ITALIE Géographie
Capitale | Rome |
Langue officielle | Italien 2
|
Unité monétaire | Euro (EUR) |
Population (estim.) |
58 653 000 (2024) |
Superficie |
302 069 km²
|
Question Nord-Sud et « fédéralisme »
Cette toile de fond du dualisme Nord-Sud joue aussi de façon déterminante sur la réforme en cours de l'État. En effet, comme d'autres pays européens, mais de façon accentuée, l'Italie a procédé à partir des années 1990 à une recomposition du pouvoir, de l'État vers les régions et le niveau local. Cette régionalisation, là encore, a eu comme point de démarrage la crise de légitimité de l'État, ouverte par l'opération Mains propres, mais elle se trouve aujourd’hui elle-même remise en question.
Émergence des pouvoirs locaux
Cette décentralisation s'opère sur la base héritée de la Constitution de 1948. Cette dernière, en réaction au fascisme, avait déjà dessiné pour la péninsule un modèle à mi-chemin entre le centralisme et le fédéralisme : les régions italiennes, dont la plupart ne furent instituées qu'au seuil des années 1970, disposent d'un pouvoir législatif mais ne sont pas directement représentées au niveau de l'État.
La question de la réforme de la Constitution, dans un sens plus régional voire « fédéral », place ce modèle initial en chantier permanent depuis les années 1990, et elle a connu en 2001 une étape majeure, avec un basculement du pouvoir vers le niveau régional. Désormais, la Constitution énumère les compétences de l'État – domaine régalien et différents domaines, dont les normes sociales –, le reste passant aux régions. L’échec du référendum constitutionnel du gouvernement Renzi (2016), qui aurait limité leur autonomie, conserve pour l’heure ce statu quo. Il témoigne toutefois de l’amorce d’une nouvelle phase, peut-être moins favorable aux régions : ainsi, comme en France, le niveau des métropoles a fait l’objet d’une reconnaissance en 2014 (loi Delrio) à l’instigation de l’État et pourrait à terme concurrencer le pouvoir régional. Il reste que, au-delà du chantier constitutionnel proprement dit, diverses lois adoptées dans les années 1990 sont venues renforcer les niveaux régional et local ; à la mosaïque du développement local fait aujourd'hui pendant celle de l'action publique, tant celle-ci – qui peut tourner à une dérégulation affichée, comme en Sicile ou en Lombardie – peut varier d'une région à l'autre. La légitimité de ces pouvoirs locaux et régionaux s'est affirmée avec l'élection au suffrage universel direct des maires (1993) et des gouverneurs régionaux (1999), celle du niveau provincial restant plus limitée que son équivalent français (le département) ; c’est d’ailleurs sur ce niveau traditionnellement faible que s’exerce aujourd’hui la réforme territoriale promue par l’État.
Du nord au sud du pays, on a assisté aussi, à partir des années 1990, à la revitalisation d'outils classiques de l'urbanisme (comme les plans régulateurs) et de l'action régionale, dont témoignent le renouveau des centres-villes ou encore la refonte des transports publics (métro, tramway), aussi bien à Naples qu'à Turin ou à Rome. À cet égard, par sa dynamique même, la décentralisation a donc contribué à une relativisation du clivage Nord-Sud... même si, là encore, les crises liées à des scandales de corruption qu’ont connues dans les années récentes Naples, Rome ou encore Milan et Venise en ternissent l'image. Par ailleurs, les conflits de compétence entre l'État et les régions, déjà nombreux autrefois, se sont accentués.
Crise de la solidarité et néorégionalisme
Surtout, pour dynamique qu'elle soit, cette décentralisation reste elle-même fortement déterminée par les inégalités de richesse et la problématique des rapports Nord-Sud. En effet, le maillage régional issu de 1948, dont la réforme constitutionnelle de 2001 n'a pas retouché les contours, écrêtait initialement les contrastes de richesse[...]
La suite de cet article est accessible aux abonnés
- Des contenus variés, complets et fiables
- Accessible sur tous les écrans
- Pas de publicité
Déjà abonné ? Se connecter
Écrit par
- Dominique RIVIÈRE : professeure de géographie à l'université Paris-VII-Denis-Diderot
Classification
Médias