour avoir souhaité une restauration impériale ; en 526, le pape Jean Ier meurt en prison. Or, à la mort de Théodoric (526), les tendances trop romaines de sa fille Amalasonthe entraînent une réaction des nationalistes goths, qui la tuent en 535 ; Justinien, qui vient de conquérir l'Afrique vandale, envoie Bélisaire en Italie ; la « guerre gothique » dure vingt ans, et laisse à Justinien, en 555, une Italie ravagée. Au cours de la guerre se révèlent les qualités stratégiques du roi goth Totila (541-552), qui recrute des troupes par la subversion sociale. C'est dans ce climat de violence que saint Benoît édicte sa règle monastique. La longue résistance du royaume goth prouve ses qualités. Le pays, bien gouverné, est prospère, grâce à l'habile politique fiscale des hauts fonctionnaires. Sa population, amoindrie, produit assez pour ses besoins. Le commerce, ralenti, est encore important. Seul le Sud est en décadence ; mais guerres et épidémies du vie siècle ont ruiné l'ordre social antique.
Justinien et la restauration byzantine
La restauration de l'Empire ébranle en effet cet ordre : aux ravages de la guerre succède la fiscalité très dure d'un empire qui n'a plus les moyens de sa politique ; les compromissions religieuses avec les monophysites orientaux, un moment admises par Rome, créent en Italie du Nord un schisme qui durera un siècle et demi. Même les institutions traditionnelles sont mal respectées : Narsès est chargé d'un gouvernement militaire. On fortifie les frontières, face au monde barbare qu'ébranlent les Avars. L'éclat de l'art officiel ravennate ne doit pas masquer la situation réelle.
L'invasion lombarde[...]
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Écrit par
- Michel BALARD : maître assistant à la faculté des lettres et sciences humaines de Paris
- Paul GUICHONNET : professeur honoraire à l'université de Genève
- Jean-Marie MARTIN : maître assistant à l'université de Paris-I
- Jean-Louis MIÈGE : professeur émérite d'histoire à l'université de Provence
- Paul PETIT : professeur à la faculté des lettres et sciences humaines de Grenoble
Classification
Médias