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PERLMAN ITZHAK (1945- )

Une personnalité éclectique

Disposant d'une voix de basse bien timbrée, Perlman va jusqu'à participer à l'enregistrement de Tosca de Puccini que réalise en 1980 James Levine à la tête du Philharmonia Orchestra (rôle du Geôlier, aux côtés de Plácido Domingo et de Renata Scotto), et il se fait conteur dans Pierre et le loup de Prokofiev. En 1996, il apparaît, jouant son propre rôle, dans le film de Woody Allen Every One Says I Love You (Tout le monde dit I Love You). Il est le soliste de la partition – oscar de la meilleure musique de film – que compose John Williams pour le film de Steven Spielberg Schindler's List (La Liste de Schindler, 1993) et il peut être entendu, en compagnie de Yo-Yo Ma, dans Memoirs of a Geisha de Rob Marshall (Les Mémoires d'une Geisha, 2005), dont la musique a également été composée par John Williams. De très nombreux Grammy Awards ont consacré sa réputation. À partir de 1999, il donne des cours à la Juilliard School. Attiré par la direction d'orchestre, il est, de 2001 à 2005, premier chef invité de l'Orchestre symphonique de Detroit et, de 2002 à 2004, conseiller musical de l'Orchestre symphonique de Saint Louis. Itzhak Perlman a créé les concertos pour violon et orchestre d'Earl Kim (1979) et de Robert Starer (1981). Il a joué sur quelques instruments précieux, parmi lesquels un Guarneri del Gesù de 1743 – le « Sauret » –, un Bergonzi ayant appartenu à Fritz Kreisler, ainsi que plusieurs Stradivarius : le « Sinsheimer » (ou « General Kyd ») de 1714, l'« Espagnol » de 1723 et le « Soil » de 1714, son instrument préféré, que lui a transmis Yehudi Menuhin.

Itzhak Perlman est un idéal virtuose dont la suprême élégance réside dans la dissimulation de toute trace d'effort et de tension derrière une libre respiration musicale et un phrasé d'une naturelle aisance. Une sonorité charmeuse, une expression pudique qui jamais ne force la voix et un jeu d'une sobriété rare en font l'un des plus parfaits stylistes de sa génération. Sa gigantesque discographie dépasse le volume, déjà considérable, atteint par celles de Jascha Heifetz, Yehudi Menuhin et David Oïstrakh. Elle fait la part belle à ces miniatures, transcriptions et pièces de genre, qu'il distille avec un chic digne de Kreisler lui-même. Son répertoire s'étend de Bach aux œuvres qui ont marqué le début du xxe siècle. Il montre une prédilection certaine pour le néo-romantisme finissant (les concertos pour violon de Julius Conus, Karl Goldmark, Erich Wolfgang Korngold, Christian Sinding, Henri Vieuxtemps) qu'affectionnait tant Jascha Heifetz, l'idole de toute une génération. Il a gravé le concerto pour violon de Tchaïkovski avec Alfred Wallenstein, Erich Leinsdorf, Eugene Ormandy et Zubin Mehta. Cet art rayonnant qui équilibre spontanéité et maîtrise trouve son accomplissement dans les concertos pour violon de Beethoven et de Brahms, enregistrés sous la direction de Carlo Maria Giulini (avec le Philharmonia Orchestra, 1980, et l'Orchestre symphonique de Chicago, 1976, respectivement ; collection Great Recordings of the Century de E.M.I.), et qui comptent parmi les plus durables références. De Beethoven toujours, il a donné une intégrale des sonates pour violon et piano (avec Vladimir Ashkenazy, 1973-1975) ainsi qu'une autre des trios pour piano, violon et violoncelle (avec Vladimir Ashkenazy et Lynn Harrell) qui tutoient les sommets de l'histoire du disque.

— Pierre BRETON

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Itzhak Perlman et Pinchas Zukerman - crédits : Hiroyuki Ito/ Hulton Archive/ Getty Images

Itzhak Perlman et Pinchas Zukerman