MAŽURANIĆ IVAN (1814-1890)
Mažuranić fut autant un poète qu'un homme politique influent. Son œuvre et son action ont marqué la lutte croate pour l'indépendance et la personnalité nationales.
En même temps qu'il gravissait les échelons qui firent de lui, en 1873, le ban de Croatie (titre politique suprême), sa poésie renouvelait à la fois l'inspiration et les formes esthétiques des lettres de son pays. On peut considérer La Mort de Smail-aga Čengić non seulement comme l'apogée du genre épique en Croatie mais aussi comme l'une des œuvres qui ont célébré avec le plus de tragique, de chaleur humaine et d'espérance, le combat du peuple contre la tyrannie.
La recherche d'une forme esthétique
Né à Novi, sur le littoral de Croatie, Ivan Mažuranić y fit ses études primaires en allemand, et ses études secondaires en latin au lycée de Rijeka. À Zagreb, il étudia la philosophie et se lia avec le mouvement de Gaj dont l'idéal répondait à son patriotisme jusque-là refoulé. Des études de droit, après quelques années de professorat, le menèrent à Karlovac comme juriste ; s'ouvrit alors pour lui une brillante carrière politique qui ne prit fin qu'en 1880, année où le politicien-poète se retira à Zagreb pour se consacrer, jusqu'à sa mort, à l'astronomie et aux mathématiques.
L'œuvre littéraire de Mažuranić est liée au mouvement national progressiste croate connu sous le nom de mouvement illyrien. La volonté d'indépendance, le patriotisme, l'esprit du peuple, la quête de formes nouvelles d'expression, culturelle et surtout littéraire, figuraient au premier plan. Fallait-il développer ces thèmes en s'inspirant du chant populaire ou du romantisme occidental ? Mažuranić résolut ce dilemme par un compromis. Il serait le disciple spirituel de la poésie populaire croate et de la littérature classique latine, de la littérature ragusaine, des classiques italiens et des romantiques occidentaux.
On peut diviser son œuvre en trois parties : les travaux d'avant la rencontre de Gundulić, l'ouvrage sur l'Osman et la composition de La Mort de Smail-aga Čengić (Smrt Smail-age Čengića). Lancé assez tôt dans le mouvement illyrien en collaborant à la revue Danica de Gaj, Mažuranić se caractérise, dans la première phase de sa production, par une recherche de solutions aux problèmes techniques et idéologiques de l'écrivain. Il continua de se nourrir de la poésie lyrique classique et moderne occidentale et de la poésie populaire. Ensuite, il se consacra à l'Osman de Gundulić. Mažuranić écrivit les chants XIV et XV qui manquaient à cette épopée du xviie siècle, complétant ainsi l'Osman d'une manière telle qu'on ne trouve aucune différence entre ses textes et le reste de l'ouvrage. Il avait pénétré dans l'esprit et l'expression d'Ivan Gundulić et n'utilisait pas un mot que celui-ci n'eût connu. Imitateur et pasticheur, Mažuranić fit ainsi ses classes en maîtrise poétique. L'Osman, complété, fut publié en 1844, et le succès de Mažuranić fut énorme.
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Écrit par
- Milivoje PEJOVIC : docteur d'État ès lettres
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