ALBRIGHT IVAN LE LORRAINE (1897-1983)
Peintre américain, Ivan Albright s'inscrit dans une tendance de l'art américain que l'on a appelée le « réalisme magique ». Il est le fils du peintre Adam Emery Albright, qui fut lui-même un élève de Thomas Eakins, célèbre représentant de la tradition réaliste américaine. Certains artistes travaillant dans les années 1930, au moment de la crise économique et sociale, semblent en effet avoir refusé l'engagement social (celui de Ben Shahn) ou le travail purement formel (Stuart Davis) et ont opté pour la fuite dans un univers plastique presque onirique. Comme Dalí, ils veulent, d'une part, donner à l'image une évidence photographique et, d'autre part, faire glisser la représentation vers une irrationalité accrue. Cette fusion de réel et de fantastique apparaît dans l'œuvre de Peter Blume, de Louis Guglielmi et d'Albright. Ce dernier, en adoptant une technique hyperréaliste, couvre toute la toile d'innombrables détails qui réduisent le champ visuel à un même dénominateur onirique. Dans Ce que j'aurais dû faire et n'ai pas fait (Art Institute, Chicago, 1931-1941) les éléments figuratifs principaux se trouvent, par leur agencement particulier, transposés dans une ambiance parallèle et étrange qui détruit toute notion de réalisme. Obsédé par la mort, les chairs en décomposition, il peint dans cette veine Le Portrait de Dorian Gray (1943-1944) pour le film du même nom. Le peintre Jean Dubuffet s'est d'ailleurs intéressé à cet aspect de son œuvre.
Au cours des années 1940 et 1950, d'autres artistes tels que George Tooker et Andrew Wyeth continuent de travailler dans cette direction, en diversifiant toutefois leur approche.
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Écrit par
- Charles SALA : professeur d'histoire de l'art à l'université de Paris-Ouest-Nanterre-La Défense
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