- 1. Du fascisme à la démocratie (1945-1947)
- 2. Le centrisme triomphant (1947-1953)
- 3. Dix ans d'incertitude : la marche vers le centre gauche (1953-1963)
- 4. L'expérience manquée de centre gauche (1963-1968)
- 5. La crise des années soixante-dix (1968-1978)
- 6. La troisième phase du système politique : unité nationale ou centre gauche renouvelé ?
- 7. Les années Craxi (1978-1990)
- 8. Les bouleversements des années quatre-vingt-dix
- 9. L'Italie de l'alternance
- 10. Chronologie contemporaine
- 11. Bibliographie
ITALIE La vie politique depuis 1945
Nom officiel | République italienne (IT) |
Chef de l'État | Sergio Mattarella (depuis le 3 février 2015) |
Chef du gouvernement | Giorgia Meloni (depuis le 22 octobre 2022) |
Capitale | Rome |
Langue officielle | Italien 2
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Après plus de quarante ans de grande stabilité politique, l'Italie est entrée, depuis la fin des années 1980, dans une ère de bouleversements sans équivalent en Europe. Sous la pression des événements internationaux et de ses propres déficiences, c'est en effet tout le modèle économique et politique italien qui s'écroule. Un modèle qu'on peut dire né à Yalta et mort à Berlin, dans la mesure où l'Italie, pays de frontière du bloc occidental, abritant le plus fort parti communiste d'Occident, a été plus que d'autres conditionnée par l'environnement international. Le système mis en place dès le lendemain de la Seconde Guerre mondiale a été défini par différents termes : démocratie inachevée, démocratie contractuelle, bipartisme imparfait. Il reposait en effet sur l'hégémonie de deux partis, la Démocratie chrétienne au gouvernement, le Parti communiste dans l'opposition, deux partis qui ne pouvaient que s'opposer en temps normal ou s'associer en période exceptionnelle (1943-1947, 1976-1979), mais non alterner au pouvoir. L'absence d'alternance est ainsi une des caractéristiques essentielles de ce système dont la logique, à la longue, a produit des facteurs négatifs tels que l'inamovibilité de la classe dirigeante, l'habitude du compromis permanent et de la négociation d'accords obscurs entre états-majors partisans, y compris entre la majorité et l'opposition. Surtout, elle a entraîné la dégénérescence du rôle des partis politiques. D'agents indispensables du débat démocratique, ceux-ci sont peu à peu devenus les colonisateurs de l'État, occupant tous les centres de pouvoir susceptible de leur procurer les moyens – argent et emplois – d'alimenter un consensus qui ne se satisfaisait pas seulement d'incitations idéologiques. Cette évolution a créé en Italie un État-parti, avec ses corollaires de corruption et d'irresponsabilité, en particulier en matière de finances publiques.
Ce sont les bases mêmes de ce modèle qui ont été sapées à la fin des années 1980 par l'effondrement du communisme international et le déferlement de la crise monétaire et économique. La chute du Mur de Berlin a précipité la disparition du Parti communiste italien, qui avait réussi jusqu'au milieu des années 1980 à conserver une forte audience électorale (plus du tiers des votants), mais connaissait depuis 1985 un déclin accéléré. Proposé en novembre 1989 et entériné au congrès de Rimini en janvier 1991, son remplacement par le Parti démocratique de la gauche modifie toutes les données du système politique. L'écroulement du pilier communiste ne peut en effet laisser intact le pilier catholique, dont la solidité était étroitement corrélée avec sa fonction anticommuniste. Sans cette justification, l'unité politique des catholiques, en contradiction avec la sécularisation croissante de la société italienne, apparaît de plus en plus anachronique. Le Parti socialiste, de son côté, ne peut plus prétendre représenter seul le socialisme réformiste.
C'est donc sur un système politique fragilisé que s'abattent, au début de 1992, les révélations sur l'ampleur de la corruption et l'étroitesse des liens entre le monde politique et la Mafia. La quasi-totalité de la classe dirigeante, politique et économique, et le Parti socialiste tout entier sont emportés par la tempête. La Démocratie chrétienne n'espère sauver une partie de son patrimoine que par un retour aux sources, reprenant le vieux nom de Parti populaire. Le Parti démocratique de la gauche, qui n'a pu éviter une scission des communistes orthodoxes, ne recueille guère plus de la moitié de l'héritage électoral du PCI, même s'il peut espérer constituer le noyau dur d'une gauche rénovée. En revanche, de nouvelles formations émergent et sont portées par[...]
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Écrit par
- Geneviève BIBES : docteur en science politique
- Marc LAZAR : professeur émérite d'histoire et de sociologie politique à Sciences Po, Paris
- Encyclopædia Universalis : services rédactionnels de l'Encyclopædia Universalis
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Médias