IVAN III LE GRAND (1440-1505) grand-prince de Moscou (1462-1505)
Grand-prince en 1462, Ivan hérite de son père, Basile II, non seulement son titre mais aussi un domaine princier (oudel), suffisamment important pour lui assurer la suprématie sur ses frères, dont les territoires seront presque tous annexés durant le règne. L'unification de la Russie du Nord-Est sous l'égide de Moscou progresse rapidement : la fin de l'indépendance de Novgorod (1478) quadruple la superficie de l'État moscovite et repousse ses frontières jusqu'à la Baltique, la mer Blanche et l'Oural ; l'annexion de la grande-principauté de Tver, en 1485, met fin au seul centre politique qui se fût montré capable de rivaliser durablement avec Moscou. Plus à l'ouest, des guerres contre l'État polono-lituanien (1492-1503) permettent à Ivan III d'annexer d'importants territoires russes, et même ukrainiens : la vallée supérieure du Dniepr, tout le cours de l'Oka et celui de la Desna jusqu'à Techernigov. Le reste des terres russes n'échappent que difficilement à la mainmise moscovite. En 1480, le khān Aḥmad doit renoncer à faire payer à Ivan III le tribut que ses prédécesseurs versaient à la Horde d'or. Ivan III réussit à imposer au khānat de Kazan' un protectorat de 1487 à 1505 ; avec celui de Crimée, il conclut une solide alliance dirigée contre l'État polono-lituanien. Pour compléter l'encerclement de celui-ci, il établit des relations plus ou moins durables avec la Moldavie, la Hongrie, le Saint-Empire ; avec le Danemark, il s'allie contre la Suède.
Sur le plan intérieur, le règne d'Ivan III voit apparaître l'embryon d'une administration étatique, ce qui entraîne le développement d'une nouvelle classe de serviteurs princiers, choisis en dehors de la noblesse terrienne héréditaire et dotés d'une terre à titre précaire. Cette politique provoque, à son tour, une aggravation de la condition paysanne. En revanche, les tentatives faites par Ivan III pour restreindre l'importance des terres ecclésiastiques n'aboutissent à aucun résultat sensible. Enfin, la disparition du joug mongol, l'unification quasiment totale de la Russie (bien plus que le mariage conclu en 1472 par Ivan III avec Sophie Paléologue) entraînent une prise de conscience politique : l'idée d'une monarchie de droit divin, héritière de Byzance, se répand dans les milieux ecclésiastiques et politiques. Ivan III s'intitule grand-prince de toutes les Russies, parfois même tsar. Cette nouvelle conception politique trouve son expression architecturale dans les monuments édifiés par Ivan III à Moscou : l'actuelle cathédrale de l'Assomption, la basilique de l'Annonciation, le Palais aux facettes et l'enceinte en brique du Kremlin.
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Écrit par
- Wladimir VODOFF : directeur d'études à l'École pratique des hautes études
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