- 1. Grandeur et décadence du cinéma muet italien (1896-1929)
- 2. Le cinéma italien pendant l'époque fasciste (1922-1945)
- 3. Le néo-réalisme et les années d'après-guerre (1945-1959)
- 4. L'âge d'or du cinéma italien (1960-1980)
- 5. Le temps présent, entre mémoire et oubli
- 6. Un cinéma dans l’expectative
- 7. Bibliographie
ITALIE Le cinéma
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Né véritablement en 1905, dix ans après l’invention des frères Lumière, avec le tournage du premier film de fiction, La Prise de Rome de Filoteo Alberini, le cinéma italien connaît l'une des histoires les plus riches de la production mondiale. Dès les origines, sa richesse et sa diversité lui procurent un très vaste public. Dans un pays aux multiples cultures, le cinéma va jouer un rôle fédérateur. Son caractère spectaculaire, notamment les films de reconstitution historique, la célébration des dive et les bandes burlesques lui garantissent une audience qui va bien au-delà des frontières nationales. Après l'éclat de la période muette, et malgré le déclin pendant la période fasciste, le triomphe international du néo-réalisme à partir de 1945 installe la production italienne au sommet : Rossellini, Visconti, De Sica constituent des références essentielles. Après l'épanouissement des années 1960 et l’affirmation de Fellini et d’Antonioni, puis tous les protagonistes des périodes ultérieures – Olmi, Pasolini, Scola, Zurlini, Ferreri, les frères Taviani, Rosi, Petri, Leone, Comencini, Risi, Monicelli, Moretti –, la production transalpine figure parmi les pôles qui résistent le mieux à l’homologation hollywoodienne.
Grandeur et décadence du cinéma muet italien (1896-1929)
Les débuts du cinéma en Italie se font, comme dans la plupart des pays européens, avec le Cinématographe des frères Lumière. Dès 1896, des opérateurs de la maison lyonnaise sillonnent la péninsule, prennent des « vues » et ramènent leurs sujets pour les présenter aux spectateurs. Alexandre Promio, par exemple, séjourne à Venise et filme le Grand Canal et la place Saint-Marc : ses vues prises d'un vaporetto constituent les premiers travellings – les catalogues de l'époque parlent de « panoramas » – de l'histoire du cinéma. D'autres opérateurs enregistrent des bandes à Gênes, Turin, Milan, Naples, Rome. À l'instar des frères Lumière, Filoteo Alberini (1865-1937) a bien fait breveter en novembre 1895 un appareil pour l'enregistrement, le tirage et la projection des images, mais il semble que cet appareil, le Kinetographe, soit demeuré à l'état de plan et ne connut même pas le stade du prototype.
En Italie, les salles fixes exclusivement consacrées au spectacle cinématographique apparaissent de façon précoce : dès 1897, des salles à Rome, Naples, Venise accordent une large place aux présentations de films. Filoteo Alberini inaugure à Florence en 1899 une salle réservée aux projections de vues fixes et d'images animées. Parti à Rome, il ouvre dans cette ville en 1904 un des premiers cinémas du monde – au sens contemporain du terme –, le Moderno. Conscient de la nécessité de lancer une production nationale, Alberini s'associe avec Dante Santoni pour créer en 1905 – dix ans après les Français – la première société de production digne de ce nom, l'Alberini & Santoni qui deviendra en avril 1906, avec l'appui financier du Banco di Roma, la Cines. C'est l'Alberini & Santoni qui produit le film considéré traditionnellement comme la première œuvre de fiction réalisée en Italie, La presa di Roma (La Prise de Rome, 1905), mise en scène par Alberini lui-même. Ancêtre des innombrables films de reconstitution historique tournés en Italie, il évoque l'occupation de l'État pontifical et la naissance du royaume unitaire sous la dynastie des ducs de Savoie.
À partir de 1905, le cinéma italien comble progressivement son retard sur ses concurrents européens. L'industrie du cinéma se met en place ; elle connaît une période de développement intense qui durera jusqu'au début des années 1920. Phénomène typiquement italien, la production ne connaît pas une centralisation comparable à celle qui s'est instaurée en France : deux pôles principaux se constituent à Rome[...]
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Écrit par
- Jean A. GILI : professeur émérite, université professeur émérite, université Paris I-Panthéon Sorbonne
Classification
Médias