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LEONIDOV IVAN (1902-1959)

On ne peut pas parler de l'architecture soviétique des années 1920 sans évoquer le nom d'Ivan Leonidov. Après avoir suivi l'« école de quatre ans », ce fils de paysans travaille comme manœuvre sur les chantiers navals de Petrograd. La révolution lui permet d'accéder aux ateliers artistiques de Tver en 1920. En 1921, il entre au Vkhoutemas ; le département d'architecture est alors dirigé par Alexandre Vesnine qui aura une grande influence sur lui. C'est à partir de ce moment que Leonidov commence une carrière d'architecte dans laquelle on peut distinguer plusieurs étapes. De 1920 à 1926, c'est la période « constructiviste » : Leonidov s'allie au groupe de l'O.C.A. (Union des architectes contemporains) pour lequel les solutions fonctionnelles en architecture sont primordiales ; en 1926, il présente un projet pour la typographie des Izvestia. De 1927 à 1930, c'est une période d'intense activité créatrice pendant laquelle Leonidov trouve sa propre voie : en 1927, il donne un projet pour l'institut Lénine (Institut des sciences bibliographiques) et s'impose comme un des maîtres de l'avant-garde internationale. « Le matériau : verre, métal, béton armé ; le but : répondre aux exigences de la vie en utilisant au maximum les possibilités de la technique », telle est la définition que donne Leonidov de son projet. Le bâtiment doit présenter une interrelation étroite entre la composition architecturale et la fonction qu'on lui assigne. En 1928, il exécute deux nouveaux projets : un « club d'un type social nouveau », qui doit permettre le développement harmonieux de l'individu et donner une réponse spatiale aux activités du club ; le second projet est celui du Centrosojuz (Centrale des coopératives), qui sera finalement réalisé par Le Corbusier en 1930. Cette même année, Leonidov s'affirme comme urbaniste avec son projet pour « la ville socialiste de Magnitogorsk ». Dépassant les querelles des « urbanistes » et des « désurbanistes », il propose l'organisation d'une ville linéaire dans laquelle nature et bâtiments s'interpénétreraient de façon harmonieuse : « La ville socialiste, écrit-il, ce n'est pas l'ancienne ville, fruit du développement spontané, une ville faite de quartiers détachés de la nature, reliés d'une manière accidentelle aux centres de production et qui, par sa monotonie, déprime l'homme [...]. L'habitation et le lieu de travail, les lieux de repos et de culture doivent être liés en un tout organique » (Revue de l'architecture contemporaine, no 3, 1930). Le projet pour le Palais de la culture, présenté la même année, lui permet de définir sa conception de l'aménagement de tout un quartier comme « centre de complexes culturels et sportifs ». Mais bientôt, en raison de l'évolution politique et idéologique des années 1930, Leonidov se verra violemment critiqué par les épigones du réalisme socialiste triomphant. C'est le règne du « monumentalisme », de la stylisation archaïque, que l'on définit comme la « véritable architecture prolétarienne ». Leonidov, comme de nombreux autres architectes d'avant-garde, est critiqué pour ses « tendances bourgeoises ». Un des leaders de la V.O.P.R.A. (Union des architectes prolétariens, fondée en 1929), Mordvinov, dénonce le « sabotage » de Leonidov dans la revue L'Art dans les masses (Iskusstvo v masse) sous le titre « De la léonidoverie et de ses méfaits » (« Leonidovščina i eë vred »). À partir de 1934, Leonidov disparaît, comme Melnikov, de l'histoire de l'architecture. Après une dernière réalisation en 1937, il participe à la Maison de vacances et de repos Ordjonikidze à Kislovodsk en Crimée, œuvre achevée par Guinzbourg, et n'exécute plus que des tâches mineures, en particulier[...]

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Écrit par

  • : architecte honoraire, professeur à l'université de Paris-VIII

Classification

Autres références

  • CONSTRUCTIVISME

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    • 3 373 mots
    • 2 médias
    ...réalité est bien plus modeste que les rêves dessinés ; seuls les « clubs des travailleurs » et quelques constructions de prestige sont réalisés. Les noms de Leonidov, des frères Vesnine (projet pour la Pravda de Moscou), de Nikolaiev et Melnikov illustrent cette floraison inattendue de créateurs. Ce dernier...