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GONTCHAROV IVAN ALEXANDROVITCH (1812-1891)

Homme ironique et lucide, esprit curieux et accueillant, Gontcharov est le fondateur de la grande tradition réaliste russe. Son sens aigu de l'observation, la vivacité de ses dialogues, comme le souci moral qui domine son œuvre ou la démarche patiente qu'elle suit, ont établi un climat romanesque que l'on retrouve par la suite dans des œuvres soviétiques. Fondateur d'une tradition, Gontcharov n'en garde pas moins une situation unique dans une littérature dominée par le mysticisme et le messianisme, et au sein de laquelle il demeure le représentant d'un réalisme rationnel. Sa vie, son milieu, sa forme d'esprit donnent à son destin une courbe exemplaire où se retrouve l'histoire du pays qui fut le sien.

Un destin exemplaire

Ivan Alexandrovitch Gontcharov naît au printemps de l'invasion napoléonienne, qui aura pour la Russie une importance décisive. Le mouvement qui porte jusqu'à Moscou les armées de l'Empereur, puis jusqu'à Paris celles du Tsar, aura pour effet de détruire les structures et les modes de pensée traditionnels. La Sainte Russie traverse une crise qui se reflétera dans le malaise d'une génération brillante, crise et malaise dont Gontcharov, qui en fut la victime, deviendra le chroniqueur et le romancier.

Il vint au monde sur les bords de la Volga, à Simbirsk, centre agricole et administratif, éloigné des capitales occidentalisées, et dans une famille de « marchands » : son père, négociant en grain, jouissait dans la ville d'un prestige certain, puisqu'il fut par deux fois porté à des fonctions analogues à celles de président du Conseil municipal. C'est dire que Gontcharov appartenait à cette classe qui, partout en Europe, à l'exception de la Russie, depuis un siècle ou plusieurs décennies, avait assuré la relève de la noblesse. On pourrait donner une image schématique de l'œuvre en définissant ainsi le propos central : une bourgeoisie russe est-elle possible et à quel prix ? Son grand mérite est d'avoir compris que la révolution, qui ailleurs avait été politique et sociale, prendrait en Russie la forme d'une crise de civilisation.

Ayant perdu son père alors qu'il n'avait que sept ans, Gontcharov est élevé par sa mère et par son parrain Trégoubov qui, officier de marine issu de la noblesse, homme d'une grande culture, donnera à l'enfant le goût des voyages et des livres. Envoyé d'abord, en 1822, à l'École commerciale de Moscou, Gontcharov entre, en 1831, à l'université de cette ville, et s'inscrit à la faculté des lettres que fréquentent à la même époque Biélinski, Tourguéniev, Herzen et Lermontov. En 1835, il est nommé au ministère des Finances, à Pétersbourg ; il deviendra plus tard censeur, et restera toute sa vie fonctionnaire. Son œuvre, qu'il entreprend dès sa nomination à Pétersbourg, progresse très lentement. Elle comprend trois parties distinctes : les récits du début, Une bien heureuse erreur (Sčastlivaj́a ošibka), etc. ; les articles critiques écrits à la fin de sa vie ; l'essentiel étant les trois romans : Une histoire ordinaire (Obyknovennaja istorija, 1848), Oblomov(1859), La Falaise (Obryv, 1869), et un admirable récit de voyage en deux volumes, Fregat Pallada (1848-1849).

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  • OBLOMOV, Ivan Gontcharov - Fiche de lecture

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    Avec Oblomov (de oblom, « cassure », ou oblomok, « tesson », « débris »), Ivan Alexandrovitch Gontcharov (1812-1891), l'un des fondateurs du roman réaliste russe, crée un personnage de paresseux à qui sa démesure confère bientôt l'ampleur d'un mythe littéraire universel. Publiée en 1859,...