GALAMIAN IVAN ALEXANDER (1902-1981)
L'évolution de l'interprétation, du style ou de la technique instrumentale est souvent le fait d'hommes qui restent dans l'ombre, révélant les talents, les guidant à chaque étape de leur carrière et les aidant à livrer le meilleur d'eux-mêmes. Au-delà de la simple attitude pédagogique, ces hommes font figure de chefs d'école et leur nom reste inscrit dans l'histoire de la musique au travers de ceux qui ont transmis leur message.
Ivan Galamian était l'un d'eux. Véritable fondateur d'école, il a marqué les violonistes de la seconde moitié du xxe siècle au même titre que Joseph Joachim en Allemagne, Leopold Auer en Russie ou Eugène Ysaÿe en Belgique à la fin du xixe siècle et au début du xxe. Né dans une famille arménienne, il voit le jour à Tabriz, dans l'Empire perse, le 5 février 1902. Très jeune, il étudie le violon avec Konstantin Mostras à l'école de la Société philharmonique de Moscou (1916-1922). Il vient ensuite à Paris, où il travaille, en privé, avec Lucien Capet, le fondateur du fameux quatuor à cordes et l'un des chefs de file de l'école française de violon. Il reste deux ans son disciple (1923 et 1924) et fait alors ses débuts dans la capitale française en 1924. Aussitôt, il commence à enseigner, au Conservatoire Rachmaninov (1925-1939) et à l'École normale de musique (1936-1939). Pendant quelques années, il mène une carrière de concertiste, essentiellement en France et en Allemagne. Il séjourne aux États-Unis dès le début des années 1930 et s'y fixe à la déclaration de guerre.
Sa grande carrière de pédagogue ne débute qu'en 1944 lorsqu'il est nommé professeur au Curtis Institute de Philadelphie. Deux ans plus tard, il prend en charge la classe de violon de la Juilliard School de New York, enseignant ainsi dans les deux établissements les plus réputés des États-Unis. Dès lors, sa carrière de concertiste est terminée. L'été, il donne des cours à la Meadowmount School of Music qu'il fonde à Westport en 1944. Il devient docteur honoraire en musique de plusieurs établissements (Curtis Institute de Philadelphie, en 1954, Oberlin College, en 1966, Cleveland Institute of Music, en 1968) et membre honoraire de la Royal Academy of Music de Londres en 1965. Il meurt à New York le 14 avril 1981.
Son enseignement repose sur une approche minutieuse de la personnalité de chacun. Il refuse d'appliquer des principes uniformes ou des règles rigoureuses. Sa technique est issue des deux grandes écoles du violon qui l'ont formé : l'école russe et l'école française. C'est une synthèse enrichie par la réflexion et l'expérience de plus d'un demi-siècle d'enseignement. Le geste est à la base de tout dans l'acte violonistique. Il faut donc le contrôler parfaitement, intellectuellement, pour le mettre au service de la démarche artistique. Galamian cherche à mettre en lumière l'analogie qui existe entre la phrase musicale et le geste qui la crée. Les notes d'un même coup d'archet prennent leur indépendance au sein d'une même ligne mélodique et, inversement, les différents coups d'archet nécessaires à l'exécution d'une phrase se relient entre eux, formant un tout : de la pulsation à la continuité, le geste crée un langage plus vrai, plus proche du texte.
Parmi les élèves de Galamian, on compte Itzhak Perlman, Pinchas Zukerman, Erick Friedman, Jaime Laredo, Paul Zukofsky, Michael Rabin... La plupart des violons solos des grands orchestres américains ont été ses disciples et diffusent son enseignement au sein de ces formations.
Galamian possédait un violon particulièrement précieux, signé Niccolo Amati (1680) et surnommé l'ex-Walton.
Il a publié, avec Elizabeth A. H. Green, Principles of Violin Playing and Teaching, 1962, 2e éd. rev. 1985.
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Écrit par
- Alain PÂRIS : chef d'orchestre, musicologue, producteur à Radio-France
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