- 1. Grandeur et décadence du cinéma muet italien (1896-1929)
- 2. Le cinéma italien pendant l'époque fasciste (1922-1945)
- 3. Le néo-réalisme et les années d'après-guerre (1945-1959)
- 4. L'âge d'or du cinéma italien (1960-1980)
- 5. Le temps présent, entre mémoire et oubli
- 6. Un cinéma dans l’expectative
- 7. Bibliographie
ITALIE Le cinéma
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Un cinéma dans l’expectative
Un lieu commun voudrait que le cinéma italien soit entré dans une longue crise. Pourtant, nombre de cinéastes de talent sont en activité et, signe d’une relève assurée, chaque année voit sortir de remarquables premiers films, relève d’autant plus nécessaire que les deux premières décennies du xxie siècle ont été marquées par la disparition des grandes figures de l’âge d’or du cinéma italien, de Michelangelo Antonioni aux frères Taviani, en passant par Dino Risi, Ettore Scola et Bernardo Bertolucci.
On peut ainsi mesurer la richesse de cette cinématographie et sa capacité à se régénérer constamment. En matière de longévité, soulignons l’exception que constituent Pupi Avati, né en 1938 (Dante, 2022 ; La quattordicesima domenica del tempo ordinario, 2023) et Marco Bellocchio, né en 1939 (Il traditore[Le Traître],2019 ; Marx può aspettare[Marx peut attendre]2021 ; Esterno notte, 2022 ; Rapito[L’Enlèvement], 2023).
La place du cinéma italien dans les grands festivals internationaux constitue aussi un marqueur d’importance. Depuis la palme d’or remportée par Nanni Moretti à Cannes en 2001 avec La Chambre du fils et la présence régulière du cinéaste sur la Croisette (Il caimano [Le Caïman], 2006 ; Tre piani, 2021 ; Il sol dell’avvenire[Vers un avenir radieux], 2023), d’autres metteurs en scène s’y sont illustrés : en 2008, Matteo Garrone (pour Gomorra) et Paolo Sorrentino (pour Il Divo) se sont partagé les prix spéciaux du jury. Garrone a obtenu par la suite le grand prix au festival de Cannes 2012. La grande bellezza de Sorrentino a été récompensé par l’oscar en 2014 à Hollywood. Garrone, avec Tale of Tales (2015), Dogman (2018), Io capitano (Moi, capitaine,2023) – multiprimé –, et Paolo Sorrentino, avec Youth (2015), La Main de Dieu (2021), Parthenope, sans oublier les séries The Young Pope et The New Pope, ont confirmé leur place centrale dans le cinéma italien. Toujours à à Cannes, en 2010, Elio Germano remporte le prix d’interprétation masculine pour La nostra vita de Daniele Luchetti, récompense qui va en 2018 à Marcello Fonte pour son rôle dans Dogman de Matteo Garrone. Autre preuve de renouveau, en 2014, Alice Rohrwacher – présente à la Quinzaine des réalisateurs dès son premier film, Corpo celeste, en 2011 – a obtenu le grand prix du jury pour Le meraviglie (Les Merveilles) et, en 2018, le prix du scénario pour Lazzaro felice (Heureux comme Lazzaro). Autre révélation, Gianfranco Rosi, lion d’or à Venise en 2013 et ours d’or à Berlin en 2016 pour ses documentaires, Sacro GRA et Fuocoammare, deux chefs-d’œuvre d’observation. En 2012, l’ours d’or de Berlin a récompensé Cesare deve morire (César doit mourir) – Shakespeare interprété en prison par des détenus – signé par les vétérans Paolo et Vittorio Taviani.
S’il existe une crise du cinéma italien, elle est d’abord de nature économique. On peut ainsi parler d’une crise de la fréquentation en salle et d’une surchauffe de la production, un secteur qui bénéficie d’importantes aides de l’État et des régions. La production est en effet soutenue par le ministère de la Culture et par la télévision d’État, Rai Cinema. Les producteurs peuvent également faire appel aux aides émanant des commissions du film pour les régions, dont certaines sont très actives (Lazio, Frioul, Piémont, Toscane, Pouilles, Sicile). La richesse des expressions régionales s’est en effet renforcée grâce au travail de ces commissions qui soutiennent efficacement les tournages décentralisés. La généralisation des réalisations en son direct a favorisé l’émergence des expressions dialectales, un autre atout de la culture italienne. Le système des coproductions, notamment avec la France et la Suisse, joue également dans certains cas un rôle décisif, sans oublier les dégrèvements fiscaux accordés aux projets ambitieux.[...]
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Écrit par
- Jean A. GILI : professeur émérite, université professeur émérite, université Paris I-Panthéon Sorbonne
Classification
Médias