ITALIE Le cinéma
L'âge d'or du cinéma italien (1960-1980)
Au début des années 1960, le cinéma italien affiche une éclatante santé. On peut en voir une preuve dans les films envoyés au festival de Cannes : La dolce vita (Fellini) et L'avventura (Antonioni) en 1960, La Fille à la valise (Zurlini), La ciociara (V. De Sica), La viaccia (Bolognini) en 1961, Divorce à l'italienne (Germi) et L'Éclipse (Antonioni) en 1962, Huit et demi (Fellini),Le Guépard(Visconti), Les Fiancés (Olmi), Le Lit conjugal (Ferreri) en 1963. Ces films ramènent deux palmes d'or (La dolce vita et Le Guépard), un prix spécial du jury (L'Éclipse), deux prix d'interprétation féminine (Sophia Loren, Marina Vlady), un prix pour la meilleure sélection en 1961 et un prix pour la meilleure comédie en 1962 (Divorce à l'italienne).
En fait, autour de 1960 se situe une charnière décisive – peut-être aussi importante que celle de 1945 – dans l'histoire du cinéma transalpin. Si le climat fortement répressif des années 1950 a été un frein pour le passage au long-métrage des jeunes réalisateurs, l'ouverture à gauche – la démocratie chrétienne commence à gouverner avec les socialistes – marque une évolution vers plus de liberté pour les créateurs. Ainsi, en quelques années, on assiste aux débuts de Valerio Zurlini, Gillo Pontecorvo, Francesco Rosi, Ermanno Olmi, Florestano Vancini, Damiano Damiani, Vittorio De Seta, Giuliano Montaldo, Pier Paolo Pasolini, Elio Petri, Bernardo Bertolucci, Paolo et Vittorio Taviani, Marco Ferreri, Gianfranco De Bosio, sans oublier Sergio Leone, Lina Wertmuller, Gian Vittorio Baldi et, à peine plus tard, Ettore Scola, Marco Bellocchio, Liliana Cavani...
L'Italie est un extraordinaire laboratoire social où perdurent de profondes différences de revenu, de mentalités, de références éthiques, de traditions culturelles. La fracture entre le Nord et le Sud tend encore à se creuser. Ainsi, sur les facettes d'une société hétérogène, les auteurs de films – fidèles à une tradition réaliste – peuvent trouver tous les matériaux humains dont ils ont besoin pour construire leurs œuvres. Ce n'est pas un hasard si c'est dans ce contexte que se développe au début des années 1960 le regard critique de la comédie italienne avec des films de Luigi Comencini, Dino Risi, Mario Monicelli, Alberto Lattuada, Pietro Germi, Ettore Scola. Ce dernier a notamment réalisé les films bilans que sont C'eravamo tanto amati (Nous nous sommes tant aimés, 1974) et La Terrazza (La Terrasse, 1977) ainsi que de brillantes évocations historiques : Una giornata particolare (Une journée particulière, 1977), Il mondo nuovo (La Nuit de Varennes, 1982) et Ballando ballando (Le Bal, 1983)
Quelques grands noms continuent à briller, tels Roberto Rossellini, Vittorio De Sica, Giuseppe De Santis ou Luchino Visconti. Ce dernier, au sommet de son art, tourne dans des registres divers à la fois une œuvre proche de son passé néo-réaliste comme Rocco e i suoi fratelli (Rocco et ses frères, 1960), et de grandes fresques historiques comme Il gattopardo (Le Guépard, 1963), La caduta degli dei (Les Damnés, 1969), Ludwig (Louis II de Bavière, 1973). Antonioni et Fellini poursuivent leur œuvre. Après la trilogie que constituent L'avventura (1960), La notte (La Nuit, 1961), L'eclisse (L'Éclipse, 1962), Antonioni diversifie son approche aussi bien dans la représentation des personnages que dans leur insertion dans des lieux géographiques nouveaux. De son côté, Fellini arpente une Italie née de ses fantasmes (La dolce vita, 1960 ; Huit et demi, 1963 ; Roma, 1972 ; Amarcord, 1973, La città delle donne [La Cité des femmes], 1980).
Il faut réserver une place à part à un des artistes et des intellectuels qui ont le plus marqué la culture italienne contemporaine, Pier Paolo Pasolini (1922-1975). Au cœur des débats les plus vifs,[...]
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Écrit par
- Jean A. GILI : professeur émérite, université professeur émérite, université Paris I-Panthéon Sorbonne
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Médias